CD/DVDChroniques

HORISONT – Sudden death

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Ils avaient enthousiasmé leur monde avec leur précédent album ʺAbout timeʺ, les Suédois d’Horisont reviennent avec ce nouveau ʺSudden deathʺ qui repart aussi dans le temps à la recherche du son ultime des années 70. Souvenez-vous : sur ʺAbout timeʺ, Axel Söderberg et ses sbires remontaient à l’assaut du hard rock de la toute fin des années 70, avec de gros clins d’œil faits à Thin Lizzy, UFO, Uriah Heep, Quartz ou Rush. Eh bien, sur ʺSudden deathʺ, ils remettent les pieds dans leur machine à remonter le temps, ferment la porte, décollent vers le passé et…

Ils atterrissent certes quelque part mais ce n’est plus à la fin de 1978 mais plutôt le 27 mai 1974. Pas grave, vous allez me dire, 1974, c’est bien aussi. Mais je rappelle quand même qu’en 1974, il n’y avait pas que du hard rock, il y avait le prog de Yes, la pop peinte en jaune d’Elton John, les trucs rétros et niais des Rubettes. Il y avait aussi le power pop chatoyant de Big Star ou le glam affriolant de Roxy Music, et les premiers exercices de pomp rock d’Artful Dodger, Angel ou Styx. J’insiste sur tout ceci parce que c’est précisément sur ce terrain glissant, entre mauvais goût et éclairs de génie, que la machine à remonter le temps d’Horisont vient de se poser.

Et là, tout le monde, groupe comme auditeur, se retrouve en danger. Il y a eu erreur d’aiguillage. A mon avis, c’est la manette gauche du potentiomètre du correcteur de cycles de la machine à remonter le temps qui a été mal réglée. Ou alors un court-circuit dans les câbles de rétropropulsion intersismique du gyroscope central. Car ces braves gens d’Horisont nous sortent ici toute la pompe et la grandiloquence clinquante et maniérée de ce qui a fait le côté kitsch des années 70. Au premier morceau ʺRevolutionʺ, on croit à une reformation des Rubettes. Puis c’est l’ombre d’Elton John qui vient planer sur les chevauchées de piano de ʺFree ridingʺ. A moins que ce soit Queen mais de toutes façons, le résultat est là : l’entrée dans cet album est des plus surprenantes pour qui a été acclimaté au rock solide du précédent disque. ʺPushin’ the lineʺ croise le chemin du hard rock mélodique d’anciens groupes comme Foreigner, Artful Dodger, Angel ou les Babys. On comprend alors que le concept choisi par Horisont pour cet album est voulu. On va faire dans la grosse pompe, porter des vestes étincelantes recouvertes de verroterie, arborer des chemises en satin orange, se faire des permanentes bouclées aussi encombrante que la perruque de Madame de Pompadour et se noyer dans des solos de piano m’as-tu-vu tout en soignant des harmonies vocales pour éphèbes néoromantiques. Dans le genre, une chanson comme ʺInto the nightʺ est tout simplement énorme, babylonienne.

Quand on a saisi le concept, deux solutions se présentent : soit on adhère, soit on fout le camp à toutes vitesses en Angleterre en lançant un appel à la résistance. Un argument supplémentaire peut aider à mieux saisir ce brutal changement d’orientation musicale chez Horisont. Le chanteur Axel Söderberg a récemment perdu son meilleur ami, mort accidentellement, d’où le titre de ce nouvel album, qui semble souligner la grande affection dont a souffert le vocaliste. A partir de là, on peut comprendre que le chagrin fait de la casse sur les facultés mentales et le réalisme des individus. D’où la volonté d’Axel Söderberg de réaliser un album complètement personnel, sans tenir compte du public qui n’aura qu’à accepter ou refuser cette nouvelle ligne. Et c’est vrai que finalement, vu sous cet angle, ʺSudden deathʺ a quelques qualités, qui ne se manifestent qu’au terme de plusieurs écoutes, permettant de voir en ʺStanding thereʺ ou ʺRunawayʺ de très bonnes chansons. Malheureusement, la kitschissime bluette ʺGråa dagarʺ chantée en suédois vient ruiner ces patients efforts d’empathie envers un disque décidément bien capricieux. Si Horisont veut gagner de ma part ses trois étoiles et demie pour sa note finale, il va devoir rapidement corriger le tir, car pour le moment, c’est mal parti. Quelques efforts comme ʺSail onʺ, ʺBreaking the chainʺ, ʺHold onʺ et le long heavy prog final ʺArchaeptoryx in flightʺ renouent avec ce concept power pop/AOR/hard FM plus pompeux que Yes et Emerson Lake & Palmer réunis et permettent de mieux apprécier ce disque, à prendre pour ce qu’il est. On va tâcher d’être bon public sur ce coup-là mais attention, c’est le dernier avertissement. Si Horisont nous sort un album de reprises de Barbra Streisand la prochaine fois, on flingue sans sommation.

Le groupe :

Axel Söderberg (chant)
Charlie Van Loo (guitare)
David (guitare)
Magnus « Mange » Delborg (basse)
Pontus Jordan (batterie)

L’album :

ʺRevolutionʺ (04:19)
ʺFree Ridingʺ (05:48)
ʺPushin’ The Lineʺ (03:11)
ʺInto The Nightʺ (05:40)
ʺStanding Hereʺ (03:09)
ʺRunawayʺ (04:00)
ʺGråa Dagarʺ (04:19)
ʺSail Onʺ (05:03)
ʺBreaking The Chainʺ (04:12)
ʺHold Onʺ (04:12)
ʺArchaeopteryx In Flightʺ (08:09)

https://www.facebook.com/horisontmusic/

Pays: SE
Century Media
Sortie: 2020/05/15

Laisser un commentaire

Music In Belgium