AVATAR – Hunter gatherer
Ayant désormais atteint un niveau qui le rend très compétitif sur l’échiquier du métal mondial, Avatar est un des plus sérieux prétendants au trône, prêt à faire tomber du piédestal les princes qui se disputent la couronne au plus haut sommet. Marilyn Manson étant tombé depuis longtemps, ça en fait un de moins à combattre mais il reste encore les coriaces Sabaton ou Volbeat à bousculer. Sabaton, Volbeat, Avatar… Mais ce sont tous des Scandinaves, ces gens-là. Mais où sont donc passés les Américains et les Anglais ? Affaire à suivre.
Pour le moment, Avatar progresse inlassablement sur l’échiquier. Il a déjà placé quelques pions stratégiques qui lui ont ouvert les portes du marché américain. ʺHail the apocalypseʺ (2014) s’était placé à la 97e place du Billboard américain, ouvrant la voie à son successeur ʺFeathers & fleshʺ (2016) qui avait fait 88e. Puis ʺAvatar countryʺ, la grosse percée commerciale du groupe dans le monde, n’avait fait que 132e au Billboard mais avait squatté la deuxième place des charts indépendants américains. Il avait également raflé l’award du meilleur espoir décerné par le magazine Metal Hammer. Et nous voici arrivés au huitième album des Suédois qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, n’est toujours pas classé dans les charts américains.
Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour que cet album ne rencontre pas de succès car, comparé à la quasi auto-parodie du précédent album, ʺHunter gathererʺ revient plutôt vers des lignes sobres. D’abord, il n’est plus question d’albums concepts comme pour les deux précédents disques, mais d’une sélection de chansons dont certaines ont leurs mérites.
Avatar a conçu cet album avec le producteur Jay Ruston (Stone Sour, Slipknot, Anthrax) aux Sphere Studios de Los Angeles, optant pour les vieilles méthodes en matière d’enregistrement. Jouant live dans le studio, Avatar a eu recours à une cassette de deux pouces pour graver ses nouveaux morceaux. Au-dessous de cette technique, c’est le gramophone… Mais si les résultats sont probants au niveau du son, mais qu’en est-il des chansons ? On ne va pas faire les fines gueules, surtout dans ce genre complètement galvaudé qu’est le death metal mélodique à la suédoise, et on va reconnaître que certains titres mettent quelques coups au but. Comme je le disais, Avatar a choisi une ligne plus sobre mais est parfois tombé dans le simplisme, avec des grosses ficelles rythmiques (ʺColossusʺ), de racoleuses pantalonnades death metal (ʺGod of sick dreamsʺ), voire quelques incursions dans le metalcore mélodique (ʺScream until you wakeʺ) et des associations douteuses entre celtisme dansant et métal mélodique (ʺChildʺ).
Par contre, on peut extraire quelques points forts comme les riffs tortueux de ʺSilence in the age of apesʺ, le très beau ʺA secret doorʺ (avec les petits sifflements à la Scorpions qui chatouillent le romantique caché chez tout métalleux), la puissance martiale d’un ʺJusticeʺ troussé façon Slipknot, la ballade ʺGunʺ, classique mais toujours efficace, et le final ʺWormholeʺ avec ses riffs ralentis à la Black Sabbath. Tous ces morceaux révèlent la versatilité intéressante d’Avatar, qui mélange différentes atmosphères, entre violence et recueillement.
Cet album va peut-être réfrigérer quelques ardeurs de fans qui s’attendaient à du clinquant et à du m’as-t-vu mais il est bon de voir Avatar réfréner quelques tendances outrancières pour revenir vers des choses plus directes et pourquoi pas plus sincères. Sans être un chef-d’œuvre bouleversant, ʺHunter gathererʺ met en lumière un groupe qui a encore gardé un peu de raison dans sa philosophie musicale et qui ne sombre pas à pieds joints dans le Grand-Guignol espéré par un public américain toujours plus décérébré.
Le groupe :
Jonas « Kungen » Jarlsby (guitare)
John Alfredsson (batterie)
Johannes Eckerström (chant)
Henrik Sandelin (basse et chœurs)
Tim Öhrström (guitare et chœurs)
L’album :
ʺSilence in the age of apesʺ (4’21)
ʺColossusʺ (4:01)
ʺA Secret Doorʺ (6:06)
ʺGod of Sick Dreamsʺ (3:57)
ʺScream Until You Wakeʺ (4:10)
ʺChildʺ (5:33)
ʺJusticeʺ (4:41)
ʺGunʺ (4:31)
ʺWhen All but Force Has Failedʺ (2:48)
ʺWormholeʺ (5:20)
https://www.facebook.com/avatarmetal/
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2020/08/07