GOST – Rites of love and reverence
Nous avions eu l’occasion de découvrir GoST au travers d’un de ses premiers EP ʺSkullʺ, sorti en 2013 et récemment réédité par le label Century Media. La maison allemande semble être tombée sous le charme vénéneux de James Lollar, alias GoST, qui gère seul tous les éléments de sa musique, de l’écriture à l’enregistrement en passant par les instruments et le chant. En effet, après l’EP ʺSkullʺ et le récent album ʺValedictionʺ (2019, quatrième de la discographie de GoST), Century Media sort le nouvel album ʺRites of love and reverenceʺ, dont le contenu darkwave, synthwave, dark synth, electro house et horror synth (bien des genres que les auditeurs madrés des années 80 auraient résumé en un seul : new wave) est quand même assez éloigné de la doxa métallique burnée qui caractérise ce label.
Mais sans doute est-ce la violence écorchée vive de GoST qui attire à ce point les décideurs de Century Media. L’artiste a en effet profité des vicissitudes covidiennes qui l’ont enfermé chez lui pour penser un nouveau disque plus torturé que jamais, tournant autour du thème de la sorcellerie. Mais attention, quand on parle ici de sorcellerie, il ne s’agit pas des images d’Épinal sortant les balais, les chaudrons bouillants ou les sabbats nocturnes, mais plutôt d’une certaine idée de la liberté de la femme dans les temps anciens, où la religion réprimait l’émancipation de certaines filles détenant de nombreuses clés de la liberté de penser et d’agir, notamment en matière de médecines naturelles. Tout cela ne plaisait pas aux autorités établies et on a souvent utilisé des prétextes religieux et démoniaques pour en fait combattre un mode de vie encore ancré dans le paganisme et la nature.
Mais revenons à la musique de GoST, qui rend un hommage aux femmes libres non seulement à travers sa musique (ʺEmbrace the bladeʺ, ʺCovenʺ, ʺBurning thymeʺ) mais également par la pochette de son album, en provenance d’une œuvre de la photographe Nona Limmen, spécialisée dans les thématiques ensorcelées. Seul derrière ses consoles, parfois aidé de son épouse Bitchcraft qui intervient au chant sur deux titres (ʺBell, book and candleʺ, ʺNovember is deathʺ), James Lollar déploie un univers sonore puissant et sombre, d’une grande cohérence grâce à des chansons englobantes, massifiées par la pulsion de rythmes et lardées d’effets électroniques agressifs. Le chant lointain et plaintif (un peu dans une veine Marilyn Manson) hante l’album et participe de manière importante à lui forger une image totale, pour ne pas dire totalitaire.
Les assauts multiples de synthétiseurs, agissant comme le souffle d’un vent violent, sont appuyés par les rythmes capricieux des boîtes qui sont toujours prêtes à déraper sur de brusques changements de tempos et des blast beats explosifs. Violence distinguée (ʺBound by the horrorʺ), rythmes dansants et hypnotiques (ʺThe fearʺ, ʺWe are the cryptʺ), grands moments industriels (ʺBlessed beʺ) ou pianotage envoutant (ʺNovember is deathʺ) constituent le programme d’un album assez surprenant au départ si on l’aborde avec des attentes métalliques. Il faut recadrer le logiciel sur de l’électro-darkwave pour saisir toutes les subtilités de ce disque fort et complet.
Le groupe :
James Lollar (tout)
L’album :
ʺBell, Book and Candleʺ (2:11)
ʺBound by the Horrorʺ (4:56)
ʺThe Fearʺ (4:06)
ʺA Fleeting Whisperʺ (4:56)
ʺWe Are the Cryptʺ (4:50)
ʺBlessed Beʺ (4:06)
ʺNovember is Deathʺ (4:25)
ʺEmbrace the Bladeʺ (4:52)
ʺCovenʺ (4:24)
ʺBurning Thymeʺ (5:18)
https://www.facebook.com/gost1980s
Pays: US
Century Media
Sortie: 2021/08/13