ASKARA – Lights of night
Dark metal symphonique, c’est ainsi que se définit la musique d’Askara. La classification est subtile car elle suggère un groupe qui serait trop lourd pour être gothique et pas assez agressif pour être black metal. Effectivement, quand on découvre le deuxième album ʺLights of nightʺ de ces Bâlois, on tombe sur cette conclusion.
Askara se forme en 2012 autour de Myriam Smithy (chant, piano, également appelée Miril Schmidt), Elia Schmidt (basse et ʺchantʺ), Benjamin Wiesli (guitare) et Raphael Gruenig (batterie). Le combo sort par ses propres moyens un premier album ʺHorizon of hopeʺ en 2016, posant déjà les bases de son style, un croisement entre du Paradise Lost délicat et du Within Temptation aérien.
Il faut attendre six années de plus pour voir arriver la suite, avec ʺLights of nightʺ, semblant indiquer que le temps s’est arrêté pour Askara, qui édite un album similaire au précédent. Nous allons donc pénétrer dans cet album en analysant ses points forts et ses côtés plus faibles car, malheureusement, il y en a.
Les atouts d’Askara reposent sur les qualités techniques de son batteur Raphael Gruenig qui, au moment de la sortie de l’album, a déjà quitté le groupe. On ignore pourquoi il est parti mais en général, quand un membre fondateur quitte un groupe venant à peine de sortir un album, c’est qu’il y a une crise grave qui fermente quelque part. Ou alors c’est parce qu’il est devenu père de famille ou qu’il a été nommé sous-directeur de son agence bancaire parce que Raphael Gruenig n’a apparemment pas d’autre groupe en vue pour la suite de sa carrière, Askara étant, comme pour les autres membres, son unique groupe connu. L’autre point fort repose sur la voix délicate et enchanteresse de la chanteuse Miril Schmidt, qui sert aussi le piano avec un grâce particulière.
Maintenant, si on soulève le tapis, on trouve quelques tas de poussière assez navrants pour ce groupe qui a passé six ans à travailler sur un album qui accouche finalement d’un certain nombre de chansons répétitives, endommagées par une production assez approximative de la guitare et surtout ravagées par les grognements décalés du bassiste Elia Schmidt. Évidemment, quand un bassiste qui a fondé un groupe a également des velléités de chansonnette alors que manifestement, il n’est pas fait pour ça, cela entraine inévitablement le naufrage du projet. Personne n’a le cran de lui dire de la fermer, parce que c’est le patron et qu’il a acheté l’ampli du guitariste, et donc tout le monde part joyeusement sur la route de la catastrophe en tentant de se rassurer quant à l’avenir.
Pour le cas qui nous intéresse ici, c’est un peu comme si un éleveur d’éléphants avait l’idée d’ouvrir aussi un magasin de cristallerie tout en y installant ses chers animaux. Les efforts d’élévation d’Askara, qui sont réels, sont systématiquement ruinés par un chant d’ours mal léché qui tombe systématiquement à côté de sa cible. Ceci est d’autant plus dommage que la voix claire de Miril Schmidt est somptueuse. Mais la belle est systématiquement rejointe par la bête qui insiste toujours pour poser son couplet charbonneux à côté des refrains de cristal posés par la chanteuse.
Il faut aussi compter avec une dynamique d’album qui démarre bien (l’intro ʺThe birth of a starʺ, dotée d’un riff intéressant et original) mais qui va s’enfoncer dans le poussif, en étant toutefois redémarrée régulièrement par de belles balades, qui sont belles parce qu’il y a seulement Miril Schmidt qui chante (ʺHibernationʺ et ʺSeven yearsʺ). À la fin du compte, on se retrouve avec un disque de 52 minutes qui joue dangereusement avec l’ennui, bien qu’on sente une sincérité réelle dans la volonté du groupe d’exprimer ses émotions en musique. Avec le nouveau batteur Emanuel Strebel (qui joue de tout dans son propre groupe death metal Theoptia), on peut espérer un apport de sang neuf et une nouvelle vision qui offrirait de nouveaux horizons musicaux à Askara. Qui vivra verra.
Le groupe :
Myriam Smithy (chant, piano)
Elia Schmidt (basse et chant)
Benjamin Wiesli (guitare)
Raphael Gruenig (batterie)
L’album :
ʺThe Birth of a Starʺ (01:27)
ʺNocturne of Cold Mysteryʺ (04:43)
ʺThrough Fireʺ (05:47)
ʺBy Godʺ (04:30)
ʺTo Ailsa Rockʺ (08:57)
ʺReprise: Harbour Lightsʺ (01:59)
ʺHibernationʺ (05:28)
ʺDark Night of the Soul Pt. Iʺ (04:17)
ʺSeven Yearsʺ (04:58)
ʺViatorʺ (03:53)
ʺThe King’s Songʺ (06:03)
https://www.facebook.com/Askaraband
Pays: CH
Fastball Music
Sortie: 2022/04/08