FROM HELL – Rats & Ravens
Sur le papier, le concept ʺRats & ravensʺ de From Hell est des plus alléchant. Pensez donc : un album qui raconte une histoire de sorcière qui capture des enfants dans un village d’Europe de l’Est en plein 13e siècle, les sacrifie et ressuscite leurs âmes en une entité monstrueuse qui s’appelle Lillium. Je serais producteur à Hollywood, je signe tout de suite. Il y a en effet de quoi faire un film à tout péter. Mais nous ne sommes pas au cinéma, nous sommes dans la musique et il faudra adresser quelques félicitations au type qui a conçu ce scénario. Mais quand on va justement entendre la musique de cet album ʺRats & ravensʺ, les félicitations vont d’abord se transformer en interrogations, et carrément en réprobations quand on va se mettre à écouter le chant.
Eh oui, il arrive que parfois, on ne puisse pas tout faire et il faudrait savoir déléguer. En appliquant le sain principe de la division internationale du travail, on aurait pu faire de cet album quelque chose d’intéressant. On aurait ainsi eu le patron du groupe, George Anderson (également connu sous les sobriquets d’Aleister Sinn ou Sinn tout court) qui aurait imaginé le scénario de son disque et éventuellement écrit les paroles des chansons. On aurait eu un guitariste qui aurait écrit la musique et surtout, on aurait eu un chanteur recruté pour l’occasion et qui aurait été un vocaliste d’exception sans qu’on se pose la question de savoir s’il était capable de lire ou d’écrire. Mais il s’avère que c’est George Anderson qui a tout fait dans ce disque. Il a eu une bonne idée de base, il a été beaucoup moins inspiré pour la musique (un thrash metal avec des éléments death et doom dépourvus de toute originalité) et il a surtout été très mal inspiré de s’occuper lui-même du chant. En préparant cette chronique, j’ai pu lire sur un blog de critiques d’albums que quelqu’un avait comparé le chant de George Anderson à celui de King Diamond, sous prétexte que George Anderson avait été membre d’un groupe de reprises du célèbre chanteur de Mercyful Fate, appelé Grandma. Les névroses, ça ce soigne… Comment peut-on oser comparer le grand King Diamond, l’homme aux cinq octaves et demi, à un hurleur qui tente de grimper sur les aigus avec la grâce d’un violon désaccordé ?
Car si on peut trouver des qualités à cet album, avec son heavy metal conformiste mais écoutable ou le pedigree des musiciens (le guitariste Steve Smyth, ex-Dragonlord, ex-Testament, ex-Vicious Rumors, ex-Forbidden, ex-Nevermore ; le bassiste Stephen Goodwin, ex-Vicious Rumours ; le batteur Wes Anderson, ex-S.O.S.A., ex-Blind Illusion, ex-Yigael’s Wall, ex-Les Claypool, quand même…), on reste lourdement sur sa faim face au chant et à la production. Car la réaction très professionnelle du producteur a eu des conséquences graves sur l’ensemble du disque. Le type s’est dit que, comme le chant était insupportable, il n’y avait qu’à le fondre dans le mixage, comme ça on l’entendrait moins. L’idée est louable mais elle contribue à installer sur ce disque un son boueux et brouillon. C’est dommage car quelques compositions (ʺBody ratsʺ, ʺAm I deadʺ) ont leurs grands moments d’émotion et de puissance (si l’on veut bien faire abstraction des hurlements calamiteux du chanteur).
Il s’avère que ces deux bonnes chansons sont les dernières de l’album. Donc, si vous voulez aller au plus vite et vous éviter des souffrances auditives sur ce disque, commencez directement par la fin.
Le groupe :
George Anderson (chant et guitare)
Steve Smyth (guitare)
Stephen Goodwin (basse)
Wes Anderson (batterie)
L’album :
ʺDark Heartʺ (00:54)
ʺThey Come At Nightʺ (05:49)
ʺLiliumʺ (04:16)
ʺThe Witchʺ (05:50)
ʺDon’t Cry For Helpʺ (05:43)
ʺThree And Nineʺ (05:29)
ʺForest Of The Screaming Treesʺ (05:49)
ʺRoom For Oneʺ (05:38)
ʺBody Ratsʺ (08:42)
ʺAm I Deadʺ (06:56)
https://thisbandisfromhell.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/thisbandisFROMHELL/
Pays: US
Fastball Music
Sortie: 2020/05/22