PERIPHERY – Periphery IV : Hail Stan
Chez Music In Belgium, Periphery a été approché par à peu près tous les chroniqueurs de notre site. Michel Serry et Philippe Thirionet ont visité les premiers albums de ce groupe américain originaire du Maryland et c’est maintenant à mon tour de découvrir Periphery avec son nouvel album ʺHail Stanʺ, présenté comme le quatrième volet de la saga.
Et je commencerai donc par abonder dans le sens de mes deux éminents collègues, qui ont su voir en Periphery un groupe complexe et difficile à cataloguer. On parle de djent pour définir le style de Periphery, qui taquine aussi le métal progressif de Dream Theater tout en se laissant aller à une certaine violence digne d’un Dillinger Escape Plan. Le groupe de Misha Mansoor (guitare), Jake Bowen (guitare, synthés), Matt Halpern (batterie), Spencer Sotelo (chant) et Mark Holcomb (guitare) signe ici un nouvel épisode encore surprenant, alliant avec subtilité métalcore et métal progressif tout en insufflant un peu d’atmosphère pop dans certains de ses nouveaux morceaux.
Periphery est un groupe qui monte. Avec maintenant quatre albums sont le doublé ʺJuggernaut : Alphaʺ et ʺJuggernaut : Omegaʺ (2015), le groupe accède peu à peu aux hautes sphères de la notoriété et pourrait bien représenter l’avenir du métal. Encensé par la presse papier et numérique, Periphery place son nouvel album à la 64e place du Billboard américain, à la première place des charts indépendants US et s’introduit dans de nombreux hit-parades européens (Autriche, Finlande, Allemagne, Royaume-Uni) ainsi qu’au Japon et en Australie. Cet album a été enregistré sans Adam Getgood, le bassiste, qui est parti en 2017. C’est donc à trois guitares que Periphery élabore son ʺHail Stanʺ.
Le groupe a mis énormément d’ambition dans ce nouvel album. La préparation a duré une bonne année, parallèlement au projet de duo Four Seconds Ago monté entre Misha Mansoor et Jake Bowen pour l’album très atmosphérique ʺThe vacancyʺ. Le label Century Media qui abrite Periphery depuis ses débuts a laissé carte blanche à la créativité de Misha Mansoor, qui a ainsi pu composer des morceaux variés et n’a pas lésiné sur la longueur de certains titres. C’est ainsi que ʺHail Stanʺ démarre d’entrée de jeu avec un morceau de seize minutes intitulé ʺReptileʺ. Peu de groupes ont eu le culot de faire entrer leur auditorat dans un morceau aussi long en guise de mise en jambes. Et là où le génie pointe un petit peu le bout de son nez, c’est que cette première introduction parvient à séduire, en dépit de quelques passages mélodiques plus pop, déjà entendus maintes fois chez des groupes de metalcore. Periphery a en effet le talent d’introduire sa personnalité propre dans des compositions qu’on pressent galvaudées de prime abord mais qui finissent par faire sourdre une patte qui est propre à ce groupe. Je ne sais pas comment ils font mais leur ʺReptileʺ, un peu téléphoné au départ, atteint soudain des moments princiers.
La suite de l’album reproduit également cette atmosphère particulière, où Periphery est capable de balancer des tueries imparables (ʺBlood eagleʺ, ʺCHVRCH BVRNERʺ, chanson sans doute dédiée à Notre-Dame de Paris…, ʺFollow your ghostʺ, ʺSentient glowʺ) mais en ayant parfois du mal à éviter quelques faux pas où un metalcore mélodique un peu niais s’invite (ʺGarden in the bonesʺ, ʺIt’s only smilesʺ, ʺCrushʺ). Le final ʺSatellitesʺ achève l’album dans un romantisme feutré qui tranche à nouveau avec les poussées de fièvre très bien pensées qui ont pu jalonner l’album juste avant.
En somme, Periphery signe ici un de ses albums les plus travaillés mais aurait pu facilement se débarrasser de deux ou trois titres superflus flirtant dangereusement avec le metalcore de Monsieur Tout-le-Monde. Il n’en reste pas moins vrai que ce groupe a véritablement un don pour transformer des compositions qu’on voit d’abord se diriger tout droit vers du conventionnel mollasson mais qui redressent subitement la barre pour se parer d’un petit quelque chose de plus. Il va devenir de plus en plus intéressant de suivre ce groupe à l’avenir.
Pays: US
Century Media
Sortie: 2019/04/05