THIN LINE MEN – Hitchhiker
Remarquable, ce CD autoproduit que nous devons à Patrick Kimpe (guitares, chant, claviers), Kristof Kimpe (guitares), Hervé Deconinck (basse), Filip Stevens (batterie) et Glenn Mayer (basse), en abrégé Thin Line Men, un groupe de Ruiselede, en Flandre ociidentale ! Plus on l’écoute, plus on l’aime.
C’est par un mélange heureux de pop rock et d’électro que débute « Stealing From The Poor ». Disposant visiblement de peu de moyens pour la production, le groupe atteint pourtant une qualité rare due notamment à la parfaite cohésion entre les membres du groupe et l’unité de vue que l’on perçoit tout au long de l’album. Les claviers se taillent la part du lion sur ce morceau irrésistible. La voix semble venir de nulle part. « You’re A Big Grown-Up Now » confirme l’impression que chacun met son talent à la disposition du groupe sans chercher à tirer la couverture à soi. Il en résulte une efficacité totale de moyens. Ici, ce sont les guitares qui sont mises en exergue.
Bon compromis entre électro et musique pop, le très beau « All The Guns On The Western Front » semble mû par les mêmes impératifs. L’atmosphère qui se dégage du morceau est à la fois dynamique et mélancolique mais elle engendre une unité de vue hypnotique totale tout au long de l’album. Patrick Kimpe, qui compose la totalité des morceaux, a le groupe bien en main, même si depuis, le batteur a été remplacé par Philip Madou (Eden).
C’est l’électro qui domine nettement sur « Drowner », un morceau qui dépasse allègrement les six minutes sans jamais lasser. Les effets spéciaux foisonnent sur cette plage disco répétitive destinée à la danse et rien qu’à la danse. Un must pour les habitués des dance floors !
Plus hybride, « Come Together » est tribal et jazzy dans sa conception et sa réalisation. Il y a du « Trainspotting » dans cette façon de concevoir la musique. La place laissée aux percussions et à la basse est plus importante. Des cuivres viennent compléter le tableau avec bonheur sous la houlette des guitares déchaînées. Patrick et Kristof Kimpe donnent libre cours à leur inspiration. Le chant, qui semble toujours sortir de nulle part et garder une distance par rapport à la musique, devient de plus en plus un vecteur de qualité. Par moments, on frôle le génie.
« When The Boys Will Be Girls » recèle de brillants passages aux claviers et, bien que toujours présent, l’aspect électro est rejeté au deuxième plan, même s’il réapparaît en force vers la fin. Les guitares distordues assurent un fond sonore bien intégré dans l’ensemble. Les guitares sont reines sur « Mr. Jones », qui laisse apparaître de fort bonnes dispositions, tant du point de vue instrumental que vocal. La voix, qui s’entend en creux, s’impose petit à petit au milieu d’un déferlement de guitares soutenu par une rythmique discrète.
Long morceau hypnotique marqué par des percussions sautillantes mêlées aux gimmicks électro et aux handclaps, « Handbag Bird » est aussi chahuté par le discours des guitares distordues. La voix qui semble sortir d’un rêve revient comme un leitmotiv sur ce fond sonore bruyant toujours à la limite de la rupture, dans un long crescendo vers un paroxysme qui ne vient jamais. Même la rythmique se surpasse. Ce titre fantastique mérite à lui seul l’achat de l’album ! A écouter la nuit, quand la ville dort. C’est tout simplement génial !
Même si la qualité est bien présente, « Lost Souls » paraît bien fade à côté de ce chef-d’œuvre. Ce sont surtout les claviers qui donnent la réplique aux guitares saturées, toujours avec cette voix distante qui adoucit les moeurs. Patrick et Kristof Kimpe se surpassent une fois de plus sur ce morceau psychédélique. Atypique, « The Love Parade » est un morceau acoustique en totale rupture avec le reste de l’album, mais sans être choquant. C’est à concevoir comme une excellente petite récréation.
Avec le très long « Glam Pagan », à la fois rock et jazzy, l’album retrouve toute sa force. Les distorsions des guitares agrémentent le début d’une déferlante musicale tempérée par la voix toujours aussi douce mais toujours en prise directe sur l’ensemble. Plus jazzy, moins directement accessible, le morceau se déroule selon un rituel longuement préparé. Cette fois, basse et batterie sont au premier plan et génèrent un tempo d’enfer qui renvoie le chant dans la pénombre. Les guitares dirigent ainsi le morceau vers une fin inattendue.
Très professionnel malgré l’indigence des moyens ! La douceur du chant contraste avec la violence relative de la musique. Mieux qu’une découverte, c’est une super claque et une vraie révélation !
Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2005/08/01