A CAMP – Colonia

Les Cardigans entre parenthèses pour une durée indéterminée (le dernier album, « Super Extra Gravity » date de 2005, suivi d’un best of l’année dernière), Nina Persson s’occupe comme elle le peut. Elle a d’abord chanté sur le single « Your Love Alone Is Not Enough » de Manic Street Preachers avant de ressusciter son projet parallèle, A Camp, avec qui elle avait enregistré un album éponyme en 2001.

Il lui a d’ailleurs été très difficile de lui envisager un successeur, vu qu’elle le considère comme un album abouti, notamment grâce à la production de Mark Linkous, la tête pensante de Sparklehorse. Il ne fallait donc pas qu’il lui ressemble trop, pas plus qu’à un album des Cardigans. C’était là l’objectif avoué de la chanteuse. Et en fait, cela résume assez bien tout le casse-tête inhérent à un projet parallèle.

Cela démarre de la meilleure manière qui soit avec « The Crowning ». Quelques notes au piano, suivies de la voix de Nina Persson qui arrive après seulement une poignée de secondes. Une voix calme et posée, limite enfantine. D’ailleurs, l’atmosphère de ce morceau d’intro ressemble à un conte de fées. On ferme les yeux et on aperçoit des princesses au générique d’un dessin animé. Suit le single actuel, « Stronger Than Jesus », mais on est loin d’une cantique religieuse. Au contraire, on se régale grâce aux arrangements délicats, qui prennent une ampleur majestueuse sur « Love Has Left The Room », à mon sens le meilleur extrait de l’album.

Le projet s’articule autour des multi instrumentistes Niclas Frisk et Nathan Larson (qui a un temps été guitariste de Shudder To Think et qui est aussi le mari de la belle), auxquels viennent s’ajouter une pléiade d’invités. Et pas des moindres… Mark Linkous est bien entendu de la partie, mais uniquement pour donner un coup de slide guitar sur « The Weed Had Got There First » (la production est assurée par le groupe cette fois-ci). On retrouve aussi Nicolai Dunger qui vient donner de la voix sur l’excellent « Golden Teeth And Silver Medals » (un duo de voix parfait), ainsi que James Iha, l’ancien guitariste des Smashing Pumpkins, dont la guitare électrique illumine plusieurs compositions.

Evidemment, tout n’est pas parfait, on retrouve aussi des titres plus passe-partout comme « My America » ou « Here Are Many Wild Animals » (petite anecdote, l’inspiration pour la composition de cet album est venue suite à un safari en Afrique du Sud), mais la constance est la voix lumineuse de Nina Persson, qui s’adapte vraiment à tous les styles.

Moins pop guillerette que les Cardigans, moins intimiste que le premier essai, A Camp a donc rempli son objectif et peut se targuer d’avoir enregistré un bon album, équilibré et plein de maturité. Nina Persson semble dans la peau d’une femme épanouie…

Pays: SE
Reveal Records 50
Sortie: 2009/02/23