MORTUARY – The autophagous reign
Il existe dans le monde une trentaine de groupes de métal qui s’appellent Mortuary, dont cinq aux Etats-Unis, cinq en Allemagne et même deux en Indonésie. Mais l’énorme majorité d’entre eux s’est séparée à peine passé le stade de la première démo ou ont changé de nom. Il ne reste donc qu’une poignée de Mortuary dont le plus endurant et le plus crédible est ce Mortuary français, qui fête cette année ses trente ans d’existence.
Formé à Nancy en 1989 par Jean-Noël Verbecq (basse) et Patrick Germonville (chant), Mortuary voit défiler les guitaristes et les batteurs à partir de 1993, quand le line-up d’origine se fissure après quelques démos. Un premier album ʺHazards of creationʺ sorti en 1996 révèle au monde un thrash metal violent et hargneux, proche du death metal. C’est dans cette veine que prospère Mortuary, qui émet ensuite les albums ʺEradicateʺ (1998), ʺAgony in redʺ (2003), puis plus tard ʺG.O.D. (Glorify our destroyers)ʺ (2010) et ʺNothingless than nothingnessʺ (2016). C’est à partir de ce moment-là que Mortuary stabilise son équipe avec Alexis Baudin (guitariste arrivé en 1994), Yohann Voirin (batterie, depuis 2010) et Bastien Legras (guitare), sans oublier bien sûr les vétérans Jean-Noël Verbecq et Patrick Germonville.
Cette ligue de petits malfrats du thrash commet cette année son sixième album ʺThe autophagous reignʺ qui balance à la face de l’humanité un seau de viande saignante et putride encore secouée par des secousses électriques surpuissantes. Le message de Mortuary est simple sur cet album : l’humanité est en train de se dévorer elle-même en arrivant aux derniers stades de son évolution qui a abouti à la mise en coupe réglée d’une planète tombée sous les griffes d’un ultra-capitalisme cannibale et sanguinaire.
Foncièrement pessimiste dans ses propos, Mortuary est également d’une impitoyable violence dans ses compositions, un thrash/death metal surexcité et vindicatif. Les premières salves (ʺDelete-replaceʺ, ʺThe Sapiens orderʺ, ʺA curse in disguiseʺ, ʺDisposableʺ) tournent autour des trois minutes avant que des morceaux un peu plus élaborés n’interviennent en cours de disque (ʺEternalʺ, ʺOnwards to the terminusʺ et les plus consistants ʺMemorial in vivoʺ et ʺMonumentsʺ). Enfin, quand on parle de morceaux élaborés, on reste toujours dans du direct dans les parties génitales et des coups de masse écrasant les tympans. Les amateurs de finesse parnassienne devront chercher ailleurs.
On sent ici que les gens de Mortuary ne sont pas contents du tout et qu’ils ont envie de tout casser, voire de tout manger sur leur passage. Les amateurs de Vader, Legion Of The Damned, Possessed ou Aborted trouveront chez Mortuary de quoi satisfaire leurs instincts charcutiers. Cela fait plaisir de constater qu’un groupe qui a maintenant trente ans d’âge n’a rien perdu de son tranchant et de sa brutalité. Particulièrement, le chanteur Patrick Germonville, 51 ans aux prunes, est intact dans son agressivité vocale et impeccable de vitesse dans ses grognements. Mais ça, que voulez-vous, c’est normal, c’est la génération née à la fin des années 60, solide et ventrue, inaltérable!
Le groupe :
Jean-Noël Verbecq (basse)
Patrick Germonville (chant)
Alexis Baudin (guitare)
Yohann Voirin (batterie)
Bastien Legras (guitare)
L’album :
ʺDelete / Replaceʺ (02:00)
ʺThe Sapiens Orderʺ (03:40)
ʺA Curse in Disguiseʺ (03:41)
ʺDominate Modus Operandiʺ (04:07)
ʺDisposableʺ (03:16)
ʺEternalʺ (04:38)
ʺOnwards to the Terminusʺ (05:36)
ʺRecycledʺ (03:41)
ʺMemorial in Vivoʺ (07:06)
ʺCheptelʺ (01:49)
ʺMonumentsʺ (07:13)
https://www.facebook.com/mortuarynancy/
Pays: FR
Xenokorp
Sortie: 2019/11/08