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POSTCOÏTUM – News from nowhere

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C’est à un solide voyage dans l’électronique musicale que nous invite Postcoïtum, un duo formé par deux explorateurs intrépides du son, Damien Ravnich et Bertrand Wolff. Ces deux garçons ont des têtes bien faites et bien pleines. D’origine parisienne, Damien Ravnich collectionne les séjours dans les conservatoires : Institut Musical de Formation Professionnelle à Salon de Provence, Conservatoire de jazz de Marseille. Bertrand Wolff use ses fonds de pantalon sur les bancs des Beaux-Arts de Quimper, puis Lyon et enfin le Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille. Marseille est donc la ville où Damien Ravnich et Bertrand Wolff finissent par se rencontrer, pour mettre en commun leurs expériences de l’improvisation électronique et de la percussion. Les deux hommes ont en effet en commun une formation de base en batterie, ainsi qu’une passion pour les musiques électroniques. Ils sont même à l’origine du label Daath Records, fondé à Marseille et qui servira bien entendu de véhicule pour la diffusion des trois albums de Postcoïtum.

En parallèle des nombreux projets musicaux développés par le duo, Postcoïtum revient régulièrement à la surface et progresse selon une logique intéressante. Le premier album ʺHimeraʺ (2013) exposait en effet une musique expérimentale assez déconcertante, munie de collages sonores divers, entre trip planant, drone synthétique et puissante respiration rythmique. Le deuxième album ʺLearning to be meʺ (2015) poussait un peu plus l’audace expérimentale en plongeant l’auditeur dans un bain de bruit pur, avec des morceaux un peu plus courts en durée mais toujours aussi nombreux (quatorze titres). Ici, on pouvait aussi s’imaginer au cœur d’une musique de films de science-fiction ou d’horreur cybernétique.

Avec le troisième album ʺNew from nowhereʺ, on est un peu dans un équilibre entre les deux disques précédents. Seuls six titres, avec des morceaux de quatre à cinq minutes, renvoient à des structures plus simples et un peu plus ʺcommercialesʺ dans l’approche. Les claviers optent pour l’arpège simplifié et la rythmique est plus binaire sur le morceau d’ouverture ʺDesire and needʺ. Même chose sur ʺCalipolisʺ, qui est une lente montée en intensité sonore basée sur des cycles rythmiques répétés et des leitmotivs de synthétiseurs. ʺAraschnia Levanaʺ permet à la batterie de partir sur des improvisations en étant soutenue par des nappes répétitives et hypnotiques de synthétiseurs ayant choisi de se cantonner à des motifs récurrents. On change soudainement de décor sur ʺRojavaʺ avec les sautillements beaucoup plus rythmés de la batterie et des claviers, coulant sur de flamboyants arpèges cristallins. Quant à ʺLa bestiaʺ, c’est en quelque sorte une synthèse des précédents titres, alliant rythmique marquée, variété des chapitres sonores et prééminence des effets électroniques. On voit ici que Postcoïtum a cherché à rendre sa musique beaucoup plus accessible, avec comme dernière preuve la reprise d’un passage du requiem de Gabriel Fauré sur le final ʺIn paradisiumʺ, histoire de pratiquer une ouverture en direction des amateurs de musique classique et de montrer que les deux membres du groupe ont des lettres.

C’est en tout cas une expérience que les amateurs de musique électronique qui ne dédaignent pas les dance-floors pourront faire. Et pour ceux qui recherchent davantage d’aberrations expérimentales, les deux premiers albums de Postcoïtum sont là pour combler les espérances.

Le groupe :

Damien Ravnich (batterie et électronique)
Bertrand Wolff (synthétiseurs)

L’album :

ʺDesire and Needʺ (06:02)
ʺCalipolisʺ (04:20)
ʺAraschnia Levanaʺ (05:56)
ʺRojavaʺ (04:10)
ʺLa Bestiaʺ (04:44)
ʺIn Paradisumʺ (04:53)

https://daath.bandcamp.com/album/news-from-nowhere
https://www.facebook.com/postcoitummusic/

Pays: FR
Daath Records
Sortie: 2021/03/19

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