A SHAPE – Iron Pourpre
A Shape est un groupe français dont les membres sont basés à Paris et Toulouse. Le groupe joue un noise rock inspiré par Sonic Youth, Shellac, My Bloody Valentine, Modest Mouse, Oxbow, Jesus Lizard, Enablers, Fugazi, ou les Melvins. ʺIron Poupreʺ est le deuxième album, après un ʺInlandsʺ sorti en 2017.
Voilà pour les présentations, c’est assez commun, comme la musique du groupe, d’ailleurs. Parce que quand on a écouté en détail les groupes cités dans le paragraphe précédent, qu’on connaît leur valeur créative et leur influence, la musique d’A Shape n’arrive pas comme la cerise sur un gâteau à la façon d’un groupe qui aurait assimilé ces influences pour formuler sa propre conception de la chose noise rock, mais elle se situe très loin dans le sillage des groupes historiques des années 80 et 90, ramassant quelques miettes laissées par ces monstres sacrés sans apporter rien de plus.
Jouer du noise rock comme une pâle copie de Sonic Youth dans les années 2020 (donc à 35 ans d’écart), c’est un peu comme jouer du jazz de big band en 1980 (35 ans avant 1980, on était en 1945). La ringardise éclate aux yeux pour celui qui veut vivre les courants musicaux nouveaux. Certes, le nostalgique du jazz aimera toujours ce qui se fait dans le genre à toutes les époques et c’est un peu la même chose pour le noise rock. Les amateurs de My Bloody Valentine ou The Jesus Lizard vont donc potentiellement apprécier A Shape. Mais encore faut-il que la musique d’A Shape apporte une plus-value, que personnellement je ne sens pas ici.
Sont-ce les guitares qui faufilent toujours dans le même chaos soliste ? Ou les rythmiques qui se livrent hardiment à l’anarchie des tempos, comme cela doit être dans le noise rock ? Pas vraiment. Il y a à mon avis (mais ce n’est que mon avis et je peux me tromper, c’est certainement lié à des questions de goût) deux choses qui coincent dans cet album. La première est une production assez plate qui noie tous les instruments au même niveau. Et encore, connaissant le noise rock, ça aurait pu avoir été fait à dessein. Non, le gros problème, c’est le chant. La chanteuse du groupe adopte un style agressif en permanence, se tortillant dans des circonvolutions félines se voulant envoûtantes mais qui finissent rapidement par irriter. Des poussées vers les octaves plus aigües peuvent parfois s’avérer calamiteuses (ʺCraveʺ). Les tentatives d’être menaçant tombent immanquablement comme des coups d’épée dans l’eau et le cabotinage vocal qui prend les mêmes formes sur tous les morceaux révolutionne la conception que l’on pouvait se faire de l’ennui. Pourtant, Sasha Andrès n’est pas née de la dernière pluie et elle est la figure centrale du groupe Heliogabale, un combo parisien qui tient le haut du pavé noise rock hexagonal depuis près de trente ans, avec sept albums et un EP au compteur. Dans Heliogabale, elle adopte à peu près le même style mais donne moins dans l’outrance, ce qui passe mieux. Il faut dire aussi que la production des instruments est autrement plus velue que sur cet album d’A Shape.
Il faut faire un effort inouï d’imagination (à défaut que ce soit le groupe qui le fasse) pour effacer mentalement la piste du chant et se concentrer sur les parties uniquement instrumentales pour découvrir que ce ne sont pas celles-ci qui sont la cause du malaise régnant sur cet album. Sans chant, A Shape tient la route, bien que son noise rock soit tout à fait prévisible et maintes fois entendu. C’est dommage, mais c’est comme ça. Mais encore une fois, je le répète : je ne fais que communiquer mon ressenti à l’écoute de cet album. Allez, un petit effort pour sauver un ou deux morceaux de cette panade : on peut écouter ʺLungsʺ, avec ses intéressantes interventions de saxophone, ou encore ʺRandom errorʺ, quand la chanteuse n’en fait pas trop. Mais le mieux, c’est quand même de retourner écouter les Melvins…
Le groupe :
Sasha Andrès (chant)
Anthony Serina (batterie)
Mathieu Le Gouge (basse)
Eric Pasquiet (guitare)
Quentin Rollet (saxophone, guest)
Philippe Tiphaine (guitare, guest)
L’album :
ʺBlack Mambaʺ (03:24)
ʺEchoesʺ (06:33)
ʺMorning Facesʺ (04:35)
ʺCraveʺ (06:29)
ʺHush! ʺ (02:07)
ʺLungsʺ (04:53)
ʺVertical Flexʺ (03:53)
ʺRandom Errorʺ (04:00)
ʺThirst tripʺ (05:01)
ʺTransʺ (04:21)
https://jelodanti-records.bandcamp.com/album/iron-pourpre
https://www.facebook.com/ashapemusic/
Pays: FR
Jelodanti Records
Sortie: 2020/09/11