BATTLE BEAST – Steelbound
Il y a des groupes qui ne dévient jamais de leur route, même quand le vent tourne. Battle Beast fait partie de cette espèce-là : des artisans du heavy metal flamboyant, droits dans leurs bottes, nourris à Judas Priest, Heart et à la fièvre scandinave des 80’s. Avec Steelbound, leur septième album, les Finlandais prouvent qu’ils savent encore forger des hymnes aussi lourds qu’accrocheurs.
Formé en 2008 à Helsinki, Battle Beast a d’abord percé grâce à son premier album Steel (2011), un manifeste d’amour pour le heavy classique — riffs mordants, refrains héroïques et claviers chatoyants. Après le départ de leur fondateur Anton Kabanen (qui ira fonder Beast in Black), le groupe aurait pu vaciller. Mais la tornade Noora Louhimo, arrivée en 2012, a tout changé : une voix de feu, entre puissance et élégance, capable de faire frissonner les murs d’une salle entière. Autour d’elle gravitent les fidèles Juuso Soinio (guitare), Joona Björkroth (guitare lead), Eero Sipilä (basse), Janne Björkroth (claviers) et Pyry Vikki (batterie).
Le groupe affiche une discographie déjà bien garnie : Battle Beast (2013), Unholy Savior (2015), Bringer of Pain (2017), No More Hollywood Endings (2019) et Circus of Doom (2022). Autant de chapitres d’une épopée où le metal est aussi mélodique qu’excessif — et fièrement assumé.
Sorti le 17 octobre 2025 chez Nuclear Blast, Steelbound s’inscrit dans la continuité logique du groupe : production monumentale, refrains taillés pour les stades, claviers omniprésents et cette sensation de grandeur nordique. Mais cette fois, Battle Beast a affûté sa lame. Moins clinquant que Circus of Doom, plus organique et viscéral, l’album respire la sincérité.
Dès l’ouverture avec “The Burning Within”, le ton est donné : double pédale, guitares tranchantes, Noora rugit, et le refrain s’élève comme un cri de liberté. Vient ensuite “Here We Are”, premier single dévoilé avec un clip énergique, qui résume tout l’esprit du groupe — fédérateur, lumineux, sans calcul.
Le morceau-titre, “Steelbound”, enfonce le clou : un hymne taillé pour la scène, où la voix et les chœurs se livrent un duel d’électricité pure.
Quant à “Last Goodbye”, ballade épique et mélancolique, elle montre un visage plus humain, presque fragile, de Battle Beast.
Enfin, “Angel of Midnight”, autre titre clippé, vient rappeler que derrière les paillettes, le groupe sait encore faire parler la foudre.
Noora Louhimo, impériale, prouve encore qu’elle est l’une des plus grandes frontwomen de la scène metal actuelle. L’album est fait de titres caractérisés par des mélodies qui restent en tête instantanément dès la première écoute. Comme toujours, il bénéficie d’une production puissante mais lisible qui met autant en valeur les guitares que les synthés. Avec comme résultat, une matière parfaite et un concentré d’énergie scénique palpable, même sur disque.
Les esprits chagrins reprocheront à ce nouvel opus que certains refrains flirtent un peu trop avec la pop FM (The Long Road, Twilight Cabaret) et que le groupe se contente d’une prise de risque limitée: Battle Beast reste dans son couloir, avec talent, mais sans véritable surprise.
Bref, Steelbound n’est pas une révolution, mais une confirmation. Battle Beast ne cherche pas à plaire à tout le monde : il joue pour ceux qui aiment les refrains héroïques, les guitares clinquantes et le metal au grand cœur. C’est un album de passion, sincère, solide comme l’acier dont il porte le nom.