GUERIVE, Sébastien – Omega point
L’approche très scientifique qui règne sur cet album est sans doute due au fait que Sébastien Guérive n’est pas seulement un musicien mais également un ingénieur du son. Ce Nantais crée depuis une vingtaine d’années des paysages sonores, il bâtit des structures électroniques et établit des ponts entre l’audio et le visuel par des bandes-son adaptées à des spectacles de danse ou des pièces de théâtre contemporain.
Depuis son premier album ʺLa pensée erranteʺ (2001), Sébastien Guérive opère à partir de collages, d’échantillons et d’enregistrements de bruits naturels pour édifier ses morceaux. Avec ʺOmega pointʺ, il atteint en quelque sorte un paroxysme dans sa méthode, avec ce qui pourrait être la parfaite illustration d’un voyage cosmique.
L’alliance des techniques d’enregistrements numériques et analogiques, du clavier d’ordinateur et de celui du synthétiseur nous amène ici dans des altitudes baignées de tranquillité cybernétique. En fait, Sébastien Guérive associe dans son ʺOmega pointʺ une confrontation entre une certaine angoisse et un réconfort, avec l’alternance de morceaux troublés et de pièces plus pacifiées. Le point Omega revient comme un leitmotiv, sur des passages intitulés ʺOmega IIʺ, ʺOmega VIIIʺ et ʺOmega Vʺ (il n’y a pas d’ʺOmega IIIʺ, pourtant, c’est bon pour la santé). Quel est donc ce mystérieux point ? Est-ce l’aboutissement logique de l’Alpha, qui aurait commencé un processus appelé à se terminer avec l’Omega ? C’est là un des charmes de cet album, dont les vastes étendues instrumentales suscitées par des nappes synthétiques invitent à l’imagination. Des morceaux comme ʺMenkalinanʺ ou ʺMinchirʺ nous emportent dans un espace de rêverie, où on peut tout être, capitaine d’un vaisseau en partance pour Pluton, particule cosmique flottant dans l’hyper-espace, supernova resplendissante de mille feux nucléaires dans l’obscurité sidérale.
Les étoiles, il en est d’ailleurs question tout au long de cet album, puisque chacun des titres des morceaux renvoient à des étoiles. ʺNashiraʺ est une étoile de la constellation du Capricorne. ʺBellatrixʺ, encore appelée Gamma Orionis, est une étoile géante bleue de la constellation d’Orion. ʺAdharaʺ est la seconde étoile la plus brillante de la constellation du Grand Chien. ʺMenkalinanʺ est une étoile sous-géante blanche se trouvant dans la constellation du Cocher. ʺMinchirʺ est une étoile géante de la constellation de l’Hydre. Et ʺZaurakʺ est une étoile de troisième magnitude de la constellation de l’Eridan. Et les Omega, dans tout ça ? Ce peut être l’amas globulaire de la Voie Lactée (Omega Centauri) ou l’étoile de la constellation d’Orion (Omega Orionis).
Il s’agit donc bien ici de voyager dans l’espace et l’astronome Sébastien Guérive nous donne la carte du ciel afin de faciliter notre voyage. Mais ici, pas besoin de capsule spatiale ou de fusée pour décoller vers l’infini. Une atmosphère feutrée régnant autour de la boite à musique, quelle qu’elle soit (chaîne hi-fi, lecteur CD, téléphone portable…) suffit à nous mettre dans l’ambiance et à nous promener dans des dimensions intergalactiques et magnétiques d’une très grande beauté. Pensez à rentrer sur Terre pour le déjeuner, quand même…
L’auteur :
Sébastien Guérive (instruments électroniques, ordinateur)
L’album :
ʺOmega IIʺ (5:13)
ʺNashiraʺ (3:23)
ʺOmega VIIIʺ (3:38)
ʺBellatrixʺ (4:05)
ʺAdharaʺ (4:02)
ʺMenkalinanʺ (3:48)
ʺMinchirʺ (4:49)
ʺZaurakʺ (4:47)
ʺOmega Vʺ (3:47)
https://www.facebook.com/Sebastiengueriveoff/
Pays: FR
Atypeek Music
Sortie: 2021/03/19