KINETIC ELEMENT – The face of life
Après la réalisation de son précédent album ʺTravelogʺ qui avait beaucoup impressionné notre camarade Philippe Thirionet dans la chronique qu’il en avait faite, le groupe prog américain Kinetic Element revient avec son nouvel opus ʺThe face of lifeʺ. Etant moins imprégné de rock progressif que mon susnommé collègue, je me suis néanmoins aventuré dans cet album et je dois admettre que mes craintes de voir surgir tous les poncifs les plus indigestes du prog ont été calmées par la solide interprétation que les gens de Kinetic Element font du rock progressif.
Bon, tout cela ne va pas empêcher les clichés classiques collant aux basques du rock progressif de tomber ici comme la pluie sur un festival d’été en Belgique. St. John Coleman (chant), Mike Visaggio (claviers et chant), Mark Tupko (basse), Michael Murray (batterie) et Peter Matuchniak (guitare) vont en effet nous livrer le kit parfaitement standard en matière de rock progressif, avec les longs morceaux hyper-techniques, les envolées épiques, les solos faisant chauffer les aiguilles du chronomètre à force de les faire tourner et tout l’esprit des Seventies en provenance de Yes, Genesis ou Styx.
https://www.youtube.com/watch?v=Fntg6eqrH9Y
Mais cependant, il faut admettre que ces garçons tirent ici très bien leur épingle du jeu au cours de ces cinq nouveaux morceaux aux durées conséquentes, deux des morceaux tapant dans les quinze ou vingt minutes, un troisième dépassant les sept minutes et les deux derniers (dont un bonus) étant anormalement ramenés à moins de quatre minutes. Le secret de Kinetic Element, c’est précisément de foncer résolument dans ce prog technique sans états d’âme, dans l’acceptation totale du principe et en lâchant une sincérité sans faille envers le genre. Il en résulte de grands moments de chevalerie prog, où un rock énergique rappelant aussi un peu Deep Purple vient emporter ces longs titres sur des chemins glorieux (ʺAll open eyesʺ). Chaque musicien sait à la fois envoyer la sauce forte mais également calmer le jeu dans les passages sensibles qui alternent régulièrement avec des envolées plus marquées. Côté textes et compos, c’est Mike Visaggio qui bosse sur tout, pondant des paroles essentiellement axées sur une philosophie humaniste en lien profond avec l’univers, bref, les grands thèmes pompeux légèrement new age qui mettent l’infini à la portée des caniches.
Nous avons donc ici du vrai grand prog canal historique, altier et fier, totalement décomplexé et ignorant du fait que ce genre a été démonétisé il y a plus de quarante ans. C’est comme ça qu’on trouve encore du charme à cette musique, quand elle retrouve ses racines et n’a pas peur de mettre joyeusement les mains dans toute son imagerie d’Epinal sans se prendre la tête. Par conséquent, si vous êtes un fan invétéré du genre et pensez qu’on n’a plus rien fait de bien après le troisième album de Styx, ce disque vous enchantera. Et pour ceux qui comme moi sont des observateurs amusés mais néanmoins respectueux du rock progressif classique, ʺThe face of lifeʺ fera aussi son petit effet.
Pays: US
Melodic Revolution Records
Sortie: 2019/02/28