BULLETMONKS (The) – Weapons of mass destruction
Décidément, il se passe quelque chose en Allemagne. De l’autre côté du Rhin, quelques combos de hard rock ‘n’ roll ont décidé de renvoyer Tokio Hotel à la maternelle qu’ils n’auraient jamais dû quitter et de montrer à la face de la jeunesse teutonne ce qu’est le vrai rock ‘n’ roll. Certes, le mouvement n’est pas original. De partout, des groupes se réclamant d’AC/DC ou de Led zeppelin (Airbourne, The Answer) viennent faire main basse sur l’héritage laissé par les ancêtres pour les recycler en un gigantesque et éternel rock ‘n’ roll circus qui n’en finit pas de nous vriller la moelle épinière et de nous scalper les neurones à la base.
Venus de nulle part, les Bulletmonks créent la surprise en nous servant sur leur premier album « Weapons of mass destruction » un brouet puissant cueilli dans le jardin d’AC/DC, des Ramones, de Velvet Revolver, avec quelques senteurs stoner pour faire joli. Ces Bavarois ne font pas de quartier, n’inventent rien mais nous balancent en plein estomac une savoureuse décoction de riffs mâles enrichis en testostérone et de rythmiques carnassières qui vous fendillent le bulbe rachidien. Bref, Mötley Crüe en allemand, ça se dit Bulletmonks. Jawohl, Herr Hauptmann!
Dès le premier titre « No gain just pain », on sent les types prêts à jaillir, à faire tonner la philosophie de Rose Tattoo en plein milieu d’une bagarre de bar. « Under the black sun » réalise la sainte alliance entre le stoner et le hard rock eighties. « I am » charge toutes guitares dehors, comme s’il réveillait Soundgarden du sommeil éternel et le faisait bondir hors de son cimetière grunge. Aucune vulgarité dans cet album, que du riff tronçonné à vif avec des voix traitées au gravier. « Canned insanity » commet le mélange ultra-subtil entre Soundgarden et Rose Tattoo. Voilà, le mot est dit : les Bulletmonks ont une rage australienne mêlée à la puissance du grunge de Seattle. Enfin, mettez-y tous les noms et influences que vous voulez, ça s’appellera toujours du rock ‘n’ roll. Mais il y a rock ‘n’ roll et rock ‘n’ roll et en la matière, les Bulletmonks sont du bon côté du fusil.
Ne vous fiez donc pas à la couverture de l’album. L’escargot portant sur son dos une tourelle de char pourrait faire penser à de la lenteur associée à une puissance de feu moyenne (en effet, la tourelle du char serait plutôt du genre Matilda anglais modèle 1940, alors qu’une puissante tourelle de Tigre allemand modèle 1943 aurait été mieux indiquée), mais le tout est rapide et dévastateur. C’est un lièvre avec un bazooka qu’il aurait fallu dessiner.
Bref, ça bastonne comme à Chicago d’un bout à l’autre du disque, vous allez vous retrouver en petit slip dès la première écoute, alors un seul mot : tentez l’expérience.
Pays: DE
Napalm Records NPR 289
Sortie: 2009/03/27