CACTUS – The birth of Cactus 1970
C’est un document sonore et historique qui nous arrive ici du label Purple Pyramid, qui édite ce qui est considéré comme la toute première prestation scénique du mythique groupe Cactus, le 16 mai 1970. Pour rafraîchir nos mémoires et replonger dans nos manuels d’histoire du rock, rappelons que Cactus était un pilier du début des années 70, au moment de l’apparition du hard rock aux États-Unis, sous l’influence du blues, alourdi par les groupes anglais dans un premier temps (Led Zeppelin) et rendu aux Américains qui se sont aussi lancés dans l’aventure hard rock avec des formations légendaires comme Mountain, Grand Funk Railroad, les Amboy Dukes de Ted Nugent, les MC5 et les ici présents Cactus.
Cactus est la résultante de la rencontre de trois groupes : Vanilla Fudge (avec le batteur Carmine Appice et le bassiste Tim Bogert), le guitariste Jim McCarty qui arrive des ruines fraîches de Mitch Ryder & The Detroit Wheels, et Rusty Day qui vient d’être viré de chez les Amboy Dukes. On est fin 1969 et les quatre hommes, qui ont attentivement écouté les deux premiers albums de Led Zepppelin, décident de s’engouffrer dans la même voie, d’où leur titre de Led Zeppelin américain, acquis après la parution du premier album ʺCactusʺ en juillet 1970. Nous n’allons pas rappeler à nos lecteurs que cet album est un classique des classiques du hard rock et que son acquisition est obligatoire.
Le groupe l’enregistre en février 1970 au petit studio Ultra-Sonic de Long Island, près de New York, pas loin de la demeure de leur manager Phil Basile. Jim McCarty surnommera cet album « The methedrine album », en raison de l’important stock de speed qui a été absorbé par les musiciens durant sa confection. Mais en attendant la sortie de l’album, les gens de Cactus n’ont rien de spécial à faire, alors pourquoi ne pas aller se faire les dents sur scène afin de se préparer aux tournées futures qui suivront la sortie de l’album ? L’occasion se présente en mai 1970, au moment d’un concert de Jimi Hendrix au Temple Stadium de Philadelphie. Bien entendu, Cactus connaît déjà très bien Hendrix du fait des activités de Vanilla Fudge qui avait eu l’occasion d’approcher le Maître à de nombreuses reprises. Il n’en faut pas plus pour que Cactus soit programmé sur la liste des groupes qui doivent ouvrir pour Hendrix en ce soir du 16 mai 1970. Matez un peu le programme, ça vaut son pesant de buvards de LSD : Steve Miller Band, puis Grateful Dead et enfin Jimi Hendrix. Quatre groupes sont sur l’affiche et beaucoup d’entre eux ont l’habitude d’étirer leurs concerts en longueur. Je ne vous dis pas ce que ça a dû être. À l’époque, les couvre-feux à 22h00 pour permettre au public de pouvoir rentrer gentiment dans les pavillons de banlieue par le métro ou le train, on s’en tapait royalement le coquillard.
Cactus foule donc les planches du Temple Stadium le premier et il est totalement inconnu du public. Sa prestation de 40 minutes ne va pas tarder à séduire l’auditoire. Ce qui est intéressant sur la set list jouée, c’est qu’elle propose déjà trois titres qui vont figurer sur le deuxième album de Cactus, ʺOne way… or anotherʺ qui paraîtra au début de 1971. On commence d’ailleurs avec une version instrumentale plus ou moins improvisée de ʺOne way… or anotherʺ qui met tout de suite les pendules à l’heure. Cactus joue fort, cogne puissamment et la guitare de Jim McCarty révèle un instrumentiste hors-pair. Le groupe continue dans le futur deuxième album avec ʺSweet sixteenʺ, jouée très blues et un peu plus lentement que sur la version finale. ʺNo need to worryʺ est également un blues torride, qui précède l’efficace medley ʺLet me swim / Big mama boogie / Oleoʺ qui envoie du lourd et du rapide en matière technique, tant du point de vue de la guitare que de la section rythmique qui révèle les talents extraordinaires de Carmine Appice et Tim Bogert. C’est encore Carmine Appice qui s’octroie la vedette sur ʺFeel so goodʺ, avec un de ces solos de batterie fulgurants donc il a le secret. Et on termine avec une reprise au plutonium de ʺParchman farmʺ, qui sera le premier titre du premier album de Cactus, tel que les auditeurs pourront le découvrir en mettant la main dessus dans les bacs le 1ER juillet 1970.
Toutes ces aventures se sont déroulées il y a bien longtemps mais l’impact de Cactus et sa modernité sont toujours bien réels. On n’a pas besoin de préciser que les fans de hard rock des Seventies vont se précipiter toutes Harley-Davidson hurlantes sur ce live ʺBirth of Cactusʺ, qui bénéficie d’un son très correct, si on n’est pas trop regardant sur le mixage. Mais chaque musicien est parfaitement audible sur cet enregistrement, qui est un trésor pour tous ceux qui en veulent toujours plus concernant Cactus.
Le groupe :
Jim McCarty (guitare)
Rusty Day (chant)
Tim Bogert (basse)
Carmine Appice (batterie)
L’album :
ʺOne way… or anotherʺ
ʺSweet sixteenʺ
ʺNo need to worryʺ
ʺLet me swim / Big mama boogie / Oleoʺ
ʺFeel so goodʺ
ʺParchman farmʺ
Pays: US
Purple Pyramid Records
Sortie: 2022/01/21