QUICKSTRIKE – None of a kind
Enfin… Il aura fallu quarante ans avant que le glam metal arrive finalement en Lettonie, sur ces terres de l’ex-Union Soviétique où des populations mangeaient du pain gelé en redoutant les visites matinales du KGB local. Ces temps terribles sont enfin terminés (à moins qu’un certain Vladimir Poutine n’en décide autrement) et la Lettonie peut enfin bénéficier de tous les raffinements du développement occidental libre : crise économique, surexploitation de l’environnement, malbouffe, télévision débile et glam metal. Dans cette dernière matière, qui va nous intéresser ici, nous allons vous parler de Quickstrike, un combo de jeunes hard-rockers fougueux découverts par hasard sur le Net et qui m’a bien fait marrer.
Je ne peux résister au plaisir de partager quelques impressions qui tiendront à la fois du sarcasme gratuit et de l’enthousiasme sincère pour un groupe qui déballe sans aucun complexe tous les aspects en provenance du glam et du hair metal des années 80, dans un genre que les obsédés de la classification appellent également le sleaze metal. Vulgarité, machisme, énormes paires de cojones et motos surchauffées représentent l’imaginaire de ce style qui a toujours ses aficionados, Steel Panther en tête, pour citer un groupe qui surfe sur cette vague de manière visible en ce moment.
Eh bien, il arrive d’autres prétendants à l’arrogance sleazy avec ces garçons de Quickstrike, dont le premier album ʺNone of a kindʺ ne va rien nous épargner en matière de clichés m’as-tu-vu et racoleurs qui firent les grands jours du Los Angeles hair metal des années 1982-88. D’abord, les blazes des gusses : Fourleaf Graves (batterie), Piggy (chant), Ritchskies (guitare rythmique), Armyfox (guitare lead) et Martins (basse) ont choisi des pseudonymes bien clinquants destinés à soulever le désir chez les coiffeuses ou les majorettes locales. Ensuite, les références culturelles, le groupe ayant du mal à cacher dans les poches des blousons les albums de Guns n’Roses, Cinderella, Quiet Riot ou Hanoi Rocks qui dépassent. On va même citer Ron Keel dans cette affaire, tant le chant suraigu de Piggy rappelle le mythique hurleur angelino qui anima son groupe Keel entre 1984 et 2010 et dont les cris de putois sont restés célèbres dans les mémoires des kids devenus depuis de fringants quinquagénaires.
Eh oui, il y a encore des mecs qui se souviennent de Ron Keel au 21e siècle et si Quickstrike n’a pas fait exprès de sonner comme son groupe, je veux bien envoyer mon cheval en Ukraine au titre de l’effort de guerre. Après, reste la question de savoir qui, de Ron Keel ou de Piggy, est le plus insupportable des deux. Car on ne va pas se la cacher, cet album de Quickstrike est truffé de défauts mais il possède également un je ne sais quoi, une sincérité naturelle et un bagout qui aboutit finalement à séduire l’auditeur, enfin celui qui a suffisamment d’expérience des années 80 pour voir tout ceci avec du recul et de la bonne humeur.
Le chanteur doit être le fondateur du groupe, du moins c’est ce qu’on espère car s’il avait été recruté par les autres pour les qualités vocales, cela voudrait dire que ces individus seraient soit sourds, soit inconscients, soit volontaires pour faire dans l’esbroufe complètement assumée. On a en effet un peu de mal à adhérer aux simagrées vocales de Piggy, mais la force de frappe des compositions et les solos échevelés de guitare font finalement un peu mieux passer la pilule. ʺRock real disasterʺ, le premier morceau, fait un peu peur mais le groupe rattrape le coup avec un explosif ʺSaintʺ, digne de Guns n’Roses, puis une suite de baffes électriques décomplexées (ʺCheats n’ liarsʺ, aux chœurs virils et à la rythmique tendue, ʺShut them downʺ, toujours aussi gunsien dans l’âme), avant qu’un peu plus de subtilité ne vienne enjoliver ʺPergamentʺ ou ʺSon of a gunʺ.
Chemin faisant, on finit par adhérer au concept, en gardant en tête le côté festif et bravache, ainsi qu’un certain second degré. La seconde partie d’album se révèle toujours fraîche et hâbleuse, avec les punkoïdes ʺNice hair, bad habitsʺ ou ʺRebel radioʺ, un ʺThornʺ qui, avec ses cinq minutes trente, constitue le plus long morceau de cette sélection, et le final ʺNone of a kindʺ qui constitue également la vidéo promotionnelle de Quickstrike.
Idéal pour une fin de soirée entre potes, cet album n’a pas d’autres prétentions que de distraire et de rendre hommage au métal peroxydé des années 80 et dans cette optique, il y arrive parfaitement. Sourire aux lèvres et douleurs aux cervicales garantis.
Le groupe :
Fourleaf Graves (batterie)
Piggy (chant)
Ritchskies (guitare rythmique)
Armyfox (guitare lead)
Martins (basse)
L’album :
ʺReal rock disasterʺ (3:53)
ʺSaintʺ (4:54)
ʺCheats n’ Liarsʺ (3:13)
ʺShut them downʺ (4:40)
ʺPergamentʺ (5:07)
ʺSon of a Gunʺ (5:09)
ʺNice Hair, Bad Habitsʺ (3:21)
ʺThornʺ (5:27)
ʺRebel Radioʺ (3:42)
ʺNone of a Kindʺ (4:19)
https://www.facebook.com/quickstrikeband
Pays: LV
Rockshots Records
Sortie: 2022/02/11