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WOOD, Chris – Vulcan

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Chris Wood est un monument, c’était avant tout le saxophoniste de Traffic, il a co-écrit pas mal de titres du groupe. Il était l’âme métaphysique du groupe, le compositeur principal étant bien entendu Steve Winwood.

Winwood abandonnera temporairement Traffic en 1969 pour former avec Eric Clapton le supergroupe Blind Faith. Chris Wood en profitera après avoir joué avec Jimi Hendrix, sur « Electric Ladyland » (sur « 1983 »), pour rejoindre le projet Wooden Frog avec Dave Mason et Jim Capaldi (de Traffic) et Mick Weaver. Il tournera également avec Dr John, et fera partie avec sa compagne de l’époque, Jeanette Jacobs, du Ginger Baker’s Air Force, Ginger Baker ayant dû dire au revoir au projet Cream, Clapton parti avec Winwood dans le projet Blind Faith (tout se recoupe !). A la reformation de Traffic, Chris retrouvera évidemment sa place dans le groupe. Il jouera également (entre autres) sur « Autumn Stone » des Small Faces.

Chris restera dans Traffic jusqu’à la fin du groupe en 1975 et malheureusement sombrera dans l’alcool et la drogue pour décéder en 1983, à l’âge de 39 ans, d’une pneumonie.

« Vulcan » est l’album solo que Chris Wood avait projeté de réaliser, mais Steve Winwood et lui s’étant promis de ne pas sortir de projet solo tant que Traffic existerait, et Chris n’étant plus opérationnel que de façon trop aléatoire, par la suite, le projet n’a jamais vu le jour. De multiples bootlegs des enregistrements du bonhomme ont vu le jour, mais il aura fallu attendre 2008 et l’énergie d’Esoteric Recordings à qui la sœur de Chris, Stephanie Wood, confia les enregistrements de son frère, pour que l’album tant attendu sorte officiellement (malheureusement à titre posthume).

Et sous quelle forme ! Je pense que les fans de Traffic ne seront pas déçus ! Très belle couverture et surtout magnifique agencement des morceaux, Chris n’aurait probablement pas fait mieux s’il avait pu participer à la mise en forme de l’objet. Faut dire que la qualité du matériel mis à disposition par Chris est époustouflante !

Je ne vais pas vous énumérer la liste des musiciens figurant sur ce disque, résultat de sessions étagées sur plusieurs années. Je vais plutôt vous en retracer l’historique tout en le décrivant.

Vulcan est le nom donné à un corps céleste, supposé se trouver sur l’orbite de Mercure, décrit par l’astronome français Le Verrier (quand je disais que Chris était la composante métaphysique du groupe, Mr Fantasy, c’était lui !). Chris avait d’abord écrit deux morceaux avec l’aide du futur guitariste des Wailers, Junior Martin, et qu’il aurait voulu voir figurer sur un album de Traffic, il n’en fut rien. Il s’agissait de « Barbed Wire » et « Moonchild Vulcan » (écrits en 1972).

En 1975, à la fin de Traffic, Chris partagera son appartement londonien avec Pete Bonas, guitariste viré de Brand X parce qu’il jouait trop vite ! Ils enregistreront deux magnifiques plages uniquement guitare acoustique et flûte : « Letter One » et « Acoustic Barbed Wire ».

En 1976, il rencontre Phil Ramacon, claviériste avec lequel il partage une passion pour les compositeurs classiques Debussy et Ravel. Ils écriront et enregistreront ensemble les très atmosphériques « Birth of a Day » et « Indian Moonsoon ».

En 1977, il enregistre avec Jorge Spitteri, bassiste vénézuélien, « See No Man Girl », un morceau un peu afro-cubain, ambiance Santana, sauf que le saxo est en avant et non la guitare. Première touche d’exotisme.

Enfin en 1978, une jam avec Tyrone Downie claviériste des Wailers du grand Bob Marley, fera naître une version un peu reggae (forcément !) de « Moonchild Vulcan », autre note d’exotisme.

Voilà l’historique du matériel qui donnera naissance cette année à l’album, présenté comme suit :

  1. Moonchild Vulcan (façon reggae)
  2. See No Man Girl
  3. Letter One
  4. Indian Moonsoon
  5. Barbed Wire (acoustic) avec Pete Bonas
  6. Birth in a Day
  7. Sullen Moon (piano rythmé, saccadé à la Steve Winwood, forcément, c’est lui qui joue!)
  8. Barbed Wire (version Traffic: une autre dimension, très différente de l’acoustique)
  9. Wood’s Bolero (Moonchild Vulcan) (enregistré par Traffic en 1974 à l’Olympia)

Tout cela nous donne un magnifique patchwork, mais très cohérent, l’idée étant dès le début d’en faire un album. C’est chose faite, et de quelle manière. Un must pour les fans de Traffic et les amateurs de jazz en général. Seul regret : que le principal intéressé n’en ait jamais vu l’aboutissement, il ne l’aurait pas rêvé meilleur !

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2079
Sortie: 2008/10/27

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