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TUPOLEV – Memories of Björn Bolssen

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Tupolev est un groupe autrichien d’avant-garde peu connu basé à Vienne et qui jouait jusqu’à présent de la musique folk teintée de post rock mais « Memories of Björn Bolssen » est un album instrumental, mélange de musique classique, de musique expérimentale et de jazz, avec des moments d’improvisations, des samples électro et des bruitages. Il a été enregistré par le groupe lui-même, chose qui devient de plus en plus courante étant donné les moyens dont on dispose maintenant.

Les musiciens sont Peter Holy, apparemment le leader, qui joue du piano et se charge du mixage, Alexander Vatagin, qui joue de la guitare basse et du violoncelle, Lukas Scholler, qui se charge de l’électronique, et Paul Mohavedi, qui joue de la batterie et de la guitare. Il y a aussi l’un ou l’autre invité sur les quatre premiers titres.

Tout en ambiance feutrée, « 8.83 » est un morceau très lent conduit par le grand piano et où apparaissent Björn Bolssen , à qui cet album est dédié, et Bernhard Bauch sous forme de samples, tandis que « Reaset » fait la part belle aux percussions et aux effets électro. On y découvre le nouveau batteur, David Schweighart, qui doit avoir une formation jazz, et on entend la basse, bien mise en valeur, mais aussi des bruitages et des paroles lointaines probablement captées à la radio. Cela n’a rien de surprenant : à titre d’exemple, les Beatles et Pink Floyd l’ont fait quatre décades avant eux.

Le premier plat de résistance est « Garlic 07 », un autre morceau au tempo plus que lent d’inspiration classique complété par des samples et des bruitages savamment distillés tout au long d’une plage dont les instruments presque méconnaissables sont joués en catimini. Les parties jouées par le clarinettiste Jakob Rihs et au violoncelle par Arnold Haberl sont particulièrement belles mais se mettent au service de l’opus dans son ensemble. « Rnd2 » s’aventure plus du côté du jazz et fait diversion par sa puissance de jeu. On y entend notamment David Schweighart à la guitare mais ce sont les percussions, pourtant assez discrètes, qui marquent la transition avec le piano, joué de façon plus emphatique.

Joué le plus souvent au piano mais mettant en évidence le jeu très nuancé du batteur, « Mohavedi » est sans doute un hommage à celui-ci, qui jouait sur cet album mais ne figure plus dans le groupe pour les tournées. Mais ce n’est qu’une hypothèse : l’information n’est pas le point fort du groupe autrichien. Sur la lancée du morceau précédent, « Short Remainder » est en effet très court et sert surtout de transition.

Très lent, « A Scale of Gaps » traîne un peu en longueur mais est d’une très grande beauté. C’est le deuxième point fort de l’album. Il comporte aussi des bruits de conversations étouffées qui lui confèrent son caractère peu orthodoxe mais ce n’est pas là que réside l’originalité du groupe. C’est plutôt dans la fusion des genres mise en œuvre par des musiciens de grande qualité qui se lancent avec une certaine retenue dans des improvisations très réussies, notamment au niveau des percussions. On obtient ainsi un amalgame de sons inattendus issus du traitement électronique.

Très lent, « Nothing’s Gonna Happen » débute par des bruits difficiles à identifier qui annoncent le violoncelle, joué de façon remarquable, et qui dialogue avec le piano puis avec la basse, accompagné par les percussions. On entend la voix de Peter Holy l’espace d’un instant. Le très court « Fin » débute très lentement au piano et clôture en beauté ce travail d’orfèvre.

Album d’avant-garde complexe et très lent qui exige une disponibilité totale. Il comprend des moments d’une très grande beauté mais ils sont contrebalancés par ce rythme d’un autre temps que beaucoup trouveront monotone. C’est néanmoins une découverte à faire pour les amateurs de musique concrète qui échappe aux conventions du genre et font penser aux travaux de Karlheinz Stockhausen ou Pierre Boulez. Les voies du rock sont parfois parsemées de méandres.

Pays: AT
Valeot 002
Sortie: 2008/04

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