LA PHAZE – Pungle roads (réédition)
Nous allons remonter un peu le temps ici avec ce premier album d’un combo français appelé La Phaze. Les choses se passaient à l’époque en 2002 mais la réédition récente de ʺPungle roadsʺ nous permet de mettre le pied dans un univers totalement éloigné du rock mais dont l’énergie et le message politique en est proche. Avec La Phaze, en effet, on entre dans un champ musical gigantesque par ses ramifications incroyablement nombreuses : le jungle. Ce style est un précurseur du drum’n bass développé au début des années 1990 à partir de l’electronic dance music (l’EDM), elle-même héritière du breakbeat hardcore, un sous-genre du breakbeat, un style du milieu des années 80 en provenance du hip hop. Mais jusqu’où va-t-on remonter ? Parce que si on considère que le premier morceau de rap remonte à 1968 (ʺHere comes the judgeʺ de Pigmeat Markham) et que les premiers artistes qui y ont touché venaient du rhythm’n blues, on est partis dans le blues de la Seconde Guerre mondiale et comme on est dans le blues, on se retrouve directement en 1910 avec les premiers enregistrements du genre et on vient de parcourir cent ans de musique en quelques secondes.
Donc, plutôt que d’avoir le vertige et des maux de tête à essayer de vouloir structurer l’incroyable complexité des genres musicaux, on va calmer nos neurones et revenir bien gentiment à La Phaze, groupe nantais qui développa un genre tout à fait original pour l’époque (on est au début des années 2000) à partir de dubstep, reggae, ska, rap metal, avec paroles ayant du sens par-dessus le marché.
Damny Baluteau (chant, claviers, basse) et Arnaud Fournier (guitare) fondent leur groupe en 1999 et ne tardent pas à recruter DJ Mouf aux platines. Le trio sort un premier EP ʺCushy timeʺ en 2000, suivi deux ans plus tard de ce premier album ʺPungle roadsʺ. Avec le temps, cet album est devenu un classique dans les milieux hip-hop et électro. La Phaze y développe une énergie tendue, un rythme haletant, profère des textes revendicatifs sur la déshérence des banlieues (ʺJunglemanʺ), la culture rasta (ʺJimmy Jammaʺ), contre l’extrême droite (ʺR.A.S.ʺ) ou le fric roi (ʺNervous healthʺ), la société de consommation ou la nécessité de lutter de façon générale (ʺPunglistʺ, ʺContexteʺ). La Phaze visite tous les genres, entre reggae, dubstep, rap metal, ajoute de ci de là des instruments plus subtils, comme la contrebasse ou la clarinette (ʺLa grande questionʺ). Sur cet album, il n’est jamais question de se calmer, La Phaze y va à fond et tient jusqu’au bout un disque nerveux, râleur, politique.
La Phaze se met en sommeil une dizaine d’années plus tard, après avoir encore commis les albums ʺFin de cycleʺ (2005), ʺMiracleʺ (2008) et ʺPsalms and revolutionʺ (2011). Entretemps, les platines sont passées de DJ Mouf à DJ Nevrax, puis à Guillaume Roussé qui reprend alors les choses à la batterie. La Phaze se sépare en 2013 après deux longues années de tournées et un bilan positif du point de vue des ventes. Cinq ans plus tard, Damny Baluteau et Arnaud Fournier retournent au charbon et préparent un nouvel album ʺVisible(s)ʺ qui devrait sortir en octobre 2020. En ces temps tourmentés, il est bon de voir revenir un groupe rebelle qui a certainement de nouveaux litres de fiel à déverser sur une société qui ne s’est toujours pas améliorée depuis vingt ans.
Le groupe :
Damny Baluteau (chant, claviers, basse)
Arnaud Fournier (guitare)
DJ Mouf (platines)
L’album :
ʺJunglemanʺ (4:14)
ʺJohnny Jammaʺ (3:47)
ʺPunglistʺ (4:06)
ʺR.A.S.ʺ (4:35)
ʺNervous Healthʺ (3:27)
ʺUnidayʺ (3:08)
ʺLa Grande Questionʺ (4:14)
ʺTatianaʺ (3:20)
ʺContexteʺ (4:13)
ʺLe Transfertʺ (3:50)
ʺConsumatoryʺ (3:32)
ʺInjuryʺ (3:52)
ʺElsol (L’Éclipse)ʺ (5:05)
https://laphaze.bandcamp.com/album/pungle-roads
https://www.facebook.com/laphaze/
Pays: FR
Atypeek Music / Bruillance
Sortie: 2020/05/22