ASTONVILLA – De jour comme de nuit
Pas facile de bien sonner quand on a décidé de faire du rock en français dans le texte… J’avoue avoir toujours eu une certaine aversion face aux nombreux groupes qui ont tenté l’aventure, beaucoup ont été déclarés plus ou moins géniaux, mais aucun n’a jamais réussi à me convaincre. Seules deux grosses exceptions me viennent à l’esprit sur le moment: Noir Désir et Dionysos. Ne nous emballons pas, comparer Astonvilla à ces deux derniers ne serait pas vraiment approprié. Simplement, eux aussi ont réussi à mélanger rock et langue française sans tomber dans les clichés mièvres qu’a disséminé la variétoche depuis déjà bien trop longtemps, et on pourrait même dire que ça sonne intègre. Voilà, ça, c’est dit.
D’Astonvilla, je n’avais pas entendu grand chose d’autre auparavant que le single « Invincible », qui avait été matraqué en radio à l’époque de la sortie de « Strange », vous vous souvenez, cet album avec 4 gars à la gueule de chien? Bon, tout ça était bien sympa, mais c’était plus de la chansonnette que du rock’n’roll… Mais de la chouette chansonnette, quand même, il faut l’avouer. Puis je suis tombé récemment, un peu par hasard, sur un extrait de « Rockmusic », qui serait l’ouverture du nouvel album d’Astonvilla. Et là, coup de foudre quasi immédiat, j’aurais dur à ne pas l’avouer. C’est con, voire très basique, mais qu’est-ce que c’est bon! Pendant les couplets, Fred récite ses albums rock préférés. Il en manque certainement quelques uns, mais force est de s’incliner: ce gars a du goût. Et puis, bordel, c’est que ça donne envie de les ressortir tous en un coup, ces albums! Ah, en passant, je ne sais pas quel est le con qui a recopié les paroles dans le livret, mais mettre un accent circonflexe à Grace, ça tient du massacre…
Là-dessus, évidemment, je cours sur l’album, « De jour comme de nuit », et c’est un vrai plaisir… Après « Rockmusic », un autre single puissant et frais, « Regarde-moi », et puis très peu de choses à jeter, si pas rien. Paroles souvent percutantes, refrains sautillants, mélodies pop agencées comme il faut. Alors qu’ils citaient Jeff Buckley dans « Rockmusic », les choeurs en fin de « Un homme bien » me rappellent plus que tout ceux de « Mojo Pin », comme quoi… « Coming out » ou « Tête de lune » décortiquent la vie de nuit, et les grosses guitares montrent que le groupe est aussi capable de rentre-dedans par moments. Les paroles à double sens (cigarette/fille) de « Ma blonde » s’en donnent (du sens) au fur et à mesure que la chanson avance, un peu à la manière des chansons folk/traditionnelles qui parlaient de cul sans vraiment en parler. Même genre avec « De jour comme de nuit », dont le et nous nous sommes fait la belle est plus qu’ambigu… Et puis, sans hésitation, c’est la chanson la plus dansante de l’album, on la verrait bien en soirée ou dans un DJ-set quelconque.
Comme quoi il faut parfois se défaire des a-priori qu’on a sur les groupes, comme quoi il y a encore moyen de faire du rock en français même si on n’a plus Noir Dez, comme quoi aussi avec un nom comme Astonvilla on peut ne pas chanter en espagnol (ce que j’avoue avoir innocemment cru de prime abord), et comme quoi la France a quand même un petit paquet de bons groupes en réserve. Sans crier qu’Astonvilla dépasse tout, ils nous ont quand même sorti un album qui en vaut bien la peine.
Pays: FR
Naïve NV 803111
Sortie: 2005/08/23