QUENTIN LAGONZA – Quentin Lagonza
Formé en 2005, Quentin Lagonza aurait pu voir le jour en 1970, tant le son vintage de cet album sobrement intitulé « Quentin Lagonza » nous replonge dans ces années-là. Le nom du groupe possédant une résonance à la fois française et espagnole, on ne s’attend pas à ce qu’il débarque du Grand Duché de Luxembourg. Constitué par un line up classique (chant, guitare, basse, batterie), Quentin Lagonza s’est pourtant déjà taillé une bonne réputation par ses prestations live dans son pays et dans les régions limitrophes et pratique un rock début seventies, inspiré par Blue Cheer, le Black Sabbath et le UFO des premières années, des Stooges aussi, sans oublier une référence au grunge. C’est efficace et on se croirait réellement dans les early seventies tant la production a véritablement réussi à coller à l’époque, au niveau du son et du rendu général parfaitement adéquat aux early seventies.
Constituée par deux excellents musiciens, Serge Hilbert à la basse et Tom Merjai à la batterie, la section rythmique est impeccable et forme une solide base pour la guitare et le chant. La guitare affiche donc un son d’époque, avec fuzz. Essentiellement rythmique et délivrant peu de soli, le guitariste Joscha Merjai assure correctement, mais l’on sent parfois ses limites dans les soli (« 100 years »), et l’on se prend à penser qu’un deuxième guitariste, soliste en l’occurrence, pourrait apporter sa pierre à l’édifice en donnant encore plus de puissance au groupe. Cela étant, l’album reste toujours dynamique et dense. Les 10 titres se suivent sur plus de 59 minutes, 5 titres sur 10 dépassant les 6 minutes, laissant ainsi la place à des changements de rythme et donnant l’impression de pouvoir générer des quasi-improvisations, autre signe typique de la fin des années ‘60 et début ‘70.
Le chant est sincère, varié et convaincant (« Dead City », « No Compromise » par exemple), mais manque parfois d’assurance et de justesse dans certains morceaux, tels « Time’s Running Fast » ou « Over again ». Le timbre de la voix du chanteur Joé Ries rappelle parfois celle de Klaus Meine, période « Lonesome Crow ». « Lonely Sky Dimension » est par contre sans reproches au niveau du chant, titre en outre habillé par un orgue, joué par le bassiste, qui en pratique aussi dans « Empty Space » et « Dead City », décidément un des meilleurs titres de l’album. « Blackout » apporte sa touche grunge à l’ensemble, « Desert Ride » présente à mi-chemin de sa structure un break et ensuite une rythmique d’enfer avec une guitare wha wha bien en phase.
« Over again » commence en rappelant brièvement le « Mr Big » de Free, mais continue sur un tempo plus enlevé, qui n’est pas sans rappeler Black Sabbath. « Silent Together », qui clôture l’album, pourrait bien constituer un point d’orgue dans leurs concerts, avec une bonne finale et démontre que Quentin Lagonza est aussi et surtout un groupe live. On pourrait reprocher à l’album d’afficher une certaine linéarité, au niveau de la tonalité générale, et un titre acoustique et un voire deux morceaux plus lents y auraient apporté plus de relief. Ceci dit, quand Quentin Lagonza aura réglé ses quelques problèmes de chant et de guitare solo, il sera difficile d’y résister.
En résumé, « Quentin Lagonza » s’adresse évidemment aux nostalgiques du rock couillu circa 1970, dans un package comprenant le son d’époque. Si Blue Cheer et les premiers albums de Mountain, Black Sabbath, UFO ou Nirvana vous ont fait frissonner ou vous procurent toujours des jouissances auditives, Quentin Lagonza mérite largement que vous y jetiez une oreille.
Musiciens :
- Joé Ries – chant
- Joscha Merjai – guitare
- Serge Hilbert – basse et orgue
- Tom Merjai – batterie
Liste des morceaux:
- 100 years 5:12
- Time’s Running Fast 5:24
- Blackout 3:37
- Desert Ride 7:15
- Lonely Sky Dimension 8:30
- Over Again 6:31
- Empty Space 6:09
- No Compromise 4:26
- Dead City 5:34
- Silent Together 6:58
Pays: LU
The Finest Noise
Sortie: 2008/11/14