LONKER SEE – Hamza
En ces temps de confinement où le rock critic doit aussi rester à la maison, il devient de plus en plus difficile de mettre la main sur des disques à chroniquer. Les labels qui nous fournissent se mettent en arrêt provisoire les uns après les autres en attendant des jours meilleurs et il n’est plus possible d’aller traîner chez les disquaires pour se mettre les nouvelles sorties sous la dent. Mais il reste des sites de mise en ligne comme Bandcamp qui permettent de musarder de groupe en groupe et de tomber de temps à autre sur des choses intéressantes.
Exemple avec ce groupe polonais appelé Lonker See, formé en 2015 à Gdynia et qui émet régulièrement des albums explorant une veine rock psychédélique avec des relents de jazz. En ce sens, il poursuit la tradition des groupes polonais des années 70, les Breakout, Klan ou autres Skaldowie qui faisaient des choses bien sympathiques et qui étaient tolérés par le régime communiste en place à l’époque de l’autre côté du rideau de fer. Aujourd’hui, la Pologne est libre et elle est même free jazz, si l’on en juge par le contenu de ce dernier album de Lonker See, qui fait suite à ʺSplit imageʺ (2016), ʺLonker Seessions / Live at Pijana Czapla, Olsztynʺ (2017) et ʺOne eye sees redʺ (2018).
Il faut dire que Joanna Kucharska (basse et chant), Bartosz Borowski (guitare, djembe, chant), Michał Gos (batterie) et Tomasz Gadecki (saxophone) ont une solide expérience acquise dans de nombreux groupes de l’underground polonais, et cela depuis une bonne vingtaine d’années pour certains d’entre eux. Joanna Kucharska a joué ou joue toujours dans des formations comme 1926, Black Mynah, Kiev Office, Marla Cinger ou Trans-Syberia, souvent avec Bartosz Borowski qui participe aussi à 1926 ou Black Mynah. Michał Gos a égalment un gros CV avec des activités relevées chez Boys Band Trio, Freeyo, Gostrosta, Mazzoll & Arhythmic B&, Mazzoll Knuth Diffusion Ensemble, Oczi Cziorne, Sonus Akrobata, SPEC ou Vulgar. Quant à Tomasz Gadecki, ce quasi-quinquagénaire a exercé ses talents chez 250 Kg, Olbrzym i Kurdupel, Sambar ou le TRC Trio. Voilà bien de nouveaux noms inconnus des mélomanes occidentaux qui mériteraient d’être découverts. De quoi passer un confinement agréable.
Sur ʺHamzaʺ, le groupe donne une place de choix au saxophone qui entraîne certains morceaux dans un space rock planant et ralenti (ʺInfinite gardenʺ, ʺPull me outʺ), ouvrant sur des atmosphères oniriques propices à la tranquillité de l’esprit. Mais on trouve aussi de quoi se remuer les os avec des passages plus énergiques, comme ʺGdynia 80ʺ, ʺ3-4-8ʺ, le très hawkwindien ʺOpen & closeʺ ou le très soft machinien ʺEarth is flatʺ, caracolant la plupart du temps dans des timings approchant les dix minutes. Ces longues plages permettent le développement de chapitres progressifs dans un seul morceau, où le rock lourd vient se frictionner à des compositions volontiers aériennes (ʺPull me outʺ) ou tourmentées (ʺOpen & closeʺ).
Voici donc un disque de space rock un peu heavy, habité par une texture seventies et qui possède aussi une petite atmosphère chagrinée et languide, bien dans la vision pessimiste des choses que peuvent avoir les Polonais de temps à autre. Pensez, un peuple qui s’est coltiné tour à tour les nazis et les cocos, ça n’a pas dû être drôle tous les jours. On conclura quand même de façon plus optimiste en disant que tout ceci est très intéressant et digne d’écoute.
Le groupe :
Joanna Kucharska (basse et chant)
Bartosz Borowski (guitare, djembe, chant)
Michał Gos (batterie)
Tomasz Gadecki (saxophone)
L’album :
ʺInfinite Gardenʺ (05:27)
ʺGdynia 80ʺ (08:03)
ʺ3-4-8ʺ (05:20)
ʺHamzaʺ (07:51)
ʺPut Me Outʺ (09:33)
ʺOpen & Closeʺ (09:23)
ʺEarth Is Flatʺ (08:47)
https://lonkersee.bandcamp.com/album/hamza
https://www.facebook.com/LonkerSee/
Pays: PL
Antena Krzyku Records
Sortie: 2020/02/07