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ADNOT (Manuel) et MACADAM ENSEMBLE – Amor infiniti

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Le musicien dont nous allons parler ici se place à la limite des courants musicaux que Music In Belgium a l’habitude d’explorer. Ici, pas de rock, pas de folk, pas de pop, pas de métal, pas de blues ou autres sous-genres électriques, on part pour un voyage vers l’infini avec Manuel Adnot, guitariste improvisateur avant-gardiste qui s’associe ici avec le Macadam Ensemble à l’occasion de cet album ʺAmor infinitiʺ.

Originaire de Nantes, Manuel Adnot se livre à des improvisations de guitare, que ce soit en mode acoustique ou électrique. Dans ce dernier domaine, il possède une guitare huit cordes spécialement fabriquée par le luthier Cyril Guérin. Manuel Adnot a eu l’opportunité de jouer avec des musiciens importants issus de la musique pop, jazz ou contemporaine (Me’Shell N’Degeocello, Richard Pinhas, Emile Parisien, Mike Reed, Médéric Collignon, Sylvain Darrifourcq, Luca Aquino, Gianluca Petrella). Il réalise ses premiers efforts solos sous le nom d’Ueno Park et collabore avec des illustrateurs et des dessinateurs comme Barthélémy Antoine-Loeff, Jossie Malis ou Jérôme Boulbés. C’est au Japon que Manuel Adnot trouve un terrain favorable à ses travaux musicaux, puisque quelques tournées là-bas lui ont permis de tisser des liens avec des artistes improvisateurs nippons (Tetuzi Akiyama, Shin’Ichi Isohata, Takumi Seino, Haco) et de participer au dialogue franco-japonais entre les villes jumelées de Nantes et Niigata.

Adnot se disperse aussi dans d’autres projets, comme le trio Dark Radish qui l’emmène en Chine, Taïwan, Thaïlande, Malaisie, Hong Kong, Japon. Il accompagne également le pianiste Melaine Dalibert, puis les musiciens David Chevallier et Sébastien Boisseau. Il participe aussi à la création d’Olivia Grandville avec le Ballet de Lorraine à l’Opéra de Nancy. Dans les territoires jazz, Adnot est membre du groupe Sidony Box avec Arthur Narcy et Elie Dalibert, qui signent des disques récompensés et admirés à de nombreuses reprises par la presse jazz spécialisée. Le groupe aligne 150 concerts dans les plus grands festivals français (Vienne, La Villette, Juan-les-Pins) et en Europe (Italie, Allemagne, Ecosse, République Tchèque, Slovénie, Pays-Bas). A Nantes, Manuel Adnot est à l’origine de la création du collectif 1Name4aCrew, des projets Aeris avec Louis Godart, Boris Louvet et Emerson Paris, April Fishes avec Adrien Dennefeld, Romain Dugelay et Sylvain Darrifourcq, Thinking Noise avec Fabrice L’Houtellier, Etienne Arnoux-Moreau et Emeric Chevalier.

On le voit, ce garçon a plus d’une corde à son arc et la dernière en date est une des plus originales, mais aussi une des plus difficiles d’accès. Manuel Adnot est ici associé avec le Macadam Ensemble, dirigé par le chef de chœur Etienne Ferchaud. Les prémisses intellectuelles de cette œuvre ʺAmor infinitiʺ sont à chercher dans trois phrases écrites par des auteurs divers. Manuel Adnot a récité comme des mantras ces mots de Maurice Blanchot (ʺSur la rétine de l’œil absolu, je suis la petite image renversée de toutes chosesʺ), de Yasunari Kawabata (ʺEt la Voie Lactée, dans une sorte de rugissement formidable, se coula en luiʺ) et de Christian Bobin (ʺSouveraineté du videʺ) et a traduit tout ceci en musique. Il faut bien avoir ces prémisses en tête pour aborder ces quatre morceaux qui sont de véritables défis au côté terre-à-terre de notre vie quotidienne. Quatre titres, dont un de dix minutes et deux autres dépassant les vingt minutes, dépourvus de rythmiques, entièrement atonaux et presqu’instrumentaux (si l’on considère que les chœurs quasi-grégoriens agissent comme des sources de sons plutôt que comme des parties chantées), sur lesquels Manuel Adnot place des parties de guitares éthérées, aériennes, discrètes : voilà le menu de cet album consternant de prime abord mais qui révèle toute sa profondeur quand on se place sous cet angle de l’infini. Le Macadam Ensemble et ses vocalistes finit par trouver tout son volume sur le dernier titre ʺIceland – Stay stillʺ, longue mélopée feutrée de 22 minutes où les voix montent peu à peu à partir de passages grégoriens coupés par des silences (une caractéristique forte du morceau précédent ʺSouveraineté du videʺ) pour terminer sur des saccades de petits passages chantés se répondant mutuellement. Là-dessus, Manuel Adnot arrive avec une partition de guitare plus marquée, plus aventureuse. On n’est toujours pas dans la fougue, cependant, mais une grande intensité mentale se dégage de ce dernier titre, apogée d’un album très introverti et très personnel. La mélancolie et la froidure y règnent en maîtresses mais tout cela, après une période où l’auditeur doit s’acclimater à ces atmosphères particulières, développe des sensations prenantes.

Le groupe :

Manuel Adnot (guitares)
Etienne Ferchaud (chef de chœur)
Anaïs Vintour (voix)
Hélène Richer (voix)
Marie Pouchelon (voix)
Corinne Bahuhaud) (voix
Jean-Baptiste Craipeau (voix)
Benjamin Ingrao (voix)
Louis-Pierre Patron (voix)
Jean-Manuel Candenot (voix)

L’album :

ʺWorld lightʺ (10’57)
ʺWe will meet the sunʺ (6’10)
ʺSouverainté du videʺ (23’32)
ʺIceland – Stay stillʺ (21’45)

https://www.facebook.com/manueladnotsolo/

Pays: FR
Fo Feo Productions
Sortie: 2020/01/24

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