CALIBAN – Zeitgeister

À l’écoute de ce nouvel opus des Allemands de Caliban, je me posais deux questions. La première était de savoir pourquoi le groupe d’Andreas Dörner et Marc Görtz présentait ce disque comme un EP alors qu’il contient neuf titres pour 32 minutes de musique, une quantité tout à fait digne d’une album long format normal. La seconde était plutôt un étonnement de voir Caliban revenir à une saine violence après avoir flirté sur son précédent disque ʺElementsʺ avec de la mélodie qui mettait en danger sa réputation de gros dur du metalcore.

Les réponses sont vite arrivées. Si Caliban a choisi de sortir un EP avec des chansons puissantes, c’est tout simplement parce que ces chansons étaient déjà dans des albums précédents du groupe. Le secret était que le groupe avait choisi de les retraduire en allemand, sa langue maternelle, pour en faire une sorte de best of dans la langue de Goethe au lieu de celle de Shakespeare. L’idée est intéressante et finalement assez originale mais ce n’est pas n’importe quel groupe qui peut se permettre ce genre d’astuce. Il faut d’abord avoir une longue carrière derrière soi pour pouvoir choisir les morceaux les plus pertinents de sa discographie. Et il faut aussi avoir chanté en anglais alors qu’on parle une autre langue à la maison. Cela ferme la porte à tous les groupes anglophones qui, en général, ne parlent pas d’autres langues. Le seul exemple qui me vient en tête (mais peut-être y en a-t-il d’autres) sont les albums ʺRépressionʺ et ʺMarche ou crèveʺ de Trust, qui avaient été édités en version anglaise, permettant au groupe français de se faire entendre dans le monde anglo-saxon.

Pour en revenir à Caliban, les Allemands ont donc mis à profit peur période de confinement due à la COVID pour revêtir les habits de traducteurs et s’intéresser aux morceaux les plus représentatifs de leur discographie. C’est ainsi que les morceaux ʺArena of concealmentʺ (album ʺA small boy and a grey heavenʺ, 1999), ʺI will never let you downʺ (album ʺThe awakeningʺ, 2007), ʺTyranny of small miseryʺ (album ʺVentʺ, 2001), ʺBetween the worldsʺ (album ʺShadow heartsʺ, 2002), ʺAll I gaveʺ (album ʺSay hello to tragedyʺ, 2009), ʺIntoleranceʺ (album ʺA small boy and a grey heavenʺ, 1999) et ʺMy little secretʺ (album ʺThe opposite from withinʺ, 2004) sont respectivement devenus ʺTraumaʺ, ʺHerzʺ, ʺAusbruch nach Innenʺ, ʺFeuer, zieh’ mit mirʺ, ʺNichts ist für immerʺ, ʺIntoleranzʺ et ʺMein Infernoʺ. On constate qu’il n’y a aucun titre en provenance d’albums postérieurs à 2009, peut-être un aveu de la part de Caliban lui-même que ces morceaux plus récents sont moins percutants que ceux des débuts. Ceci est peut-être aussi confirmé par le fait que le seul morceau nouveau de cette sélection, ʺnICHtsʺ, se révèle le plus faible de l’ensemble.

Mais en général, grâce également au fait que les titres ont été réenregistrés, cet EP est très sympathique car soutenu par une impeccable puissance sonore. Caliban se rappelle à notre bon souvenir en nous donnant envie d’aller réécouter ses premiers albums pour faire des comparaisons. La proposition est alléchante, d’autant qu’elle concerne l’âge d’or du groupe, qui semble depuis être stabilisé sur une vitesse de croisière qui sent plutôt la routine. Ces vieux morceaux ont la patate et le fait que c’est le nouveau titre ʺnICHtsʺ qui est ici le plus décevant devrait alerter les auditeurs sur le risque que le prochain album de Caliban pourrait bien être handicapé par les mêmes défauts qui avaient rendu ʺElementsʺ assez décevant. Mais on peut toujours espérer un rebond du groupe sur le terrain de l’inspiration.

Le groupe :

Andreas Dörner (chant)
Denis Schmidt (guitare)
Marc Görtz (guitare)
Marco Schaller (basse)
Patrick Grün (batterie)

L’album :

ʺZeitgeisterʺ (1:18)
ʺTraumaʺ (3:19)
ʺHerzʺ (3:29)
ʺAusburch nach Innenʺ (5:01)
ʺFeuer, zieh’ mit mirʺ (3:44)
ʺNichts ist für immerʺ (3:46)
ʺIntoleranzʺ (3:42)
ʺMein Infernoʺ (3:40)
ʺnICHtsʺ (4:06)

https://www.facebook.com/CalibanOfficial

Pays: DE
Century Media
Sortie: 2021/05/14