FEAR FALLS BURNING – Function collapse
Fear Falls Burning n’est pas le groupe de tout le monde. D’abord, ce n’est pas un nom de groupe mais c’est le nom d’un artiste. Et ce n’est pas le seul nom de cet artiste puisque le monsieur en question, Dirk Serries, est un adepte des pseudonymes. Ce garçon né en 1968 à Anvers s’est aussi appelé Vidna Obmana au moment du développement de sa carrière musicale entre 1985 et 2005. Sous cette appellation, Dirk Serries a sorti une bonne quarantaine d’albums en vingt ans. Ce rythme stakhanoviste a été permis par la nature même de la musique jouée par Dirk Serries, un drone ambient qui permet de poser un micro enregistreur devant un frigidaire pendant une heure et d’en faire un album. Le drone ambient permet de sortir un nouvel album chaque fois qu’on tond sa pelouse, pour peu qu’on ait posé un micro sur la tondeuse.
Quand Dick Serries a repris son parcours musical sous son nom de naissance en 2008, il nous en a remis pour près de 25 albums réalisés en une dizaine d’années, que ce soit en solo ou en association avec d’autres artistes, comme Steve Roach, Chiehi Hatakeyama, Hakobune, Steven R. Smith ou le légendaire Aidan Baker, musicien canadien qui affiche pas moins de 116 albums réalisés en 17 années. Ces gens-là ont mis le productivisme à des niveaux inégalés et il faut d’office s’acheter une ou deux armoires Ikea avant de se lancer dans la collection complète de leurs albums.
Et maintenant, Dirk Serries révèle un troisième visage, celui de Fear Falls Burning. Ce projet court en même temps que la carrière solo de Dirk Serries et n’en est qu’à une quinzaine de disques en douze ans. Bon, ça a l’air indigent comme ça mais c’est tout de même plus que toute la discographie de Metallica depuis 35 ans. Le dernier album en date s’appelle ʺFunction collapseʺ et sort sur le label Consouling, grand spécialiste de la musique des sphères et de l’avant-garde indéfendable.
Même si c’est une cause perdue d’avance pour beaucoup, je vais quand même défendre ce disque, qui se compose de deux longs morceaux tournant chacun autour du quart d’heure et qui font patiemment monter des ondes sonores partant d’une vibration minimale pour s’amplifier au fur et à mesure et terminer dans des vrombissements de guitares ou de percussions, quand ce n’est pas du saxophone, comme sur la seconde partie. Il faut avoir l’oreille et le mental particulièrement formés pour ce genre d’exercice, qui ne s’adresse en aucune manière aux fans de rock sudiste, de musique militaire chinoise ou d’Ed Sheeran.
Si vous survivez à ce genre de parcours sonore, vous êtes mûrs pour tout écouter. De mon côté, je suis content puisque je vais bientôt tondre ma pelouse un de ces week-ends (où il daignera ne pas pleuvoir) et je vais donc passer encore une fois un grand moment musical. Et s’il pleut, j’écouterai la pluie tomber et ce sera aussi une belle expérience sonore.
Le groupe :
Dirk Serries (guitare, effets)
Tim Bertilsson (batterie)
Colin Webster (saxophone)
L’album :
Part one (17:39)
Part two (13:26)
https://fearfallsburning.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/Fear-Falls-Burning-200825863287688/
Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2019/04/12