LETHVM – Acedia
Année après année, le groupe belge Lethvm (prononcer Lethum, le v étant plutôt là pour donner un petit côté romain au combo) gravit les échelons qui mènent à l’excellence d’un doom/sludge metal bien fait. Formé en 2015 (sans doute à Liège, si on en juge par le fait que le nouveau guitariste Jean-Pierre Mottin arrive d’un groupe deathcore liégeois appelé El Comer Ocho), Lethvm s’est essayé à un sludge metal particulièrement abrasif sur son EP ʺAffable erosionʺ (2016) avant d’obliquer vers des atmosphères légèrement plus atmosphériques sur son premier album long format ʺThis fall shall ceaseʺ en novembre 2017, puis synthétiser cette progression sur son grand-œuvre, ce deuxième album ʺAcediaʺ.
On sait que Nicola Lomartire (basse), Antoine Matthis (batterie) et Vincent Dessard (chant) ne sont pas particulièrement portés sur la fine plaisanterie ou le calembour délicat. Leurs thèmes de prédilection sont le désespoir, la défiance envers le genre humain, le malheur, la tristesse et autres amusements qui entraînent généralement celui qui s’y adonne à une dépression carabinée. Leur nouvel album concentre tous ces sentiments négatifs pour les faire exploser en une catharsis nocturne et funéraire, déchirée par une violence caverneuse. Le chant est hurlé au point qu’on se demande si le chanteur ne s’est pas coincé volontairement les testicules dans un étau clouté qu’il s’ingénierait à serrer le plus possible.
Pour soutenir ces litanies dévorées par le désespoir ultime et la colère la plus noire, les instruments construisent des murailles de sons ténébreux et lourds, pour nous attraper par les chevilles et nous entraîner dans les entrailles d’un gouffre boueux où l’étouffement n’est que la seule issue possible. Des morceaux comme ʺFatigueʺ, l’impressionnant ʺPodavlennostʺ ou le colossal ʺSchismeʺ sont là pour marquer les esprits. Le groupe façonne ses titres dans une glaise morbide et le temps est son atout. C’est quand on franchit le cap des six à huit minutes que ʺGreyʺ, ʺSchismeʺ ou ʺAcediʺ viennent griffer notre mental avec la plus redoutable efficacité. De quoi faire passer Neurosis pour un jazz band guatémaltèque…
Vivement la prochaine zone de pluie qu’on puisse regarder les gouttes se fracasser contre les carreaux sous un ciel gris en écoutant cet hymne à l’accablement qu’est ʺAcediaʺ. Et si on peut aller s’embourber les godasses sur les sentiers moisis d’un cimetière abandonné, ce sera encore mieux. Lethvm est annoncé au Durbuy Rock Festival les 17 et 18 avril prochains. Dommage, nous ne serons plus en hiver mais ça vaudrait quand même la peine d’aller y jeter un coup d’oreille.
Le groupe :
Nicola Lomartire (basse)
Antoine Matthis (batterie)
Vincent Dessard (chant)
Jean-Pierre Mottin (guitare)
L’album :
ʺFatigueʺ (05:19)
ʺAnankéʺ (04:56)
ʺGreyʺ (06:21)
ʺPodavlennostʺ (05:14)
ʺOratioʺ (02:38)
ʺSchismeʺ (07:04)
ʺAcediaʺ (08:59)
https://www.facebook.com/lethvmband/
https://lethvm.bandcamp.com/album/acedia
Pays: BE
Disobedience distribution
Sortie: 2019/10/10