BERGE, Bjorn – Who else?
En matière de blues, la domination anglo-saxonne semble insurmontable. Les Etats-Unis, surtout, ont initié le genre il y a déjà un siècle, ont inspiré le Royaume-Uni dans les années 60 puis ont repris le truc en main pour demeurer les maîtres du domaine. Par conséquent, tout autre pays qui tenterait de proposer un challenger aux tout-puissants Américains risque de voir ses efforts disparaître dans le néant. Il y a pourtant du beau linge à découvrir dans ces pays qui ne sont pas l’Amérique mais qui possèdent parfois des artistes semblant arriver directement des champs de coton du Mississippi ou des faubourgs industriels de Chicago. Nous partons aujourd’hui en Norvège pour découvrir un de ces artistes déjà bien rôdés et qui mérite qu’on le découvre davantage : Bjorn Berge.
Ce solide viking qui vient de franchir la cinquantaine a déjà plus d’une vingtaine d’années de carrière derrière lui et a constitué sa discographie avec patience et ténacité. A l’époque des premiers albums ʺBjorn Bergeʺ (1997) et ʺBlues hit meʺ (1999), notre homme n’est encore qu’un vagabond armé de sa seule guitare qui traîne de ville en ville à la recherche d’un club qui voudrait bien de lui. C’est durant ces années de vaches maigres que Bjorn Berge apprend à jouer seul, si bien qu’il continuera à réaliser tout seul ses futurs albums.
Et des disques, il y en a, surtout à partir de ʺBag of nailsʺ (2000), qui est l’album qui fait découvrir Bjorn Berge dans son propre pays : ʺStringmachineʺ (2001), ʺIllustrated manʺ (2002), ʺSt. Slideʺ (2004), ʺWe’re gonna grooveʺ (2006), ʺI’m the antipopʺ (2007), ʺFretworkʺ (2009), ʺBlackwoodʺ (2011), ʺBlack fingers ballʺ (2013), auxquels on ajoute l’album live « Live in Europe » (2008) qui racontait le passage de Bjorn Berge sur les scènes européennes l’année précédente. A ce propos, ceux qui étaient au concert de Joe Bonamassa à l’Ancienne Belgique en 2007 ont pu voir Bjorn Berge en première partie asséner un show magistral.
Il faut finalement attendre six ans pour voir revenir Bjorn Berge sur album, avec ce nouveau ʺWho else?ʺ qui montre le bluesman norvégien évoluer avec d’autres musiciens accompagnateurs. C’est Kjettil Ulland (basse) et trois batteurs sur différents titres (Odin Staveland, Kim Christer Hylland, Vidar Støyva) qui soutiennent la guitare et le chant de Bjorn Berge, avec des chœurs signés Dagny Christophersen. Musicalement, le bon Bjorn nous cale entre les oreilles un blues rock soyeux et musclé, avec une suave voix d’ours en mode séduction et des compositions d’où il laisse sourdre des solos hendrixiens tout en équilibrant les propos entre solidité et finesse (ʺMonkey shipʺ, ʺMr. Bonesʺ, ʺBitter sweetʺ, ʺSpeed of lightʺ). Cette intéressante mixture pourrait se résumer en la rencontre de Brant Bjork et de J.J. Cale, si on veut simplifier.
L’ensemble est assez classique mais on sent tout de suite la poigne bien personnelle de Bjorn Berge sur le manche, signe que le bonhomme a un style à lui. Voilà qui donne envie de le voir sur scène mais pour le moment, seuls les habitants de la région d’Arlon et Virton auront le moins d’efforts à faire pour voir Bjorn Berge en concert le 29 mars 2019 au club du Gueulard à Nilvange, juste à l’est de Thionville en France.
Pays: NO
Blue Mood Records
Sortie: 2019/02/01