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QONIAK – Mutatio

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C’est l’histoire de deux potes de lycée qui fréquentent les bancs de l’école de jazz de Lucerne en Suisse. Vincent Membrez et Lionel Friedli partagent en commun un goût prononcé pour l’improvisation et l’expérimentation musicale sans limites. Ils tentent une première expérience en 2005, en s’enfermant dans un studio de répétition à Bienne et tripatouillent toutes sortes d’instruments pour le seul plaisir de se livrer à un bruitisme foufou, Vincent Membrez usinant les claviers et synthés, Lionel Friedli cognant les fûts. Les deux garçons, bien chauffés par les résultats obtenus musicaux, se sentent prêts à livrer leur philosophie musicale sur scène afin de la faire partager au public. Le public en question, ce sera une trentaine d’ahuris remplissant jusqu’au plafond le Depobar, un minuscule estaminet de Bienne. Juste avant de monter sur scène, les deux musiciens doivent trouver un nom à leur duo. Ce sera Qoniak, pour Qo (en fait co, pour coopération) et Niak (pour la niaque que les deux types ont à l’idée de jouer en live). Le résultat est un concert mémorable qui n’aura cependant pas de suite jusqu’en 2013, lorsque les gens de Qoniak se décident à sorti leur premier album.

Les choses se poursuivent tranquillement, puisque le deuxième album ʺMutatioʺ n’intervient qu’en 2020. Ce n’est pas le rythme suisse qui est en cause, c’est tout simplement parce que Vincent Membrez et Lionel Friedli sont des gens hyper-occupés qui ont un carnet de commandes faramineux pour une pléthore d’artistes (Pedro Lenz, Greg Osby et Yannick Barman pour Vincent ; Marc Ribot, Lucien Dubuis et Malcolm Braff pour Lionel). Ensemble, les deux lascars ont également servi de section rythmique pour des groupes suisses comme New Bag (de Christy Doran), OZMO ou dQtc.

Ayant réussi à capitaliser un peu de temps libre pour leur propre projet, Vincent Membrez et Lionel Friedli remettent le couvert pour ce deuxième album de Qoniak, un ʺMutatioʺ qui porte bien son nom. Il est vraiment ici question de mutation, de mutants ou d’aliens sonores qui débarquent du fin fond de la galaxie, avec des sonorités jazz et prog électroniques à mort (ʺScoulʺ, ʺCouacʺ) qui ne tardent pas à évoluer vers des exercices déroutants où collages sonores, alternance de petites pièces électroniques jetées sur des rythmiques hachées en breaks permanents (ʺBaobobʺ) et nappes de synthétiseurs à la John Carpenter (ʺRooinʺ) viennent tourmenter notre mental. L’aspect décousu peut faire penser à de l’improvisation pure, où le duo tâtonne sur des compositions enregistrées en une seule prise mais il y a beaucoup plus de structure qu’on ne pense dans ces morceaux vifs, nerveux et saccadés. Le côté entièrement instrumental de la chose accentue le caractère quasi-scientifique de l’approche. Les types lancent des sons, les font rebondir de cent manières et voient ce que ça donne. Et ça peut donner des trucs complètement dingues du genre ʺQoʺ, par exemple.

On est donc ici dans de l’électro-prog jazzy et aventurier au possible. Les auditeurs habitués aux folies sonores de toutes sortes pourront se laisser aller sans déplaisir à ce petit exercice ébouriffant. Ceux qui aiment les notes soigneusement posées sur les partitions avec un début, un milieu et une fin annoncés bien à l’avance pour ne pas avoir de surprises pourront s’intéresser à autre chose.

Le groupe :

Vincent Membrez (claviers, machines)
Lionel Friedli (batterie et percussions)

L’album :

ʺScoulʺ (04:43)
ʺCoacʺ (05:07)
ʺIpsumʺ (03:35)
ʺBaobobʺ (05:09)
ʺRooinʺ (07:02)
ʺQoʺ (03:36)
ʺGaudensʺ (03:51)
ʺBokalʺ (06:46)

https://hummusrecords.bandcamp.com/album/mutatio
https://www.facebook.com/qoniakmusic/

Pays: CH
Hummus Records
Sortie: 2020/10/16

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