DIVINE BAZE ORCHESTRA (The) – Once We Were Born…
Cette formation suédoise au nom bizarre s’est progressivement constituée fin 2003 autour du guitariste Oliver Eek et du batteur Christian Eklöf. « Once We Were Born… », leur premier album, fut enregistré dans le dernier tiers de l’été 2007.
Ces jeunes musiciens avouent tous un intérêt marqué pour la musique d’une époque qu’ils n’ont pas connue et qui correspond plutôt à celle de leurs parents. Elle se situe à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Parmi leurs références citées que l’on retrouve le plus souvent sur cet album, il y a Uriah Heep, Deep Purple, les Zombies, Led Zeppelin, Black Sabbath, … ainsi que certains de leurs musiciens. A l’écoute, on peut ajouter Brian Auger, Focus, Argent et Russ Ballard, … et, parfois, plus fugacement, Jimi Hendrix, ZZ Top ou les Nice, …
En fait, à l’écoute, ce CD revêt plusieurs traits caractéristiques. Dans les premières plages, rien n’apparaît comme neuf, ni dans le ton ni dans la forme. On sent les influences extérieures à plein nez, même s’il faut reconnaître que tout est bien fichu et que certaines de leurs compositions auraient pu s’incorporer sans honte dans le répertoire d’origine de certains artistes cités plus haut. Par la suite, on sent progressivement une orientation plus personnelle, intéressante, tout en gardant un ton général vieux de quasiment quarante ans et peu rénové. Il n’empêche que, malgré ce sentiment d’avoir affaire à une vaste opération de recyclage, on demeure admiratif devant cet ensemble d’une qualité indéniable.
En outre, l’interprétation est excellente avec une palme particulière au chanteur principal, dont la voix, superbe et originale, se situe quelque part entre Ronnie James Dio (Rainbow, Black Sabbath, Dio), Klaus Meine (Scorpions) et Klaus Nomi. L’organiste, avec son gros son au charme désuet, apporte également un cachet et une couleur spécifique, qu’il complète par l’utilisation occasionnelle du mellotron. Il rappelle Ken Hensley, Jon Lord, Rod Argent, Thijs van Leer, …. Le guitariste n’est pas manchot et nourrit certains titres de quelques solos pas piqués des vers. Il apparaît à l’aise dans de nombreux styles qu’il entremêle ou superpose si nécessaire, naviguant du Progressif au Blues en passant par le Hard et le Jazz. Le batteur est nerveux mais fin et précis, plus Jazz, dans la droite ligne de Pierre van der Linden (Focus). Le bassiste tient bien son rôle.
Plus en détail,
« Dance » est le plus clairement typé ; en fait, un clone des meilleurs titres de Uriah Heep. Il ravira leurs fans de la première heure, qui devront absolument l’entendre. A l’orgue, on croirait entendre un Ken Hensley inspiré et en superforme. Même les chœurs, déjà un peu ridicule à l’époque, semblent sortis du même tonneau. Et, Sacrilège ! Au chant, Alexander Frisborg apparaît encore supérieur à David Byron.
Après cette petite bombe, la qualité ne diminue pas avec un titre plus Jazzy, « Choose your Green », plus marqué instrumentalement par Focus, malgré quelques teintes digne de Black Sabbath. Le chant atteint ici l’exceptionnel.
Avec des traces de ZZ Top, Jimi Hendrix et Argent, « Trota di Mare » reste tout aussi magistral. Quel chanteur ! Le solo de guitare est splendide et l’orgue couvre en léger retrait.
« Orange and Turquoise » pénètre un autre registre, le Blues Boom anglais, genre Fleetwood Mac. Jolies parties d’orgue et pétillant solo de guitare pimentent une pièce en général plus trainante. « In Search » prolonge le mouvement, mais en pompant plutôt chez le Led Zeppelin des débuts.
« Little Man » hésite entre Uriah Heep et les Nice. L’orgue pilote. D’un côté, il domine par des interventions écrasantes avec l’aide de la guitare qui offre à nouveau un solo décapant. De l’autre, il laisse le chanteur exprimer tout son talent dans des parties plus fines. Du début à la fin, le batteur accomplit un travail impressionnant.
« The Person » conserve une certaine lourdeur, entretenue par la guitare et la basse. Là-dessus, l’orgue se rappelle au bon souvenir de Jon Lord. Le chanteur attire toujours autant l’attention.
« The Man from my Mother’s Brother », « Closing the Circle » et « Burned by the Sun » auraient pu fusionner. L’ensemble est varié, bien construit, parfois complexe. La personnalité du groupe s’affirme, grâce aussi à ce chanteur incomparable et de plus en plus inoubliable dans ses prouesses vocales. L’orgue mène toujours le mouvement avec une guitare qui s’impose à l’occasion, sans jamais trop insister. La basse devient ici bien présente et épaisse. Le jeu du batteur est attrayant : rapide, nerveux, sec et précis.
En conclusion, The divine Baze Orchestra devrait avoir un avenir radieux devant lui. Ils savent composer et arranger, ils manient leurs instruments avec art, ils ont bien appris chez leurs ainés et ils possèdent en ce chanteur remarquable l’élément qui pourrait faire la différence. Il est d’ailleurs surprenant de constater que le fabuleux Alexander Frisborg est le seul à afficher de la première à la dernière minute une vraie personnalité. « Once We Were Born… » est un album à ne pas rater. On sent le début de quelque chose d’encore plus grand.
Les titres (52’59) :
- « Dance » (5’48)
- « Choose your Green » (3’53)
- « Trota di Mare » (4’30)
- « Orange and Turquoise » (6’05)
- « In Search » (4’15)
- « Little Man » (4’19)
- « The Person » (6’05)
- « The Man from my Mother’s Brother » (6’21)
- « Closing the Circle » (4’04)
- « Burned by the Sun » (7’33)
Le groupe :
- Oliver Eek : Guitares, Chœurs & Chant (4)
- Christian Eklöf : Batterie & Percussion
- Daniel Karlsson : Orgue & Mellotron
- Tobias Petterson : Basse & Chœurs
- Alexander Frisborg : Chant, Tambourin & Guitare Rythmique (2, 7)
Pays: SE
Record Heaven / Transubstans Records TRANS036
Sortie: 2008/01/15