CHEER-ACCIDENT – Chicago XX
Pour comprendre le titre de ce nouvel album de Cheer-Accident, ainsi que sa pochette, il faut avoir auparavant une petite connaissance du groupe Chicago, combo énorme outre-Atlantique (53 ans de carrière, 37 albums, près de 100 millions d’exemplaires vendus). Chez les Américains, ce groupe est une institution, avec une résidence quasi-permanente dans le Billboard 200 à chaque sortie d’album, dont cinq numéros un de suite entre 1972 et 1975. Chicago joue du brass rock, c’est-à-dire un rock assez progressif avec une section de cuivres qui joue un rôle important. Il faut aimer, c’est une question de goût. Chicago est également connu pour numéroter chacun de ses albums, dans une large majorité, et le comptage reprend toujours, même après un album ayant été doté d’un titre en bonne et due forme. Dans ce compte, les best of et les albums live sont également répertoriés.
Les hommes de Cheer-Accident se sont ainsi aperçus que ce qui aurait dû être le vingtième album studio de Chicago en 1989 a en fait été un best of (ʺGreatest hits 1982-1989ʺ). Il n’y a donc pas eu de ʺChicago XXʺ studio officiel, avec de nouveaux morceaux et tout, et tout. Qu’à cela ne tienne, Cheer-Accident s’est dit qu’il allait remédier à ce manque en faisant son propre ʺChicago XXʺ, non pas à la manière du brass rock pompeux de Chicago, mais dans la veine du tout premier album de ce groupe, quand il s’appelait encore Chicago Transit Authority et qu’il faisait un excellent heavy rock progressif. En ce sens, le premier album de 1969 est tout à fait recommandable, c’est d’ailleurs le seul que je vous conseillerais d’écouter.
Et voilà Thymme Jones (batterie,chant, trompette, Moog, claviers, harmonica), Jeff Libersher (guitare et chant), Andrea Faught (trompette, mélodica, recorder), Charles Dudley Bayne III (claviers), Carmen Armillas (chant), Greg Beemster (chant), Dante Kester (basse), Evelyn Davis (piano, chant, mélodica) et Sacha Mullin (chant) partis dans un exercice de reconstitution qui va rapidement – et heureusement – s’éloigner des présupposés de départ en lançant dans nos oreilles un rock moderne et futé, entre heavy rock psychédélique (ʺLike something to resemble ʺ, ʺPlea bargain ʺ), prog synthétique à la Todd Rundgren (ʺDiatoms ʺ), brass rock jupitérien, il en fallait quand même (ʺI don’t believe ʺ, ʺThings ʺ), grunge cool (ʺLife ring hollow ʺ) et même tentatives indus déshumanisé à la Residents (ʺIntimacy ʺ, placé en premier titre et qui inquiète d’entrée de jeu quant à la suite des événements). L’album se termine un peu comme il a commencé, avec une dérive vers des sonorités décalées et inquiétantes, genre musique de films d’horreur à la John Carpenter (ʺSlowly for awhile ʺ).
En réussissant cet album varié, inventif et néanmoins accessible, Cheer-Accident revient toujours plus en force depuis son retour après quelques années d’absence, marqué par les albums ʺPutting off deathʺ (2017) et ʺFadesʺ (2018). Une vérité de plus en plus évidente commence alors à prendre forme dans nos esprits : Cheer-Accident est un groupe à suivre.
Le groupe :
Thymme Jones (batterie,chant, trompette, Moog, claviers, harmonica)
Jeff Libersher (guitare et chant)
Andrea Faught (trompette, mélodica, recorder)
Charles Dudley Bayne III (claviers)
Carmen Armillas (chant)
Greg Beemster (chant)
Dante Kester (basse)
Evelyn Davis (piano, chant, mélodica)
Sacha Mullin (chant)
L’album :
ʺIntimacy (2:10)
ʺLike Something to Resemble (4:39)
ʺPlea Bargain (4:09)
ʺDiatoms (2:57)
ʺLife Rings Hollow (5:38)
ʺI Don’t Believe (7:37)
ʺThings (5:50)
ʺSlowly for Awhile (4:22)
https://www.facebook.com/CheerAccident/
Pays : US
Cuneiform Records
Sortie: 2020/02/28