PRAYING MANTIS – Katharsis
Il y a quarante-et-un ans, le 20 mars 1981, sortait le premier album de Praying Mantis, ʺTime tells no liesʺ, un des classiques de la New Wave of British Heavy Metal qui allait mettre le groupe en compétition avec les jeunes princes du mouvement, Iron Maiden Diamond Head, Tygers Of Pan Tang, Jaguar, Girlschool, Def Leppard, Raven, Saxon et bien d’autres. L’eau a coulé sous les ponts, la gloire s’est ternie pour certains, a permis à d’autres d’atteindre les sommets mais beaucoup parmi tous les groupes anglais qui concouraient pour le titre ont fini par disparaître dans l’oubli ou dans les arcanes de cultes souterrains quand une poignée de fans avaient refusé d’abandonner leurs héros. Aujourd’hui, que reste-t-il de la fameuse NXOBHM ? Un titan, Iron Maiden, un petit maître opiniâtre qui sort toujours des albums, Saxon, un groupe qui vit sur ses lauriers et des matelas de dollars, Def Leppard, et quelques petits survivants flottant avec plus ou moins de maîtrise sur les eaux saumâtres, comme Tygers Of Pan Tang, Raven ou les ici présents Praying Mantis.
Ce groupe était là avant tout le monde (formation en 1973 au lycée, alors que les Maiden, Saxon et autres naissent vers 1975-76) et il est toujours là aujourd’hui, supporté par le label Frontiers Music qui lui permet d’écouler ses albums, passés du métal au hard rock FM. Deux séparations (1982-89 et 2003-08) n’ont pas eu raison de la détermination des frères Tino et Chris Troy qui ont usé une bonne dizaine de chanteurs, huit batteurs, quatre claviéristes et un seul guitariste supplémentaire, pour réaliser une douzaine d’albums dont les derniers sortent désormais à une cadence plus régulière. Praying Mantis a longtemps été un recycleur d’ex-musiciens d’Iron Maiden puisqu’en ses rangs sont passés Dennis Stratton (guitare, sur le premier album d’Iron Maiden), Clive Burr (batterie, dans Maiden entre 1980 et 1982) ou Paul Di’Anno (le chanteur des deux premiers albums de Maiden). On a aussi pu remarquer la présence de Bernie Shaw (futur Uriah Heep), Gary Barden (Michael Schenker Group), John Sloman (ex-Lone Star, UFO, Uriah Heep, Gary Moore) ou Doogie White (Rainbow).
Depuis la reformation de 2008, les frères Troy ont réussi à stabiliser leurs troupes autour d’Andy Burgess (guitare, sur les quatre derniers albums), Hans in ‘t Zandt (batterie, arrivé en 2013, sur les trois derniers albums) et Jaycee Cuijpers (chant, arrivé en 2014, également sur les trois derniers albums). Cela fait donc trois albums de suite avec le même line-up pour Praying Mantis, un record de stabilité.
La stabilité se sent également dans l’inspiration, puisqu’après l’album ʺGravityʺ, sorti en 2018, les gens de Praying Mantis nous servent un menu équivalent en termes de chansons. Du hard rock mélodique honnête et bien ficelé, sans génie particulier mais en milieu de gamme en ce qui concerne la qualité. Un peu comme une Volkswagen en fait, c’est moins nase qu’une Opel, moins performant qu’une BMW mais ça tient la route. Et on oublie la Porsche, bien entendu…
Le véhicule du jour s’appelle ʺKatharsisʺ et comparaison faite, il développe de meilleures performances que le précédent ʺGravityʺ. Sur ʺGravityʺ, une place exagérée avait été faite aux ballades, si bien que la seconde partie d’album s’enlisait dans une routine quasiment soporifique. Avec ʺKatharsisʺ, les musiciens de Praying Mantis ont davantage soigné les compositions, toujours mélodieuses mais plus rock. Le première partie d’album se laisse écouter avec plaisir, avec de bonnes accroches sur ʺCry for the nationsʺ, ʺAin’t no rock ‘n roll in heavenʺ ou ʺLong time comingʺ, mettant en avant un Jaycee Cujpers très en voix. À partir de la seconde moitié, l’apparition de quelques ballades laisse remonter la crainte de se retrouver encore une fois face un album ressemblant à ʺGravityʺ. Mais Praying Mantis redresse le manche au bon moment pour éviter l’écrasement, notamment avec la très belle et très forte ʺMasqueradeʺ, une magnifique chanson qui aide à terminer l’écoute de l’album sur une touche très positive.
Voilà donc un cru 2022 de très bon aloi pour Praying Mantis, un groupe qui va quand même fêter son demi-siècle l’année prochaine. La jeunesse est définitivement dans la tête.
Le groupe :
Tino Troy (guitare et chant)
Chris Troy (basse et chant)
Andy Burgess (guitare et chant)
Jaycee Cuijpers (chant)
Hans in ‘t Zandt (batterie)
L’album :
ʺCry For the Nationsʺ
ʺCloser to Heavenʺ
ʺAin’t No Rock ‘N’ Roll In Heavenʺ
ʺNon Omnis Moriarʺ
ʺLong Time Comingʺ
ʺSacrificeʺ
ʺWheels in Motionʺ
ʺMasqueradeʺ
ʺFind Our Way Back Homeʺ
ʺDon’t Call Us Nowʺ
ʺThe Devil Never Changesʺ
https://www.facebook.com/PrayingMantisUKRockMetal
https://www.prayingmantis.rocks/
Pays: GB
Frontiers Music
Sortie: 2022/01/28