QUIKION – Hallelujah!!
Les amateurs de rock progressif à la japonaise se souviennent de leur album (« Ramadan »), sorti en 2004. Les compositions de Yukiko Totoki s’inspiraient de musique française, roumaine, anglaise ou pakistanaise pour former une sorte de recueil de musique folk dont l’originalité était le chant en japonais. Cet album est la réédition d’un mini CD intitulé « Early Recordings 1995-1997 » augmenté de six titres bonus. Depuis lors, le noyau principal du groupe n’a pas changé.
En 1995 et 1997, le groupe Quikion comprenait :
Yukiko Totoki : voix, concertina, machine à rythmes sur 5, tambourin sur 8, 9 et 11 ;
Emi Sasaki : accordéon, glockenspiel, bongo sur 9 ;
Eiji Oguma : guitare.
Invités :
Rei Shimizu : basse sur 5;
Genta Kudo : percussions sur 7;
Shûi Kajiyama : basse sur 7;
Shûji Soh : batterie sur 8;
Ikuya Takamori : basse sur 12.
« Hallelujah!! » est un titre chanté accompagné par la guitare, l’accordéon, qui lui donne un petit air coloré à la française parsemé de bruitages réalisés par des instruments ou des jouets d’enfants. « Voyage » est un très beau chant primesautier et cajoleur où l’accordéon, omniprésent, est joué avec une grande dextérité dans un emploi inconnu dans nos contrées.
Parfois agrémenté de sonorités produites par des jouets d’enfants, « The Music Box » évoque des paysages parisiens du début du 20e siècle et est empreint d’une nostalgie peu banale générée par un accordéon plaintif à souhait. La voix lui emboîte le pas dans ce voyage passéiste en bord de Seine pour lui donner vie et le conduire à petits pas vers une fin discrète.
« Train Song » est un morceau qui fait penser à la même époque révolue, à une culture très riche tombée en désuétude sous l’impulsion de générations incultes et à une sensibilité très particulière que l’on retrouve en flânant dans le quartier du Marais. De nouveau, l’accordéon, hélas souvent réservé au bal musette en France, est très bien utilisé sur cette très belle mélodie et donne toute la mesure de ses qualités quand il est joué avec talent et créativité. Ici, il contribue à transmettre des états d’âme mélancoliques proches de la nostalgie et de la tristesse qui font penser au Sailor du norvégien Georg Kajanus dans ses moments doux amers. Ces deux titres valent à eux seuls l’achat de l’album.
Exécuté deux ans plus tôt, « Summer Time » est un titre rythmé par la basse et une machine à rythmes. A certains moments, les bruitages et les percussions lui donnent un air de fourre-tout qui nuit à ses qualités incontestables. L’accordéon se fait plus discret et le chant survole l’ensemble avec talent. Il méritait un meilleur traitement que ces gimmicks. Avec « TV », on revient à plus de sagesse. La guitare est plus présente et l’accordéon sert d’accompagnement en arrière-plan. Le chant surgit au milieu de ce calme bienfaisant mais il est troublé par des bruitages qui constituent hélas la marque de fabrique du groupe et, en quelque sorte, le déshumanisent. Dommage, la mélodie est très belle.
Enregistré en public, « Hallelujah!! » fait la part belle à la chanteuse mais de nouveau, on doit émettre des réserves à cause des bruitages et des percussions. Même s’ils atténuent le côté mélancolique du morceau, ils nuisent au climat général et lui enlèvent un peu de son impact. Le résultat devient un peu hybride et manque d’unité de ton. Ce sont encore des sons émis par des jouets qui débutent « Elevator », un inédit de 1993. La voix très calme énonce le propos, relayée brutalement par des instruments envahissants qui font contraste et rendent le résultat assez mitigé, finalement.
« Far Away » apporte du rythme et le mélange accordéon percussions guitare est intéressant, assez pour porter une voix aérienne qui fait l’originalité du combo. Sa mise en valeur est très bien imaginée, cette fois. « Moon Light » revient à un climat plus conforme au ton général de l’album et l’élément triste revient à l’avant-plan, à peine tempéré par le jeu de guitare tout en finesse. La voix éprouve quelques faiblesses sur ce morceau très moyen.
« Metamorphose » est le morceau le plus dynamique de l’album et cela fait plaisir à entendre mais de nouveau, la voix connaît quelques faiblesses. Utilisé avec parcimonie, l’accordéon sauve la mise. De son côté, avec ses instruments très discrets, parfois trop, « The Morning » annonce le retour au calme et met en valeur la propension au rêve de la chanteuse.
Cet album constitué de bric et de broc souffle le chaud et le froid et est somme toute assez inégal. Il comporte des passages brillants mais aussi des faiblesses. L’utilisation originale de l’accordéon en révèle des facettes inconnues et fait apprécier toutes ses qualités. Cela constitue avec la voix (presque toujours) et le jeu des musiciens les incontestables points forts de cet opus un peu décevant.
Les titres :
- « Hallelujah!! » (1997)
- « Voyage » (1997)
- « The Music Box » (1997)
- « Train Song » (1997)
- « Summer Time » (1995)
- « TV » (1997)
- « Hallelujah!! » (2005) (bonus track extrait du DVD “Quikion + Lithuma Qnombus Live”)
- « Elevator » (1993) (bonus track inédit)
- « Far Away » (1994) (bonus track inédit)
- « Moon Light » (1994) (bonus track inédit)
- « Metamorphose » (1994) (bonus track inédit)
- « The Morning » (1995) (bonus track inédit)
Pays: JP
Muséa Parallèle MP 3053.AR
Sortie: 2006/12 (réédition, original 1995 – 1997)