POWERSTROKE – The path against all others
Avec un album sorti tous les deux ans depuis 2010, Powerstroke nous a habitués à une régularité proverbiale. La preuve : ʺOnce we were kingsʺ (2010), ʺAwaken the beastʺ (2012), ʺIn for a penny, in for a poundʺ (2014), ʺDone dealʺ (2016) et ʺOmissaʺ (2018) viennent d’accueillir un petit frère en la personne de ʺThe path against all othersʺ, sorti fin 2020. Notre camarade Michel Serry avait déjà eu l’occasion de dire tout le bien – légitime – qu’il pensait de ce groupe en défrichant les albums de 2012 et 2016, soulignant la progression constante de Powerstroke vers l’excellence.
Effectivement, après écoute, l’album ʺDone dealʺ s’avère sans doute comme le chef-d’œuvre de Powerstroke, à condition de confirmer ce qu’il y a sur ʺOmissaʺ (ce que je n’ai pas pu faire car je n’ai pas eu l’occasion d’écouter cet album). C’est donc avec l’exemple de ce troisième album en tête que j’aborde l’écoute de ʺThe path against no othersʺ, qui va quand même révéler certaines différences, pour ne pas dire des différences certaines.
D’abord, il faut souligner que la section rythmique de Powerstroke a encore changé. Si l’on peut toujours compter sur la paire de guitaristes Maarten Geeraerts (le fondateur et patron) et Frederiek Nuyt, ainsi que sur le chanteur Bavo Coene (présent dès 2014 et audible sur disque à partir de l’album ʺDone dealʺ), les sièges de bassiste et batteur ont à nouveau valsé. Niels Matthijs avait remplacé Kris Seghers sur le tabouret en 2017 et avait donc participé au précédent album, mais Jochen Reyskens, arrivé à la basse en 2019 en remplacement de Mark de Smit, en est ici à son premier album avec Powerstroke. Ce n’est peut-être pas une règle à tous les coups mais quand il y a beaucoup de turnover dans un groupe, les rouages ne sont pas toujours aussi bien huilés que dans une formation où les membres ont une communication quasi-télépathique à force de développer une interaction sur une longue période.
Cette pensée est surtout pertinente dans les premiers moments du disque, où Powerstroke envoie des titres accrocheurs mais un peu plus mélodiques qu’à l’accoutumée. Une petite intro à la John Carpenter (ʺWar in heavenʺ) sert de mise en jambe, puis c’est l’entrée en force dans le gros du sujet avec ʺBy my commandʺ qui surprend avec son mélodisme parfois proche d’In Flames (ce qui est inquiétant en ce qui me concerne, car j’ai toujours eu beaucoup de mal avec In Flames). On sent aussi du Machine Head radouci par des refrains à la Deftones (ʺThe awakeningʺ), des fragrances hardcore mélangées à des accélérations death (ʺAn honest decayʺ. Bref, le style est très marqué par la section temporelle 1995-2005 et ne fournit donc pas de nouveautés bouleversantes.
La coexistence entre refrains mélodiques et riffs bourrins se prolonge durant la plupart de l’album, où l’on sent de plus en plus l’influence d’In Flames (ʺTearcollectorʺ, ʺMoonlight tribeʺ). Un petit sursaut de hardcore pur agresse l’oreille sur ʺLegacy of lifeʺ, pourtant toujours hanté par un chant clair et mélodique, et ʺBabalonʺ puis ʺShadowlandʺ ont aussi leurs bons moments de ferraillage métallique. En parlant de mélodie, le morceau ʺDying veinʺ est intéressant : si on avait poussé le chant davantage vers la mélodie, on était quasiment dans une chanson digne d’Ozzy Osbourne, période vieux cabotin du 21e siècle.
Vous allez penser que je commence à emmerder le monde avec mes histoires de mélodie un peu trop voyante mais les deux derniers morceaux font tomber le masque décidément bien mélodique de cet album. ʺThe path against all othersʺ, qui donne son nom à l’album et qui est donc dans l’esprit du groupe le titre le plus marquant de son disque, associe des riffs puissants et des rythmiques rapides à des passages beaucoup plus mélodiques, avec violons, voix féminines et tout le tremblement. Pour ʺUntil the fat lady singsʺ, c’est encore plus marquant puisqu’on a ici droit à une petite confiserie folk à guitare acoustique avant d’aller se coucher.
Sans aller jusqu’à considérer cet album comme décevant, on peut quand même voir chez ʺThe path against all othersʺ un net revirement vers des ambiances moins agressives que par le passé. Le guitariste Maarten Geeraerts a toujours une science consommée du riff qui tue mais il est clair qu’il cherche à faire évoluer son groupe vers de nouveaux horizons. Tout cela est très estimable mais il ne faudrait pas changer de style pour faire ce que d’autres ont déjà fait maintes fois il y a déjà bien longtemps. Surveillez la boussole, les gars.
Le groupe :
Maarten Geeraerts (guitare et chœurs)
Frederiek Nuyt (guitare)
Bavo Coene (chant)
Niels Matthijs (batterie)
Jochen Reyskens (basse)
L’album :
ʺWar in Heavenʺ (1’53)
ʺBy My Commandʺ (5’25)
ʺThe Awakeningʺ (3’32)
ʺAn Honest Decayʺ (4’24)
ʺTearcollectorʺ (3’48)
ʺMoonlight Tribeʺ (4’28)
ʺLegacy of Lifeʺ (3’29)
ʺBabalonʺ (4’56)
ʺShadowlandʺ (‘4’22)
ʺDying Veinʺ (4’31)
ʺPath Against All Othersʺ (4’56)
ʺUntil the Fat Lady Singsʺ (4’05)
https://www.facebook.com/powerstrokeband/
Pays: BE
Graviton Records
Sortie: 2020/10/30