KBB – Proof Of Concept
Quatre ans après « Four Corner’s Sky », on retrouve avec plaisir Akihisa Tsuboy et sa bande pour un nouvel album instrumental. On retrouve aussi les qualités intrinsèques du quatuor japonais décrites avec brio par JPS1er sur « Live 2004 ». Le line-up n’a pas changé, le style progressif mélangé au jazz-rock non plus car il convient parfaitement à l’exubérance affirmée du violoniste leader du groupe. Il peut ainsi extérioriser ses talents sans les soumettre à des règles trop strictes.
Sur le très long « Inner Flames » déjà, il propose la guitare distordue à une interprétation libre d’un morceau à caractère classique et ce mélange des genres donne un effet bizarroïde. L’ombre de John McLaughlin plane sur ce morceau brillantissime de musiciens habitués à jouer ensemble. « Weigh Anchor! » est tout en contraste par rapport au titre précédent et le quatuor prouve son aptitude à couvrir un morceau beaucoup plus calme et nuancé. On rejoint ainsi un classicisme plus académique mais vers la fin, on sent poindre des velléités d’interprétation plus libre mais elles sont parfaitement maîtrisées.
Au début, « Stratosphere » est une petite aventure spatiale qui prouve aussi la versatilité de musiciens rompus à tous les exercices de style. Ici, on se dirige vers un morceau classique qui rappelle Erik Satie mais à mi-parcours, on évolue en plein dans un jazz rock qui évoque à la fois Keith Emerson pour les claviers et le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin. Du grand art.
On alterne ainsi morceaux élaborés et plus courtes transitions à caractère classique. « Intermezzo » appartient à la deuxième catégorie et est une nouvelle preuve de la qualité du groupe japonais, capable aussi de s’en tenir à une interprétation rigoureuse et pleine de sensibilité. Curieusement, « Rice Planting Song » est une plage qui comporte un caractère tzigane évident. Le groupe y est aussi très à l’aise et sa virtuosité, entraînée par un Tsuboy fidèle à lui-même, a l’occasion de s’y exprimer avec passion, notamment dans le chef du batteur, discret jusqu’ici. Magnifique !
Avec « Lagoon Nebula », on replonge avec délice dans un rock progressif de très grande qualité. De nouveau, le violon donne le ton et le résultat est de nouveau à la hauteur des espérances. C’est un véritable festival de technique instrumentale qui frise la perfection, tant à la guitare qu’au violon. Le mélange des deux instruments est tout simplement fabuleux. Après cette exubérance, le groupe retrouve alors une forme de sérénité. « 40 degrees » est une pièce plus courte à caractère classique qui laisse une place plus importante aux claviers et à la basse, toujours très sobre, qui entame un dialogue avec la guitare. Ce morceau n’appelle pas d’autre commentaire, si ce n’est la constance dans la qualité, tous genres confondus.
« Order From Chaos » débute par les claviers, relayés par le violon, avec le soutien d’une rythmique très sobre. On assiste alors à de brillantes improvisations très jazz rock mais avec un zeste de progressif. L’alternance entre douceur et tourmente de cette œuvre remarquablement construite donne aussi de grands moments de plaisir et d’émotion.
Très bon album instrumental destiné aux amateurs de belle musique de rock progressif et de jazz rock. Il comporte de grands moments d’émotion et des prouesses techniques incroyables.
Pays: JP
Musea Records FGBG 4722.AR
Sortie: 2007/08