OBSIDIAN SEA – Pathos
Ce n’est pas tous les jours qu’on entend parler de la Bulgarie dans ces pages. Ce discret pays de l’Est est plutôt connu pour ses yaourts et pas vraiment pour sa scène rock, qui possède néanmoins quelques joyaux, si on veut bien prendre sa pelle et creuser un peu. Par exemple, Obsidian Sea, découvert par hasard au cours de nos recherches sur le Net et dont le dernier album est tout à fait intéressant dans le domaine stoner et doom metal traditionnel.
L’histoire commence à Sofia au début des années 2000 avec l’association de deux musiciens, Bozhidar Parvanov et Anton Avramov, qui évoluent dans un groupe de black metal appelé Mortem Animalium. Un album ʺThe decay of timeʺ paraît en 2006, puis ce groupe ne donne plus de nouvelles, sans doute effacé par l’autre projet des deux bonshommes, Nenavist (Ненавист en alphabet cyrillique, ce qui signifie haine en bulgare). Entre 2004 et 2011, ce combo également black metal réalise les albums ʺNenavistʺ (2008) et ʺInhumanʺ (2009).
En cette même année 2009, Bozhidar Parvanov et Anton Avramov trouvent leur voie avec la création d’Obsidian Sea. Le style change radicalement puisque le duo opte pour le stoner et le doom après avoir découvert que le grand patron du métal était Black Sabbath, et non Cradle Of Filth. Un certain Ivaylo Dobrev rejoint le groupe à la basse en 2012, juste après la sortie du premier album ʺBetween two desertsʺ. Ce disque professe un doom metal imposant et cérémonieux, doté d’un son énorme et d’une voix sépulcrale, une excellente entrée en matière pour Obsidian Sea, qui se pose comme une sorte de Kadavar ou de Pentagram bulgare.
En 2015, l’album ʺDreams, illusions, obsessionsʺ sort en tirage ultra-limité (500 copies) et maintient le cap sur des eaux lourdes, avec un son un peu moins impérial mais des évolutions vers des choses plus psychédéliques (ʺConfessionʺ) ou planantes (ʺMulkurulʺ). Delyan Karaivanov devient le nouveau bassiste d’Obsidian Sea en 2016 et le groupe sort son troisième opus en 2019, un ʺStrangersʺ dont le doom metal évolue peu à peu vers des atmosphères moins lourdes, davantage stoner ou psychédéliques.
C’est la même équipe qui publie son quatrième album ʺPathosʺ en 2022, affichant une maturité musicale au beau fixe. Ce disque est en quelque sorte le résumé de l’expérience acquise au cours des dernières années et un florilège des diverses influences d’Obsidian Sea, entre Pentagram, Kadavar et Black Sabbath. Les choses démarrent en force avec le solide ʺLament the death of wonderʺ, qui installe une atmosphère dramatique et lourdement électrifiée. Les durées assez longues des morceaux (cinq à six minutes) permettent d’y associer différents styles et même de donner dans le progressif (ʺThe long drowningʺ et l’ombre d’Iron Maiden qui flotte par-dessus). On continue de s’émouvoir sur des pépites comme ʺSistersʺ, riche en solos fuzzy désertiques, ou encore ʺMythosʺ, qui fait fondre le métal avec panache. ʺThe revenantsʺ offre de belles occasions de tripper sur des progressions de guitare finement travaillées et puissantes. On termine sur une note un peu plus psychédélique avec les derniers titres ʺI love the woodsʺ, aux lourdeurs aériennes, et ʺThe meaning of shadowsʺ, plongée dans un rock progressif jazzy typiquement Seventies finissant sur une note dramatique, sorte de boucle bouclée quand on se souvient du premier morceau.
On a compris qu’on tient là une formation tout à fait estimable en provenance d’un pays qui reste à découvrir en matière de rock, lourd ou moins lourd. Il faut espérer voir un jour Obsidian Sea sur scène dans nos régions, pourquoi pas à l’occasion d’un prochain DesertFest.
Le groupe :
Bozhidar Parvanov (batterie)
Anton Avramov (chant et guitare)
Delyan Karaivanov (basse)
L’album :
ʺLament the Death of Wonderʺ (06:18)
ʺThe Long Drowningʺ (06:02)
ʺSistersʺ (05:19)
ʺMythosʺ (05:47)
ʺThe Revenantsʺ (05:18)
ʺI Love the Woodsʺ (05:19)
ʺThe Meaning of Shadowsʺ (06:29)
https://ripplemusic.bandcamp.com/album/pathos
https://www.facebook.com/ObsidianSeaDoom
Pays: BG
Ripple Music
Sortie: 2022/02/04