INNERWOUD & ASTRID STOCKMAN – Haven
Nous retrouvons Innerwoud, alias Peter-Jan van Assche, qui s’était fait connaître en 2015 avec son premier album ʺMirreʺ, sorti chez Consouling Sounds. Ce contrebassiste avait mis en avant son instrument au service d’une musique ambiante basée sur l’exploitation des sonorités, sans rythme mais en recherche permanente d’atonalité. En 2015 également, Innerwoud avait participé à un projet drone mené par les artistes Barst et Karen Willems, simplement intitulé Barst – Karen Willens – Innerwoud. Et en 2017, c’était un EP partagé avec Treha Sektori qui avait été réalisé dans une veine dark ambient et ritualistique.
Fin 2018, Innerwoud a mis en lice un nouveau projet ambient avec la chanteuse soprano Astrid Stockman. Cette demoiselle de 31 ans est peu coutumière du genre drone et ambient puisqu’elle est une chanteuse lyrique qui officie dans le répertoire classique (Brahms, Mozart et autres). Les circonstances de la rencontre entre Astrid Stockman et Innerwoud ne nous sont pas connues mais il est clair que l’association de ces deux savoir-faire par définition radicalement opposés va donner des résultats intéressants.
La voix d’Astrid Stockman respecte totalement la démarche stylistique d’Innerwoud, qui dirige l’affaire et crée l’infrastructure sonore à partir de sa contrebasse. On entend donc la chanteuse en mode mineur, proche du chuchotement, sur la première partie ʺElegy Iʺ, premier titre de cette série qui se décline en ʺElegy IIʺ, ʺElegy IIIʺ et ʺElegy IVʺ. Ces morceaux ne sont pas égaux entre eux à la fois du point de vue de la durée (deux titres pairs plutôt courts tandis que les morceaux impairs sont beaucoup plus longs) et du point de vue des ambiances, qui peuvent aller d’un calme froid (ʺElegy Iʺ) à des choses plus lyriques et dramatiques (ʺElegy IIʺ), quand les compositions donnent davantage de marge d’action au chant. Sur ʺElegy IIʺ, la voix soprano d’Astrid Stockman se développe dans toute sa splendeur, avec le soutien du violoncelle qui répand de lentes vagues automnales qui donnent inévitablement de la tristesse au cœur. Dans cette continuité, ʺElegy IIIʺ n’est qu’un très court intermède de moins de deux minutes où Innerwoud émet quelques arpèges de contrebasse en mode lent. On garde le plat de résistance pour la fin avec un ʺElegy IVʺ qui remet en avant la voix d’Astrid Stockman, pour un résultat nonchalant gardant toute sa puissance d’évocation dans l’économie de moyens mis en œuvre ici.
Bien sûr, on reste ici dans des territoires ambients et avant-gardistes qui ne seront pas du goût de tout le monde mais les amateurs du genre s’y retrouveront. Une récente étude scientifique a conclu qu’écouter de la musique triste rendait heureux. Avec Innerwoud et Astrid Stockman il y a donc une formidable ère de bonheur qui s’ouvre à nous.
Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2018/12/14