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PHURPA & QUEEN ELEPHANTINE – Ita zor

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Avertissement préalable : cette chronique parle de musique aberrante, de délire expérimental suprême et de transcendance sonore. Les majorettes, les culturistes californiens, les amateurs de rock progressif luxembourgeois, les fans de country, folk, blues, jazz, les vendeurs d’aspirateurs, les collectionneurs des pressages pakistanais des albums de Barclay James Harvest, les abonnés au magazine Hard Rock et même les amateurs de black metal slovène peuvent passer leur chemin pour s’intéresser à des choses moins angoissantes. Ne restent dans la salle que les dingos du son, les défenseurs des musiques improbables, les aliénés mentaux en cure de musicothérapie et les bouddhistes. Oui, les bouddhistes, car ce qui vient avec cet album de Phurpa & Queen Elephantine n’est ni plus ni moins que la rencontre entre un groupe russe de musique traditionnelle tibétaine et un combo hongkongais officiant dans le drone et le doom metal. J’en vois déjà qui ont coiffé un entonnoir au sommet de leur auguste crâne ou qui ont loué la tenue de parade de Napoléon pour aller pleurer seul sur la plaine de Waterloo.

Eh oui, les amis, quand Phurpa, consortium moscovite spécialisé dans l’incantation chamanique et auteur de pas moins de 18 albums en 13 ans d’existence s’associe avec un groupuscule drone metal/sludge/doom/ambient originaire de Hong Kong mais désormais installé aux États-Unis, on se retrouve au milieu d’un choc de titans de l’expérimentation absolue et on voit pointer la musique du cosmos, on sent grincer l’Himalaya sous nos sandalettes de jute, on entend les dieux népalais chantonner sous la douche.

Le mode opératoire est le suivant. On laisse les vocalistes de Phurpa racler le fond de leur gorge en émettant des infra-sons rupestres et susurrer des litanies aptes à réveiller les divinités ancestrales de la vallée du Cachemire, pendant que les hommes de Queen Elephantine marquent les rythmes et les sonorités avec des percussions discrètes, des clochettes de cérémonie, des gongs, des flutes ou des bols de cuivre. On se retrouve ainsi avec deux morceaux affichant respectivement 27 et 23 minutes et portant les noms de ʺIta zor, side Aʺ et ʺIta zor, side Bʺ. On distingue ici les faces car cette œuvre est disponible non seulement en numérique ou en CD mais aussi en cassette. Si vous n’avez pas de réseau Wi-Fi lors de votre prochaine expédition dans les monts Altaï, vous pourrez toujours emporter un lecteur de cassettes pour écouter cet album qui vous tiendra au chaud sous la tente lors des tempêtes de neige sur les hauts plateaux.

Il n’en reste pas moins que l’expérience est saisissante et immersive. On est plus dans l’exercice de méditation que dans le simple plaisir d’écouter un album de musique le soir au coin du feu, les pieds sur la table basse et un bon whisky à la main. À ce niveau, la planche à clous est préférable au fauteuil en cuir et un peu d’eau croupie remplacera avantageusement le Glenfiddish. On aura également tout intérêt à s’enfoncer dans une grotte afin de mieux profiter des multiples subtilités bruitistes qui émaillent ces deux titres venant d’un autre monde.

Maintenant, vous êtes prévenus. Ceux qui veulent tenter le voyage savent à quoi s’attendre. Après, on peut toujours s’enorgueillir de faire partie de la secte très sélective de ceux qui ont écouté les œuvres de Phurpa et Queen Elephantine.

Le groupe :

Alexey Tegin (chant)
Indrayudh Shome
Samer Ghadry
Brett Zweiman
Nathanael Totushek
Ian Sims
Camden Healey
Floris Moerkamp
Buddy van Nieuwenhoven

L’album :

ʺIta zor Side Aʺ (27:05)
ʺIta zor Side Bʺ (23:14)

queenelephantine.bandcamp.com/album/phurpa-queen-elephantine-ita-zor
https://www.facebook.com/queenelephantine

Pays: RU
Atypeek Music
Sortie: 2021/06/11

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