PICTUREBOOKS, The – The major minor collective
Voici revenir les Picturebooks, ces Allemands qui ont définitivement oublié les rives du Rhin pour aller se baigner dans le Rio Grande, qui ont préféré ZZ Top à Scorpions et le blues à la musique militaire prussienne. On les retrouve dans le nouveau chapitre de leur grande ruée vers l’Ouest, avec ce septième album faisant suite à ʺList of people to killʺ (2009), ʺArtificial tearsʺ (2010), ʺImaginary horseʺ (2014), ʺHome is a heartacheʺ (2017) et ʺThe hands of timeʺ (2019). Comme les deux précédents, ʺThe major minor collectiveʺ paraît sur le label Century Media.
Nous vous avons déjà narré par le menu le parcours de Fynn Claus Grabke (guitare et chant) et Philipp Mirtschink (batterie), qui retapent les vieilles motos et fouinent dans les brocantes à la recherche d’instruments de musique antédiluviens pour donner un son toujours plus authentique à leur blues. La recette a pu faire son petit effet sur les premiers albums mais lorsqu’on s’attaque en mode duo à un genre aussi codifié que le blues, les risques de tourner en rond apparaissent rapidement. On voit rapidement poindre les même rythmiques, les mêmes effets, les mêmes refrains et ce piège avait pu commencer à se refermer sur les Picturebooks au moment de leur dernier album ʺThe hands of timeʺ. Certes les deux gaillards avaient anticipé le risque en utilisant de nouveaux instruments sortant de la routine guitare-batterie mais il fallait recourir à de nouvelles idées dans la perspective de l’album suivant.
Fynn Claus Grabke et Philipp Mirtschink ont trouvé le truc pour pallier ces petits inconvénients : inviter un chanteur de plus pour chaque nouvelle chanson de leur album. Cette idée est facilitée par deux choses. Premièrement, la pandémie qui force les Picturebooks à rester chez eux, ce qui leur permet d’écrire un nouveau et volumineux paquet de chansons. Deuxièmement, la sympathie naturelle que dégagent Fynn Claus Grabke et Philipp Mirtschink, qui les rend potes avec tous les artistes avec qui ils ont tourné. Juste avant la crise sanitaire, les Picturebooks étaient impliqués dans une plantureuse tournée américaine où ils ont joué avec Clutch, Black Stone Cherry, Monster Truck et finalement tous les artistes qu’on va retrouver sur cet album, plus original pour la façon dont il a été fait que pour ce qu’il contient.
Fynn et Philipp s’acoquinent d’abord avec le bassiste Ryan Sinn des Distillers, qui est un fan absolu et accepte de laisser ses lignes de basse sur les premiers morceaux composés par le duo. Les Picturebooks partent alors en Suède pour y rencontrer la chanteuse Elin Larsson, des Blues Pills, qui enregistre avec eux ʺToo soft to live and too hard to dieʺ. Puis les deux Allemands montent jusqu’à Umea, dans le nord de la Suède, alpaguer Dennis Lyxzén (Refused) qui participe à la chanson ʺHere’s to magicʺ. De retour à Berlin, ils tombent par hasard sur le bassiste Dave Dinsmore (Brant Bjork), qui joue également sur quelques titres. Le projet grossit de plus en plus et parvient à maturité grâce au travail à distance de Neil Fallon (Clutch), Chris Robertson (Black Stone Cherry), Leah Wellbaum (Slothrust), Jon Harvey (Monster Truck), Lizzy Hale (Halestorm), Erlend Hjelvik, les stoneux de The Well ou les Français de The Inspector Cluzo qui viennent poser leurs voix sur les bandes envoyées d’Allemagne.
Le résultat est un sympathique album des Picturebooks, dans à peu près toujours le même style, mais enrichi par la variété des voix des chanteurs invités, qui ont de plus eu la possibilité d’écrire leurs propres textes sur la musique, cadeau des Picturebooks. C’est là où la variété s’insinue un peu plus davantage et on profite d’autant mieux de ce disque qu’on sait comment il a été élaboré. Un effort de style est quand même tenté puisque le blues rock primitif des Picturebooks s’enrichit d’un peu de funk (ʺBeach seductionʺ), de groove dansant (ʺHoly ghostʺ), de punk blues (ʺMultidimensional violenceʺ), sans oublier les deux moments forts du disque, avec le duo Fynn Claus Grabke /Elin Larsson sur ʺToo soft to live and too hard to dieʺ et la performance déchirante de l’excellente Lizzy Hale sur ʺRebelʺ). En fin d’album, les Picturebooks se fendent d’un petit intermède instrumental tout doux avant de proposer encore une idée originale : un instrumental sur lequel quiconque en a envie peut chanter ses propres paroles. Les gens peuvent ensuite envoyer le fruit de leur travail aux Picturebooks qui se réservent la possibilité de le publier sur leur site. Ce morceau ʺSong 12ʺ est en fait totalement typique de l’écriture des Picturebooks, avec un gros mid-tempo graisseux chatouillé par un refrain hymnique fait de chœurs chatoyants et de guitare slide. Si on écoute un jour ce morceau cinquante fois de suite en découvrant le résultat de toutes les interprétations révélées sur le site des Picturebooks, l’indigestion n’est pas loin.
Le groupe :
Fynn Claus Grabke (guitare et chant)
Philipp Mirtschink (batterie)
L’album (et les invités) :
ʺHere’s to Magicʺ (avec Dennis Lyxzén de Refused) (04:21)
ʺCorrina Corrinaʺ (avec Neil Fallon de Clutch) (04:09)
ʺCatch Me If You Canʺ (avec Chris Robertson de Black Stone Cherry) (03:32)
ʺBeach Seductionʺ (avec Leah Wellbaum de Slothrust) (04:16)
ʺHoly Ghostʺ (avec Jon Harvey de Monster Truck) (03:40)
ʺToo Soft to Live and Too Hard to Dieʺ (avec Elin Larsson de Blues Pills) (04:15)
ʺRebelʺ (avec Lizzy Hale de Halestorm) (05:11)
ʺMultidimensional Violenceʺ (avec Erlend Hjelvik de Hjelvik) (02:47)
ʺRiders and Farmersʺ (avec Laurent Lacrouts et Mathieu Jourdain de The Inspector Cluzo) (03:09)
ʺBlind Ridersʺ (avec Lisa Alley et Ian Graham de The Well) (03:17)
ʺAgain and Againʺ (01:08)
ʺSong 12ʺ (03:23)
https://www.facebook.com/ThePicturebooks
Pays: DE
Century Media
Sortie: 2021/09/03