GHASTLY – Mercurial passages
Il ne faut pas confondre ce Ghastly finlandais, qui fait un death/doom metal que nous allons saluer dans cette chronique, avec un Ghastly black metal australien qui n’existe plus depuis 2006 et surtout avec un Ghastly grindcore péruvien qui vient de sortir son premier EP en 2021, l’année où le Ghastly finlandais en est à son troisième album.
Cette distinction effectuée, nous allons donc partir pour la ville de Tampere, où Ghastly sévit depuis 2011. La constance est ce qui définit le mieux ce groupe, dont le personnel n’a pas changé en dix ans : Johnny Unripper (guitare et chœurs, alias Jussi Rajala, également dans Stench Of Decay, qui n’a fait qu’un EP en 2011), Ian J. D’Waters (alias Micke Suwanto, également batteur dans Garden Of Worm où il joue avec Gassy Sam, alias Sami Harju, qui tient le micro dans Ghastly). Pour les non-anglophones, Ghastly n’est pas un mot qu’on rencontre souvent dans les textes en anglais et il sonne un peu comme quelque chose de positif, mais c’est en fait un mot qui signifie horrible, dans le sens de blême ou de livide.
Il va donc être question d’horreur et de lividité cadavérique au cours de ce trip auquel Ghastly nous invite à l’occasion de son troisième album, qui fait suite à ʺCarrion of timeʺ (2015) et surtout ʺDeath velourʺ (2018), dont les qualités avaient conféré au groupe une petite réputation dans les milieux souterrains des amateurs de death metal. Effectivement, avec ses influences héritées de Morbid Angel ou le Death de Shuck Schuldiner, Ghastly a rapidement élaboré un style propre, fait d’une conjonction entre le death metal old school, le doom metal, une petite touche de black metal (pas trop, mais juste ce qu’il faut) et des éléments empruntant au psychédélisme ou au progressif. Ceci aboutit à un genre sombre, lent, funéraire mais aussi éthéré et aérien, appelant la contemplation, mais avec les yeux tournés vers le sol ou plutôt ce qu’il y a en dessous.
Le troisième album ʺMercurial passagesʺ poursuit cette quête de l’exploration de ce qui peut incarner à la fois l’horreur, la peur et l’enfermement mental. Nos trois Finlandais se livrent à des compositions complexes, riches en ruptures d’ambiances et de rythmes (ʺPerditionʺ), efficaces dans les introductions (ʺSea of lightʺ), hypnotiques dans les atmosphères (ʺOuroborusʺ). Les arrangements sont soigneusement pesés dans l’équilibre général des morceaux, qui emmènent doucement l’auditeur dans les gouffres de l’angoisse par paliers successifs, sans à-coups ni incohérences rythmiques. Ghastly nous réserve ses deux plus impressionnants morceaux pour la fin avec les longs ʺDawnless dreamsʺ et ʺMirror horizonsʺ, qui résument toutes les qualités du groupe aperçues en cours d’album et qui sortent le grand jeu pour laisser une marque indélébile sur le système auditif et le cerveau reptilien de l’auditeur. Pour le visuel, la très belle pochette signée Riikka Pesonen vient apporter un contraste cérébral et symboliste à un disque sombre et grandiose, que les amateurs de death et ceux qui souffrent de dépression ne devraient pas négliger.
Le groupe :
Johnny Unripper (guitare et chœurs
Ian J. D’Waters (batterie, guitare, basse)
Gassy Sam (chant)
L’album :
ʺOuroborusʺ (05:46)
ʺOut Of the Psychic Blueʺ (03:34)
ʺSea Of Lightʺ (04:41)
ʺPerditionʺ (05:34)
ʺParasitesʺ (04:49)
ʺDawnless Dreamsʺ (08:33)
ʺMirror Horizonʺ (07:24)
https://www.facebook.com/ghastlydeathmetal
Pays: FI
20 Buck Spin Records
Sortie: 2021/05/28