RARE BIRD – As Your Mind Flies By

Avec ce second album, Rare Bird se pose définitivement dans le domaine du rock progressif naissant de cette année 1970. L’équipe de Graham Field nous propose un opus de seulement cinq morceaux et le travail au niveau de la conception est beaucoup plus approfondi avec une plus grande créativité mieux canalisée.

A cet époque, Rare Bird s’est retrouvé en tête d’affiche au Marquee de Londres. Devinez qui en assurait la première partie ? Genesis ! C’est dire si le groupe avait atteint une bonne notoriété.

« What You Want to Know » joue sur les ambiances avec un fameux travail des deux claviéristes Graham Field et David Kaffinetti. Ils poussent leur musique au summum de la créativité et ce n’est pas par hasard que l’on fait parfois le rapprochement avec le « Trespass » de Genesis. Le clavecin baigne un « Down on the Floor » plus mélancolique alors que « Hammerhead » est tantôt très rock, presque hard même, tantôt d’une douceur confondante. Introduit par l’orgue, « I’m Thinking » prend de l’ampleur petit à petit pour se tourner vers un style très proche d’un Keith Emerson. Dans sa seconde moitié, un chant poignant viendra s’incruster. On sent là la puissance vocale de Steve Gould.

Mais la pièce maîtresse de cet opus est ce « Flight » qui prenait toute une face à l’époque, soit près de 20 minutes. La comparaison avec le second album de Genesis est frappante. Nous sommes bien en 1970, pas de doute, et c’est l’avènement du rock progressif. Ce titre divisé en quatre parties use aussi de tons Pink Floyd (époque « Atom Heart Mother »). Ils mélangent à leur rock des couleurs classiques, cultivent à foison la subtilité d’arrangements particulièrement séducteurs qui feront naître des frissons le long de la moelle épinière des fans du Floyd. La troisième partie a dû quant à elle influencer des gens comme Emerson, Lake & Palmer pour « Brain Salad Surgery ». Bref rien que ce « Flight » mérite l’achat de l’album.

Côté bonus, on trouve les versions mono des singles « What You Want to Know » et « Hammerhead » mais aussi un inédit intitulé « Red Man » qu’il aurait été dommage de manquer. Et puis, il faut aussi noter le livret qui comprend un historique du groupe à cette époque, de quoi replacer l’album dans son contexte.

Avec cet opus, Rare Bird faisait preuve d’une grande maturité. Leur créativité un peu désordonnée et pas encore très assurée du premier album a été parfaitement canalisée. Non seulement les fans de l’époque vont se ruer sur cette remasterisation de grande qualité mais les plus jeunes devraient aussi écouter ce chef d’oeuvre du groupe.

Pays: GB
Cherry Red Records / Esotheric Recordings ECLEC 2002
Sortie: 2007 (réédition, original 1970)