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LINX, David – Skin in the game

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Une fois n’est pas coutume, on va parler de jazz à l’occasion du dernier album de David Linx, un chanteur belge qu’il faut absolument connaître. Oui, pour les spécialistes du jazz, lire la chronique d’un type qui leur vante les mérites de David Linx, c’est un peu comme si quelqu’un disait aux hard rockers qu’il faut absolument connaître Led Zeppelin ou Alice Cooper parce que lui-même vient de les découvrir et qu’il trouve ça pas mal. On excusera donc mon ignorance de tous les arcanes du jazz si je prêche les vertus de David Linx à des convertis mais c’est comme ça. On ne peut pas tout connaître à fond et il faut aussi garder l’esprit ouvert quand les genres musicaux que l’on connaît moins bien offrent de belles pépites.

Et avec David Linx, on va être servi. Bruxellois d’origine, fils de jazzman, David Linx tombe tout petit dans le chaudron de potion magique du jazz. Il fait également très jeune des rencontres déterminantes pour son avenir, comme l’écrivain James Baldwin, qui va le présenter à Miles Davis. David Linx a également comme parrain le saxophoniste américain Nathan Davis, qui va le mettre en contact avec le légendaire Kenny Clarke, qui devient son professeur de batterie. Après avoir accompagné de nombreux artistes dans les clubs de Belgique et des Pays-Bas, David Linx abandonne la batterie en 1988 et se lance à 23 ans dans une carrière de chanteur.

Dans ce domaine, l’homme se pose comme un vocaliste d’exception. On le réclame de partout, non seulement au Conservatoire royal de Bruxelles, où il enseigne, mais également dans les studios où il accompagne une foule d’artistes, comme Maria João, Claude Nougaro, Maurane, Jasser Haj Youssef, Natalie Dessay, Viktor Lazlo, Élisabeth Kontomanou ou André Minvielle. En solo, Davix Linx a à son actif la bagatelle de 25 albums, où il opère très souvent avec son complice, le pianiste néerlandais Diederik Wissels.

C’est à l’occasion de sessions à l’Auditorium de Radio-France à Paris le 14 février 2018 que David Linx fait la connaissance du pianiste Gregory Privat, du bassiste Chris Jennings et du batteur Arnaud Dolmen. C’est le coup de foudre musical entre le chanteur et le trio, qui trouvent immédiatement de nombreux atomes crochus et une osmose musicale qui leur permet de communiquer d’instinct et de composer des chansons avec une indéniable facilité. Il faut deux ans pour accoucher de ʺSkin in the gameʺ, le nouvel album de David Linx avec ses trois nouveaux camarades (avec Manu Codjia en guest à la guitare). Ce disque est superbe, c’est un exemple de jazz vocal à l’européenne, à la fois cool et nerveux, tout en souplesse, impeccablement maîtrisé et plein de feeling. Les onze chansons s’enchaînent avec aisance, séduisent par leur énergie (ʺAzadiʺ), leur technicité (ʺHere I can seeʺ, ʺSkin in the gameʺ) et leur grâce (ʺProphet birdsʺ). Le jazz n’est plus original depuis bien longtemps mais on reconnaît les grands disques au talent de leurs exécutants. Dans ce domaine, le combo de David Linx est impeccable. Le travail rythmique du batteur Arnaud Dolmen est phénoménal, le piano de Gregory Privat est époustouflant dans les phases rapides et enchanteur dans les passages ralentis qui ne manquent pas sur cet album. La basse de Chris Jennings, souple et solide, structure les morceaux sans défaillir. Et il y a bien sûr la voix de David Linx, considéré par certains magazines spécialisés comme le plus grand chanteur de jazz actuel. Il faut l’entendre faire du scat sur ʺHere I can seeʺ et surtout déployer toute sa palette romantique sur le magnifique ʺProphet birdsʺ, un exemple de slow jazz tout à fait magnifique. On le trouve également vivace sur ʺWalkaway dreamsʺ, enjôleur sur ʺThe other side of timeʺ, aérien sur ʺNight windʺ ou ʺTroublemakersʺ.

L’heure que représente la durée de cet album passe sans qu’on s’en aperçoive. Ou plutôt, on a vécu un tel moment de grâce que le temps s’est effacé devant la puissance évocatrice de la musique. ʺSkin of the gameʺ trahit un David Linx au sommet de sa forme et de son inspiration et propose un voyage en première classe au pays du jazz éternel.

Le groupe :

David Linx (chant)
Gregory Privat (piano)
Chris Jennings (contrebasse)
Arnaud Dolmen (batterie)
Manu Codjia (guitare)

L’album :

ʺAzadiʺ (04:48)
ʺHere I Can Seeʺ (04:53)
ʺChanged In Every Wayʺ (06:40)
ʺSkin in the Gameʺ (07:08)
ʺProphet Birdsʺ (06:01)
ʺWalkaway Dreamsʺ (04:07)
ʺOn The Other Side of Timeʺ (05:31)
ʺNight Windʺ (06:25)
ʺTo The End of an Ideaʺ (06:43)
ʺTroublemakersʺ (05:13)
ʺA Fool’s Paradiseʺ (03:59)

https://www.facebook.com/DavidLinxOfficiel/

Pays: BE
Cristal Records
Sortie: 2020/09/18

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