BRUN, Baptiste – Origin
Baptiste Brun s’est fait connaître avec Stolen Memories, un groupe qui a malheureusement disparu et dont l’album ʺParadoxʺ (2017) avait été bien reçu par le public et la critique mais n’avait pas été promotionné correctement par son label. Mais Baptiste Brun, originaire de Lyon (comme le fameux Monsieur Brun de Pagnol), ne s’est pas laissé démonter et a plutôt bien rebondi avec ce premier album solo ʺOriginʺ, dans lequel il fait tout tout seul, de la composition des morceaux jusqu’à leur exécution avec tous les instruments, ainsi que la production.
Baptiste Brun est autodidacte en musique, il a tout appris tout seul et se révèle extrêmement doué. Son album ʺOriginʺ est dédié à la guitare, celle des guitar-heroes l’ayant influencé, comme Patrick Rondat, Tony Macalpine, Steve Vai, Marty Friedman, Michael Romeo et Kiko Loureiro. Dans cet album, ce sera donc guitare en entrée, guitare en plat et guitare en dessert, avec le plateau de fromages cachant encore un peu de guitare. Tout est instrumental, on ne s’embête pas avec du chant et des textes sur l’environnement ou la navigation en haute mer.
Notre guitariste a eu tout le temps de peaufiner son album avec la pandémie de Covid et il a réalisé ici un travail touffu, le rêve de sa vie, en quelque sorte. L’album est placé sous le symbole du chiffre huit : sa guitare est équipée de huit cordes, il y a huit morceaux et on retrouve le chiffre huit sur la couverture de l’album. C’est donc eight, eight, eight, the number of the guitarist qui régit le scénario de l’album.
L’atmosphère générale est au heavy rock, bien trempé et solidement technique. Baptiste Brun est un shredder confirmé qui n’hésite pas à utiliser en masse les techniques courantes chez les fous du manche : tapping, sweeping, legato, vibrato, sustain et tout le toutim. Même s’il est un technicien confirmé, Baptiste brun parvient à éviter plusieurs pièges. D‘abord, celui du premier album, qui pousse souvent le nouvel artiste à y mettre des tas de morceaux et une multiplicité de genres qui représentent toutes ses influences, au détriment de la cohérence. On a ici huit morceau et il n’y a rien de trop. Ensuite, la tentation d’en faire des tonnes sur le manche, en faisant régner la froide mécanique de la technique pure au détriment de la sensibilité. Ici pas de solos de vingt minutes mais des titres concis limités à cinq minutes environ, et surtout une capacité à transposer sur la partition et le déroulé des arpèges un feeling visible.
Et donc, si l’album de Baptiste Brun parcourt le sillon déjà bien usé de l’album de guitare instrumentale (les albums de Steve Vai ou de Patrick Rondat résument à eux seuls le genre), il reste intéressant pour ceux qui aiment repérer toutes les subtilités de la guitare quand elle est entre les mains d’un technicien surpuissant. On appréciera particulièrement les morceaux ʺUntoldʺ, ʺChimeraʺ, ʺLost in timeʺ, ʺThe elementʺ ainsi que le beau final ʺAbyssʺ, qui révèlent un musicien doué et sensible.
Si ʺOriginʺ se laisse écouter avec bonheur, j’ai du mal à imaginer une suite de carrière reposant sur 17 albums du même genre. Espérons que Baptiste Brun saura par la suite alterner des activités avec un nouveau groupe et des performances solo, histoire de varier les plaisirs.
Le groupe :
Baptiste Brun (guitare, basse, programmation rythmique)
L’album :
ʺUntoldʺ (05:12)
ʺVirtual harmonyʺ (05:05)
ʺChimeraʺ (04:13)
ʺLost in timeʺ (05:16)
ʺStormʺ (04:32)
ʺLunar requiemʺ (05:16)
ʺThe elementʺ (04:03)
ʺAbyssʺ (07:27)
https://baptistebrun.bandcamp.com/album/origin
https://www.facebook.com/baptiste.brun.583
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2022/02/18