ARCH ENEMY – Deceivers

Si on excepte l’album de reprises ʺCovered in bloodʺ, sorti en 2019, cela faisait quand même cinq ans qu’on n’avait pas eu droit à un nouvel album d’Arch Enemy. Le groupe de death mélodique suédois animé depuis 1995 par Michael Amott a glané au fil du temps de lourds lauriers vers la gloire, brillant avec ses albums ʺAnthems of rebellionʺ (2003), ʺDoomsday machineʺ (2005), ʺRise of the tyrantʺ (2007) ou ʺKhaos legionʺ (2011) qui emportèrent le groupe vers les positions confortables des charts européens et mondiaux. Bien entendu, l’arme fatale d’Arch Enemy était la chanteuse allemande Angela Gossow, en place de 2000 à 2014 et qui donna au groupe cette force de frappe originale avec des hurlements très peu féminins.

Avec un atout pareil dans le jeu, la séparation du groupe d’avec Angela Gossow était un péril mortel qu’Arch Enemy a failli prendre en pleine face. Les fans radicaux ont eu du mal à accueillir la nouvelle chanteuse Alissa White-Gluz qui a dû se battre sur les albums ʺWar etenalʺ (2014) et ʺWill to powerʺ (2017) pour s’imposer, tâche rendue d’autant plus difficile qu’il fallait quand même admettre que ces derniers albums connaissaient une baisse de régime par rapport aux classiques du passé.

Et avec un album de reprises, aussi sympathique soit-il, les amateurs éclairés du death mélodique d’Arch Enemy avaient encore de quoi se plaindre, un disque de reprises n’étant jamais un bon signe de la bonne tenue de l’inspiration. Mais ici, avec ce nouveau ʺDeceiversʺ, on va pouvoir s’accrocher à sa chaise car le groupe de Michael Amott nous sort du solide, un truc à attaquer le béton avec les dents.

On prévient quand même que c’est album qui ne recèle pas de pépites particulières mais l’ensemble offre une construction solide et bien cohérente. Le côté mélodique du death d’Arch Enemy est même un peu mis de côté pour asséner du riff usiné à chaud et je dirais même que l’aspect death s’efface aussi au profit d’une vision plus heavy metal dans l’acception traditionnelle du terme. Seul le chant d’ours étant tombé sur une ruche pleine d’Alissa White-Gluz maintient ce lien typiquement death mais dans l’ensemble, les amateurs de heavy bien couillu et savamment torché vont pouvoir user de la cervicale sur cet album contenant onze titres, pour la plupart coulés dans la fonte la plus pure.

Le démarrage de l’album vous colle au plafond, avec un quarté gagnant qui cisaille tout : ʺHandshake with hellʺ, ʺDeceiver, deceiverʺ, ʺIn the eye of the stormʺ et l’excellent ʺThe watcherʺ aplatissent tout sur leur passage. Quelques assauts plus grandiloquents n’ôtent cependant pas le pouvoir dévastateur de ʺPoisoned arrowʺ ou ʺSunset over the empireʺ avant que ʺSpreading black wingsʺ ne revienne nous vitrifier une couche d’acier dans le cervelet. Arch Enemy cède à la tentation de la gentillesse avec le délicat instrumental ʺMourning starʺ avant que les deux derniers titres ne lâchent de nouvelles tonnes de ferraille brûlante.

Le rythme est haletant, la production signée Jacob Hansen est prodigieuse et donne une ampleur olympienne à des morceaux qui, sans être forcément les plus originaux du monde, envoient suffisamment de puissance, de hargne et de cohésion pour nous faire passer un grand moment. Arch Enemy signe ici un retour gagnant et se replace dans la course, pouvant même continuer à revendiquer sa couronne de combo endurant et invincible de la scène death mélodique scandinave.

Le groupe :

Michael Amott (guitare)
Daniel Erlandsson (batterie)
Sharlee d’Angelo (basse)
Jeff Loomis (guitare)
Alissa White-Gluz (chant)

L’album :

ʺHandshake with Hellʺ (5:38)
ʺDeceiver, Deceiverʺ (3:51)
ʺIn the Eye of the Stormʺ (4:09)
ʺThe Watcherʺ (4:58)
ʺPoisoned Arrowʺ (3:51)
ʺSunset over the Empireʺ (4:03)
ʺHouse of Mirrorsʺ (3:40)
ʺSpreading Black Wingsʺ (4:46)
ʺMourning Starʺ (1:36)
ʺOne Last Timeʺ (3:49)
ʺExiled from Earthʺ (4:44)

https://www.facebook.com/archenemyofficial/

Pays: SE
Century Media
Sortie: 2022/08/12