HAMILL, Claire – The Minor Fall, The Major Lift
Ce double compilation sous-titrée « The Best Of Josephine Claire Hamill » retrace la carrière de cette folk-singer anglaise qui a débuté en 1971 avec l’album « One House Left Standing ». Même si elle est progressivement tombée dans l’anonymat, Claire Hamill a malgré tout continué sa carrière dans les années 80 avant une accalmie durant les 90s et un retour en ce début de 21e siècle. Pour preuve, son dernier album est sorti en 2003. Il s’intitule « The Lost and the Lovers ».
Sa carrière est ici retracée par ordre chronologique avec, sur la première rondelle, quatre chansons de chacun de ses cinq premiers albums. On sent bien son évolution progressive. Sur son premier opus, l’influence d’une Joan Baez se ressent dans la voix. Les morceaux sont très folk et dépouillés niveau arrangements. Cela met bien en évidence sa voix cristalline. Le plus souvent elle s’accompagne de sa guitare acoustique. Sur « Baseball Blues », ses tons tirent vers Marianne Faithfull avant que l’ambiance ne glisse en plein New Orleans.
Avec « October » sorti en 1972, on sent un glissement un peu plus pop avec des arrangements plus fouillés et accrocheurs. Mais tout cela reste quand même bien folk. Il faut dire aussi qu’ici elle travaille avec Paul Samwell-Smith qui s’était aussi occupé de Carly Simon. On sent aussi que Claire Hamill a dû être une des influences de Kate Bush. En 1974, elle signe sur le label Konk de Ray Davies pour sortir « Stage Door Johnnies ». Elle écrit alors ses chansons au piano plutôt qu’à la guitare. Du coup les couleurs diffèrent et elle y est moins pop ce qui lui est plutôt bénéfique. Après cet opus, elle part pour les Etats-Unis où ABC lui donne les moyens de former un groupe pour tourner, ce sera son premier groupe. En 1975, au retour de cette tournée, elle enregistre « Abacadabra » qu’elle produira elle-même, toujours pour le label de Ray Davies. Malheureusement, il sort en pleine période punk et ses « gentilles » chansons (c’est elle qui le dit!) ne font pas le poids. Elle travaille alors un peu pour Wishbone Ash tant en écriture qu’en backing vocals. Elle rencontre ensuite Nick Austin, le patron du label Beggars Banquet. Ils se marient en 1980.
Son mari devient aussi son manager. Le nouvel album est sur les rails, ce sera « Touchpaper » qui sortira en 1983. Cet opus a deux facettes, une folk et une plutôt dansante. On sent la mauvaise influence des années 80 et même si elle sauve la face avec certains titres, par exemple ce « The Moon is a Powerful Lover » très imprégné de Jean-Michel Jarre, ce sera le début d’une période moins heureuse musicalement. Pour preuve l’album « Voices » (1986) qui débute le second CD est bien différent de ce qu’elle a fait jusqu’alors. Trois titres en sont extraits. Elle travaille ici sur les voix un peu à la manière d’Enya faisant seulement des vocalises. Si l’artiste se cherche une nouvelle voie dans le New Age, il faut bien avouer que l’ennui nous gagne. Pourtant à l’époque cela a fonctionné pour elle puisqu’elle a été numéro un dans les charts New Age. Tant mieux pour elle, mais nous on s’endort…
C’est en 1988 qu’elle sort « Love in the Afternoon ». Elle revient à des chansons, notamment le morceau titulaire écrit il y a bien longtemps avec un certain Robert Fripp alors qu’elle était en tournée avec lui, mais conserve malgré tout un certain côté New Age pour les voix. Encore une fois, elle est bien loin de ses origines folk et ce n’est pas l’album « Summer » sorti en 1995 qui y changera quelque-chose. Il lui permet surtout de se retrouver après son divorce. En fait, ce n’est qu’en 2003 que nous retrouverons notre Claire Hamill avec l’album « The Lost and the Lovers ». Elle a retrouvé sa guitare et son côté folk. Tout n’est pas encore parfait, les arrangements de « Oregon Inlet » par exemple sont parfois envahissants tendant un peu vers la variété. Mais elle retrouve son âme sur « We’ll Be Glad We Cried » qu’on aurait bien vu chanté par Sally Oldfield ainsi que sur « Blue » distillé en toute intimité. Bref Claire est sur la bonne voie, retrouvant ses racines. Tant mieux car elle nous prépare un nouvel album.
La compilation est complétée par une biographie signée par Claire. Elle y raconte tous ses albums, retraçant ainsi sa carrière. Voilà qui attirera les fans de l’artiste. Pour résumer, la compilation couvre bien toute sa carrière et en cela est une bonne façon de découvrir Claire Hamill. Cependant ce sont ses quatre premiers albums ainsi que le petit dernier qui se montrent les meilleurs.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC2024
Sortie: 2007/11/19
