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PURGATORY – Jon Schaffer’s Purgatory (EP)

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Il est de ces albums qui inspirent nos chroniqueurs plus qu’à l’accoutumée. Ils s’y sont donc mis à deux pour vous dire tout le bien qu’ils pensent de ce nouveau petit bijou…

François Becquart: (9/10)

Un petit voyage dans le temps tout en restant dans le présent, ça vous dit? Ceux qui vous proposent ce voyage sont les gens de Purgatory. Et quand on vous aura dit que ce groupe n’est que la résurrection d’un des premiers combos dans lesquels a officié le légendaire Jon Schaffer, guitariste et fondateur de l’imputrescible Iced Earth, vous aurez saisi tout l’intérêt qu’il y a à recevoir l’expérience musicale incomparable de ce Monsieur.

Jon Schaffer s’est en fait souvenu de ses jeunes années et de ce groupe Purgatory qu’il animait dans les années 1984-85, avant que ce groupe ne devienne Iced Earth en 1988. A l’époque, le combo qui comprenait aussi Bill Owen (guitare lead) et Gene Adam (chant) s’était contenté de commettre un brelan de démos qui ressassaient toujours les mêmes titres, à savoir ʺDraculaʺ, ʺIn Jason’s mindʺ, ʺJackʺ et ʺBurning oasisʺ. Tout ceci n’avait jamais dépassé le stade du confidentiel et avait été oublié lorsque Jon Schaffer et Gene Adam s’embarquèrent pour l’aventure Iced Earth. Depuis, Jon Schaffer a fait la carrière que l’on sait, Gene Adam n’est pas resté dans Iced Earth et s’est un peu fait oublier, comme son collègue Bill Owen qui n’a pas fait grand-chose par la suite.

Trente-cinq ans après ces événements, Jon Schaffer revient avec une idée plus que brillante : enregistrer enfin ces morceaux des vieilles démos avec des moyens dignes de ce nom. Il récupère Bill Owen et Gene Adam au fond de leur tanière et emmène tout ce petit monde en studio, avec le soutien de musiciens invités comme Jim Morris (guitare, pensionnaire du mythique Jon Oliva de Savatage dans son projet Oliva), Ruben Drake (bassiste, vieux requin de studio) et Mike Prator (batterie, ancien d’Iced Earth dans les années 1996-98). Pour la pochette de l’EP, Jon Schaffer commandite David Newman Stump et Roy Young, qui avaient bossé sur la pochette d’ʺIncorruptibleʺ, le dernier album d’Iced Earth.

Et ce qui ressort de cette réunion est tout simplement magnifique. Jon Schaffer et ses hommes reconstituent parfaitement l’esprit musical du heavy metal épique des années 80 (Savatage, Manilla Road, Liege Lord, Savage Grace) et le fondent dans un son qui allie à la fois la patine de l’époque et la puissance technique d’aujourd’hui. On découvre donc ces quatre morceaux, assortis d’un autre ʺIn your dreamsʺ qui ne semblait avoir été enregistré nulle part, dans des atours phénoménaux, puissants et racés, dans le respect total du heavy metal classique. En particulier, ʺIn your dreamsʺ, ʺDraculaʺ et ʺIn Jason’s mindʺ (clin d’œil au fameux Jason des films ʺVendredi 13ʺ) sont de véritables tueries qui donnent envie de ressortir le vieux cuir clouté de la naphtaline, de remettre par-dessus une vilaine veste en denim pleine de patches Motörhead, Saxon ou Dio et de partir dans des headbangings sans fin en glorifiant le heavy metal éternel.

Si après ça, on vient encore me parler de metalcore, je fends les têtes à coups de hache.

 

Itsik Elbaz (7/10)

Après un bon album de Iced Earth, Incorruptible en 2017 (chronique disponible sur MIB), sa tête pensante et légendaire guitariste Jon Schaffer nous revient dans les bacs avec un EP bien particulier puisqu’il s’agit du groupe Purgatory qui n’est autre que le premier line-up de ce qui deviendrait Iced Earth, groupe phare du Power Metal à l’américaine qui a livré 11 albums studio en trois décennies.

4 morceaux issus de la démo « HORROR SHOW » tous composés entre 1983 et 1985 par Jon Schaffer alors âgé d’environ 16 ans qui n’étaient restés qu’à l’état de démo pendant plus de 30 ans et un morceau original pour 25 minutes de Power Metal aux influences King Diamond, Iron Maiden ou encore Kiss.

Jon Schaffer sans doute un des plus influents musiciens américains de Heavy Metal, grand passionné d’Histoire, a toujours été un compositeur prolifique, virtuose et aventurier, un créatif qui n’a jamais cédé à une facilité quelconque, peu importe la réussite que l’on peut attribuer à chacun des albums dont il a composé la musique et écrit les paroles. Jon Schaffer’s Purgatory ne déroge pas à ce constat et offre une formidable visite des anciennes compositions de ce grand monsieur. Se dire en écoutant ces quelques excellents morceaux qu’ils sont l’œuvre d’un adolescent de 16 ans donne le vertige tant ils sont complexes, riches, explorant sans retenue mais toujours avec cohérence la foule de possibilités du genre, enchaînant riffs rapides et lourds, breaks, arpèges, mélodies, murmures ou hurlements, solos ou calme annonçant la tempête.

Si vous aimez l’horreur des années 80, 3 morceaux à l’ambiance de train fantôme, de maison hantée, de slasher movie retiennent l’attention : « Dracula », « In Jason’s Mind » et « Jack », qui nous prennent par la main osseuse pour nous entraîner, tremblants, dans le noir où de partout guette le danger et de nulle part surgira le cri qui glacera nos sangs. Si vous aimez le Heavy Metal des années 80, cet EP est fait pour vous.

Mais attention, réduire cet EP à un retour nostalgique dans un passé révolu serait manquer de respect au bonhomme car pas un instant on ne peut le soupçonner d’un passéisme moribond, non, si Schaffer retrouve des anciens de Purgatory (Gene Adams au chant, le guitariste Bill Owen et Mark Prator à la batterie), c’est parce qu’il n’en avait pas fini avec ces morceaux, parce qu’il a décidé que le temps était venu de les affirmer, de les affiner et enfin, de les faire entendre. Si l’ensemble n’a pas la force de frappe des premiers albums d’Iced Earth, l’écoute de cet EP comblera sans aucun doute les nombreux fans de Jon Schaffer ou sera l’occasion de se plonger dans la discographie essentielle des groupes dirigés par lui.

Jon Schaffer’s Purgatory est l’œuvre d’un grand perfectionniste, une entreprise joyeuse de lier le passé et l’expérience, d’associer jeunesse et force de l’âge, comme une lettre d’amour non envoyée dont on aime toujours follement le ou la destinataire

Pays: US
Century Media
Sortie: 2018/12/21

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