BEWITCHER – Cursed by thy kingdom
Nous sommes à Portland, Oregon, en 2013. Deux petits hirsutes décident de mettre en musique leurs obsessions pour le heavy metal des années 80, celui d’avant la division cellulaire en thrash metal, black metal, death metal et toutes les sous-chapelles imaginables, celui des pères fondateurs Judas Priest, Motörhead, Anvil, Exciter, Angeles Del Infierno, Jaguar, Accept ou Armored Saint. Bref, le cuir et les clous mais plutôt dans leur version bottes mexicaines et rivets de motocyclettes chromées. C’est ainsi que naît Bewitcher, autour de M. von Bewitcher et A. Magus.
Après avoir sorti des démos à la cadence d’une usine de chars russes, les deux metalheads s’associent avec un batteur pour passer à la vitesse supérieure. On est alors en 2016 et Bewitcher sort son premier album éponyme, ce qui lui ouvre les portes des circuits de concerts nord-américains et européens, notamment en ouverture de Visigoth, Savage Master ou Holy Grail. Ce premier album éponyme glane quelques aficionados sur son passage, qui sont ravis de se prendre en pleine figure la suite des événements en 2019, sous la forme du deuxième album ʺUnder the witching crossʺ.
Le style de Bewitcher est franc et direct, sans fioritures et dédié au true metal des années 80. Le label Century Media se dit alors que ce style revival pourrait bien séduire les vieux de la vieille qui secouaient leurs juvéniles crinières dans leur chambre ou dans les concerts de Judas Priest ou de Saxon, à une époque où les poseurs de Greta Van Fleet n’étaient même pas nés. Un contrat est donc signé et permet la sortie du troisième album ʺCursed be thy kingdomʺ sur une échelle internationale permettant de révéler les talents certains de Bewitcher.
Les choses seront néanmoins assez tortueuses pour arriver à faire ce premier album. Il faut deux ans de travail acharné, une épidémie de grippe couillue et la patience du producteur Armand John Anthony (Night Demon) et le mixage de Cameron Webb (Motörhead, Megadeth) pour porter sur les fonts baptismaux cette galette brûlante et énergique à souhait. Bewitcher lâche toute son énergie possible pour dévaster les tympans de ses fans avec un esprit sauvage et fier, dans la lignée des groupes qui étaient les plus rudes des années 1981-82, genre Anvil, Exciter, Tygers Of Pan Tang, Waysted, Tokyo Blade ou Loudness. On se laisse endormir faussement par une petite introduction à la guitare sèche, façon western (ʺAsheʺ), avant que des hordes de bikers pétant le feu ne nous taillent des costards à la machette électrique avec ʺDeath returnsʺ (et sa basse maidenienne), un ʺSatanic magick attackʺ, joué à la teutonne, genre Accept/Grave Digger, un ʺElectric phantomʺ résumant un choc entre Judas Priest et Loudness, un superbe et claquant ʺMystifier (White night city)ʺ et d’autres joyeusetés savamment boulonnées à même la tôle et toujours interprétées avec le souci de se donner à 200%. Preuve que ces gens sont de véritables connaisseurs de la chose métal classique, Bewitcher nous finit avec une reprise en acier trempé du ʺSign of the wolfʺ de Pentagram. Plus authentique, on ne peut pas.
On se croirait donc revenus en 1982, mais avec un œil neuf jeté par Bewitcher sur le heavy metal à qui tous les sous-genres modernes doivent tout. Il est parfois salutaire de redescendre des branches de l’arbre généalogique pour retrouver l’ancêtre commun qui en tient toujours solidement le tronc. Bewitcher est là pour ça : aider les amateurs de métal à faire cet indispensable devoir de mémoire.
Le groupe :
M. von Bewitcher (chant et guitare)
A. Magus (basse et chœurs)
A. Hunter (batterie et percussions)
L’album :
ʺAsheʺ (01:42)
ʺDeath Returns…ʺ (03:06)
ʺSatanic Magick Attackʺ (03:30)
ʺElectric Phantomsʺ (04:17
ʺMystifier (White Night City)ʺ (04:13)
ʺCursed Be Thy Kingdomʺ (02:56)
ʺValley of the Ravensʺ (05:23)
ʺMetal Burnerʺ (03:03)
ʺThe Widow’s Bladeʺ (05:20)
ʺSign of the Wolfʺ (02:48)
https://www.facebook.com/BewitcherOfficial
Pays: US
Century Media
Sortie: 2021/04/16