NASTY – Menace
ʺMenaceʺ, le mot est bien trouvé en ces temps de crise où la surcharge des événements funestes inondant le monde devient presque irréelle, tant c’est trop en même temps. Il ne manquerait plus que l’annonce de la reformation de Culture Club pour achever le scénario d’Apocalypse qui semble tenir la Terre entre ses mains. La menace qui nous concerne ici, c’est celle de Nasty, combo hardcore belge qui revient plus costaud que jamais et pour cause : Matthias Tarnath (chant), Patrick « Paddy » Gajdzik (guitare), Berislaw « Berry » Audenaerd (basse) et Christian « Nash » Fritz (batterie) ont signé chez Century Media pour la sortie de ce huitième album de leur carrière. Voilà une bonne nouvelle car après trois albums chez l’excellente maison allemande Beatdown Hardwear Records (ʺLoveʺ, 2013 ; ʺShokkaʺ, 2015 et ʺRealigionʺ, 2017), le gang belge passe à la surmultipliée avec un label de stature internationale, de quoi répandre leurs vibrations massives jusqu’à l’autre bout de la planète.
Avec Nasty, il n’y a pas de gants à prendre, juste une combinaison ignifugée et un casque en cupro-nickel afin de survivre au hardcore ultra-puissant que les boys de Kelmis (dans les cantons germanophones) nous servent depuis quelques années selon une formule éprouvée. Les détracteurs du punk hardcore (ou du beatdown hardcore, plus précisément ici) pourront toujours dire que ce genre de musique est toujours le même mais on s’en fout. Le blues, c’est aussi toujours pareil et le monde en écoute depuis un siècle. Il faut juste se souvenir que le hardcore obéit à des règles ultra-codifiées et si on s’éloigne de ces règles, ce n’est plus du hardcore, c’est l’anarchie, la canaille metalcore dans les rues.
On ne trouvera donc pas de surprises révolutionnaires dans ce nouvel album de Nasty mais on se réjouira d’y trouver une énergie renouvelée, une inspiration toujours acérée et une envie de jouer magnifiée par les perspectives de l’hébergement chez un grand label. Le carnage ne se fait pas attendre avec un terrifiant ʺUltimateʺ qui lance les fauves dans l’arène. Ensuite, c’est la charcuterie en gros avec un éboulement de petits morceaux aiguisés de partout (ʺBulletrainʺ, ʺMenaceʺ, le déjà plus élaboré ʺBe carefulʺ). On est vraiment dans le cœur du réacteur quand surviennent les pépites de l’album (ʺ666 AMʺ, ʺTricky playsʺ, ʺBetrayerʺ). Ici, c’est le pilonnage en règle, le ralentissement brutal des rythmiques, prélude à des accélérations de folie, les amoncellements de riffs au plutonium, les aboiements vocaux menaçants.
Quelques enchaînements bien pensés entre certains titres font penser qu’on écoute des morceaux assez longs mais la plupart des titres dépassent à peine les deux minutes, pour une durée totale de 29 minutes réparties sur 14 titres. C’est ainsi qu’on termine sur les rotules et les tympans en sang avec d’autres assauts terminaux comme ʺAddictedʺ, ʺTable of kingsʺ, ʺThe end of the wordʺ et un final ʺBallad of bulletsʺ qui, avec ses trois minutes et douze secondes, fait office de roman-fleuve au regard des durées de morceaux habituellement choisies par Nasty. Mais pour un final, c’est un final, qui rassemble encore une fois toute la puissance du groupe dans une synthèse martiale imparable.
Nasty persiste donc dans sa vision musclée et radicale du hardcore, sans retraits ni ajouts mais avec une foi intacte dans sa philosophie musicale. Les fans du genre apprécieront.
Le groupe :
Matthias Tarnath (chant)
Patrick « Paddy » Gajdzik (guitare)
Berislaw « Berry » Audenaerd (basse)
Christian « Nash » Fritz (batterie)
L’album :
ʺUltimateʺ (2:32)
ʺBulletrainʺ (0:48)
ʺMenaceʺ (2:19)
ʺBe Carefulʺ (2:38)
ʺ666 AMʺ (2:25)
ʺTricky Playsʺ (1:44)
ʺBetrayerʺ (2:09)
ʺYou Will Know My Nameʺ (1:20)
ʺInhale / Exhaleʺ (2:05)
ʺBlood Cropʺ (1:50)
ʺAddictedʺ (2:08)
ʺTable of Kingsʺ (2:05)
ʺThe End of the Worldʺ (1:58)
ʺBallad of Bulletsʺ (3:12)
https://www.facebook.com/getnasty/
Pays: BE
Century Media
Sortie: 2020/09/25