QUEENSRYCHE – The Verdict
Même si Queensrÿche ne sortira sans doute plus d’autres albums classiques tels que «Operation: Mindcrime» (1988), «Empire» (1990) ou «The Warning» (1984), il faut reconnaître que, depuis le départ de Geoff Tate, une nouvelle dynamique anime le groupe.
«The Verdict», troisième album avec le chanteur Todd LaTorre (ex-Crimson Glory) arrivé en 2012, nous le démontre et place la barre un peu plus haut que ses deux prédécesseurs («Queensrÿche» en 2013 et «Condition Hüman» en 2015).
Et pourtant le pire était à craindre, car soyons clairs : depuis le changement radical d’orientation professionnelle du guitariste-compositeur et fondateur Chris DeGarmo (devenu pilote d’avion), véritable âme du groupe, jamais le «Rÿche» n’a pu retrouver son lustre d’antan. Alors que penser quand l’emblématique et brillant batteur Scott Rockenfield décida de prendre également ses distances pour se consacrer à sa famille ?
Et pourtant…à force de persévérance et faisant preuve d’une motivation toujours intacte, les deux derniers membres fondateurs du groupe, Eddie Jackson (basse) et Michael Wilton (guitares) ont fini par retrouver le feu sacré grâce au talent vocal et de…batteur (!) de LaTorre. Car oui, non seulement Todd LaTorre est capable de reproduire des lignes vocales dans la même tonalité que Geoff Tate (et même mieux actuellement), mais il s’est chargé personnellement d’enregistrer les parties de batterie sur «The Verdict», prouvant qu’il maîtrise à merveille cet instrument.
Dès l’ouverture du cliquetis de «Blood of the Levant», il semble évident que Queensrÿche a activé le processus d’un retour à son style classique, tout en prenant soin de rester éveillé à l’époque dans laquelle il évolue désormais. Ainsi, la production moderne et massive de Chris « Zeuss » Harris (Hatebreed, White Zombie) confère à l’opus un son puissant et actuel. Et dès lors que la voix de La Torre apparaît, on ne peut que soupirer de contentement en reconnaissant le son d’un grand groupe qui exploite à merveille ce qu’il sait faire de mieux. «Man the Machine» confirme cette impression : se distinguant toujours de ses pairs, le « Rÿche » nous délivre un flou grisant de mélodies rythmées et élancées, toutes soutenues par un sens irrésistible du drame.
Mention spéciale au magnifique «Light Years» et son refrain digne de la grande époque (1988 -1990) , soutenu par une ligne de basse envoûtante sur laquelle le solo de Michael Wilton, tout en feeling, vient sublimer le titre entier.
Le combo américain avait annoncé « The Verdict » comme étant le disque le plus Heavy et le plus progressif de leur carrière. Force est de constater qu’ils n’ont pas vraiment menti, tant l’équilibre semble maîtrisé entre puissance et richesse musicale (l’enchaînement heavy de «Propaganda Fashion» avec la froideur mélancolique de «Dark Reverie» par exemple).
Tour à tour, on reconnaît des références à certaines époques, comme «Bent», mid-tempo progressif qui évoque clairement l’ère «Rage For Order» ou encore l’intro de «Launder The Conscience» qui m’a fait penser à celle de «Resistance» sur l’album «Empire».
Au final, Queensrÿche nous délivre un album varié, dans la continuité de l’opus précédent, mais en opérant un retour à ses fondamentaux de manière intelligente, par petites touches. Cela dit, je ne saurais trop vous conseiller de multiplier les écoutes de l’œuvre pour en découvrir ses innombrables qualités. En effet, la deuxième partie de l’opus est un poil moins accrocheuse et demande une écoute plus attentive. Mais vu la qualité générale de «The Verdict», si vous aimez Queensrÿche (ou que vous avez aimé à une époque…), n’hésitez pas à vous procurer ce très bon album.
Liste des morceaux:
- Blood Of The Levant
- Man The Machine
- Light-years
- Inside Out
- Propaganda Fashion
- Dark Reverie
- Bent
- Inner Unrest
- Launder The Conscience
- Portrait
Pays: US
Style musical : Heavy Metal Progressif
Label: Century Media
Sortie: 2019/03/01