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COLOUR HAZE – Tempel

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Le trio guitare – basse – batterie allemand, qui ne manque pas d’humour, cite 44 groupes ou artistes parmi ses influences. Celle de Jimi Hendrix est indéniable (le jeu de guitare, même s’il ne vaut pas l’original), celle de Kyuss s’impose (pour le bourdonnement violent du son « stoner metal »), celle de Cream semble pertinente (groupe pris pour modèle de style psychédélique, un genre qui redevient à la mode). Le terme « heavy psychedelic » semble d’ailleurs le mieux correspondre au style du groupe.

Cela veut-il dire que le groupe ne vaut pas le coup ? Pas le moins du monde. Dès le premier titre, le très long « Aquamaria », un instrumental dont l’intro ressemble à celle de « Come Together » des Beatles, le groupe exhibe un savoir-faire impressionnant et nous en fait voir de toutes les couleurs dans ce long crescendo. Ce n’est pas un groupe psychédélique avec un nom de label très suggestif pour rien, même si on frise le « stoner rock » en permanence. Et cela se confirme avec « Fire », plus lent, moins long mais basé sur le même canevas sonore et qui comporte une partie chantée presque en sourdine par Stefan Koglek, leader du groupe et patron du label en question. Ici aussi, il s’agit d’une superposition de couches sonores allant crescendo.

Au contraire, « Mind » ressemble plutôt à un Cream qui aurait viré « stoner metal » mais en gardant sa personnalité. Les rares paroles sont bien dans le style du chant de Jack Bruce et la musique est très lourde, très « hard » et très début des seventies. Le très long « Tempel » est en totale opposition avec le reste et flirte avec un « space rock » très lent au début, pour virer progressivement au « metal » ensuite. C’est du grand art et les membres du groupe prouvent qu’ils ont un métier consommé. Leurs longues tirades instrumentales empreintes d’un certain lyrisme et leur dextérité fait plaisir à entendre. Ils ont l’air de beaucoup s’amuser et de se faire plaisir.

De nouveau, « Gold & Silver » débute en catimini mais on sent poindre les prémices d’une violence latente. Le rare chant genre Jack Bruce émerge des ténèbres pour surplomber la partie instrumentale avant de céder la place à une musique très lourde qui fait la part belle à la guitare de Stefan Koglek. Celui-ci s’efforce de jouer dans le style de Hendrix mais gardons le sens des réalités : il est moins instinctif et moins talentueux, même s’il n’est pas manchot.

Plus violent, « Earth » est bien dans le style « heavy psychedelic » aussi et la voix de Stefan Koglek s’intercale comme elle peut dans ce festival du power trio, avec cette fois une meilleure place réservée à une rythmique maintenue dans la discrétion tout au long de l’album. La rythmique mise en valeur, « Ozean », volontairement écrit en allemand, donne un éclairage un peu différent et plus soft du groupe. Chacun son tour. La deuxième partie renoue progressivement avec le style plus « heavy » qu’affectionne particulièrement le groupe et la guitare retrouve ses prérogatives.

L’excellent « Stratofarm » montre aussi de très belles envolées musicales dans un style un peu moins « hard ». Ici aussi, les musiciens semblent prendre un plaisir évident à jouer ensemble. La partie chantée est réduite à sa plus simple expression mais la combinaison guitare – basse – batterie semble avoir été inventée pour eux. Même si eux-mêmes n’innovent pas, on ne peut s’empêcher d’être admiratif devant une telle cohésion interne et un jeu si efficace.

L’album, presque exclusivement instrumental, est excellent mais n’invente rien. Il reproduit presque à la perfection un amalgame de musiques des seventies mais il ne représente en rien l’avenir du rock. Il s’adresse aux amateurs de Queens of the Stone Age, Dinosaur Jr et Kyuss. Pour le Cream et le grand Jimi, on préférera les originaux. A leur meilleure époque, chacun dans sa spécialité, Eric Clapton, Jack Bruce, Ginger Baker et Jimi Hendrix étaient des virtuoses incomparables dans le domaine du rock. Cet album est avant tout destiné aux nostalgiques mais pour les plus jeunes, c’est aussi l’occasion de découvrir un pan important d’une musique rock de qualité.

Pays: DE
Elektrohasch 005
Sortie: 2007/09/24

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